Le cinquante-neuvième anniversaire du décès de la chahida Ziza Massika (Sakina) – tombée au champ d'honneur le 29 août 1959 dans la région de Collo – a été l'occasion mercredi pour Saïd Abadou, secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), d'effectuer un déplacement à Mérouana (Batna). En compagnie de M. Louacheni Ahmed, secrétaire général de la wilaya, qui assure l'intérim du wali de Batna en congé, et M. Benabid Messaoud, secrétaire de wilaya des moudjahdine, M.Said Abadou devait se recueillir sur les tombes des chouhada de Mérouana, la ville aux deux mille (2 000) chouhada de la Révolution. Le portrait d'une héroïne Par la suite, c'est à l'intérieur du CEM filles que le secrétaire général de l'ONM a assisté à une conférence donnée par M. Nezzer Kebaili Messaoud sur la vie et le parcours de combattante de la chahida Ziza Massika. D'après le conférencier, cette fille chaouia des Aurès des plaines qui est originaire de Markunda – lieu situé entre Taxlent et Mérouana, fief des ouled Fatma avec la localité de Cheddi – a délibérément sacrifié sa vie au service de la Révolution armée. Cette lettrée qui avait réussi à décrocher à Batna son baccalauréat (1re et 2e parties) n'avait point suivi les conseils de son entourage d'aller vivre et de poursuivre ses études en France ou de se marier pour fonder un foyer. Ziza Massika préféra plutôt rejoindre les «Fellaghas» de l'ALN dans les maquis, sur instigation, semble-t-il de Tahar Touil (Chahid) et Belkacem Ouazzani. C'est d'ailleurs avec ses copines de N'Gaous (Batna) Meriem Bouattoura et Leila Bouchaoui que Ziza Massika quitta discrétement Mérouana pour rejoindre la ville de Sétif. C'est là qu'elles furent enrôlées et s'intégrèrent dans les rangs de l'Armée de libération nationale. Ziza Massika fut gradée adjudante dans la hiérarchie militaire. Ces trois Chaouiate servirent depuis comme infirmières dans les maquis de Collo, plus précisément à Ouled Attia, douar ouled Djemâa, sous les ordres de Amar Baaziz (3e zone). Elles ont œuvrés côte à côte avec Azouz Hamrouche et Abdelkader Bouchrit, responsables de la santé dans les maquis de Collo. Quand elles furent affectées aux zones «Une» et «Deux» de l'ALN dans la région de Collo, elles furent placées sous la direction de Lamine Khène (de 1956 à 1958) puis de celle du docteur Toumi Mohamed (de 1958 à 1962) sauf que Ziza Massika tomba au Champ d'honneur en 1959 suite à un bombardement de leur cache, effectué par des avions militaires français. Certaines sources rapportent que la cache avait été repérée suite à un incendie qui se serait déclaré à l'intérieur lorsque les combattantes préparaient un plat de mahdjouba pour les maquisards. Ziza Massika n'avait que 25 ans. L'on signale que son frère Ayache, médecin, avait eu à soigner des maquisards. Un message de Abadou aux Algériens Cette commémoration a vu Saïd Abadou s'adresser à l'assistance pour délivrer un message aux Algériens en cette conjoncture internationale marquée par une crise économique du système capitaliste mondial et entraînant des velléités de retour du colonialisme occidental prédateur dans le monde arabe, en proie au démembrement, à la domination étrangère et à l'exploitation des richesses des peuples. Le secrétaire général de l'ONM, tout en rappelant les sacrifices passés consentis par le peuple algérien pour se libérer du joug colonial, a surtout insisté sur la mobilisation de la nation afin de sauvegarder la stabilité du pays et partant son indépendance et sa souveraineté. «Nous sommes tous responsables de la situation actuelle du pays et aussi de son devenir», a notamment déclaré M. Abadou. Il y a lieu, selon lui, de tirer les enseignements de 130 années d'occupation coloniale et de 50 années d'indépendance et de continuer à relever tous les défis. A cet égard, le secrétaire général de l'ONM a souhaité que des professeurs et des experts puissent établir les constats de la vie des Algériens durant l'occupation coloniale et celle d'après l'indépendance pour que les nouvelles générations puissent mesurer la différence et se convaincre que malgré les carences, les manques ou les ratages, l'Algérie reste un pays prometteur et d'avenir. D'où son appel du cœur aux Algériens : le pays a besoin de travail et de construction et aussi de vigilance, de mobilisation et d'unité pour protéger les acquis et les renforcer. «Grâce à notre armée, aux services de sécurité et au peuple, l'Algérie a réussi à mettre en échec le complot ourdi de l'extérieur par le biais du terrorisme dans le but de déstabiliser le pays d'un million et demi de martyrs», devait-il conclure.