«En fait, je pense que cette résolution est l'expression d'une plus grande convergence.» Réponse de M. Messahel, ministre chargé des Affaires maghrébines et africaines, à une question sur la lecture qu'il fait du contenu de la résolution adoptée par le Conseil de sécurité, dans un entretien accordé à PressAfrik, paru hier. Les réponses de M. Messahel aux questions essentiellement portées sur la crise malienne et l'approche politique de la position d'Alger à ce propos ainsi qu'en matière de lutte contre le terrorime et ses ramifications au Sahel ont apporté davantage d'éclairage. Pour M. Messahel «le plus important» selon ses termes dans la résolution 2071 sur le Mali «est qu'elle est en train de faire la démarcation entre ce qui peut être les groupes armées du Nord et le terrorisme» et d'indiquer que «ça été toujours la position de l'Algérie». Précisant par ailleurs que la résolution onusienne 2071 «est un bon début», selon les propos de M. Messahel. Pour ce dernier, la résolution en question «prend en charge les préoccupations fondamentales, en ce qui nous concerne, dans tous les cas, en tant qu'Algérie et en tant que pays du champ (Algérie-Mali-Mauritanie-Niger : Ndlr)», a-t-il indiqué. Il s'agit pour M. Messahel de préoccupations majeures portées dans la résolution 2071, «d'abord l'intégrité territoriale du Mali, qui est non négociable», a-t-il souligné . Quant à la seconde préoccupation inscrite dans la résolution 2071 : «Aujourd'hui la menace est identifiée à travers cette résolution, puisqu'on parle des narcotrafiquants et du terrorisme», a précisé M. Messahel qui rappelle «qui a toujours été le point de vue défendu par l'Algérie», a-t-il ajouté. «La centralité du Mali dans la recherche de toute solution à ses problèmes» est la troisième des préoccupations portées dans la résolution 2071 adoptée par le Conseil de sécurité qui fait état notamment d'un délai de 45 jours pour peaufiner le mécanisme et le plan d'une intervention militaire au Mali. S'agissant de bon nombre d'interrogations et d'incompréhensions émises ici et là quant à la position d'Alger sur la crise malienne, dans son entretien à Pressafrik, notre ministre a fait savoir que «l'Algérie ne découvre pas aujourd'hui le dossier et qu'il faut bien séparer les mouvements rebelles maliens des organisations terroristes», a souligné M. Messahel. Par ailleurs, ce dernier dira «dans le contexte actuel : l'Algérie a toujours défendu le principe du «double track» à savoir la double approche, et de rappeler que «la lutte et l'éradication du terrorisme, ce n'est pas un phénomène nouveau pour nous». Et de rebondir pour rappeler que «nous sommes un pays qui a beaucoup consenti et qui a beaucoup lutté contre le terrorisme et le crime organisé» et de souligner «mais le plus important de cette résolution est qu'elle est en train de faire la démarcation entre ce qui peut être les groupes armés du Nord et le terrorisme», selon ses propos. Alger a eu à promouvoir avec ses partenaires des pays du champ et ceux de la scène africaine et internationale une double approche visant la solution à la crise malienne, dictée par la réalité à divers niveaux du Mali, notamment. S'agissant de ce qui prévaut au Nord du Mali, M. Messahel rappelle pertinemment que «dans le nord du Mali, il y a toujours eu, depuis les années 60 jusqu'à aujourd'hui, des rébellions, de manière assez récurrentes» et de préciser que les négociations doivent être menées avec «les groupes qui se démarquent du terrorisme et du crime organisé, dans le cadre de la prise en charge de certaines revendications légitimes des populations du Nord». Propos tenus après avoir exprimé que « l'occasion est venue pour que ces groupes au nord du Mali se distinguent du terrorisme et du crime organisé» et « qu'en même temps, qu'ils s'engagent dans un processus national qui préserve l'unité nationale du Mali et qui éloigne de ces groupes toute tentation d'indépendance, ou d'alliance ou de quelconque connivence avec des groupes terroristes». Pour M. Messahel «nous souhaitons que ce groupe se démarque définitivement de tout ce qui est en relation ou connivence avec tout ce qui est terrorisme», a-t-il répondu à une question sur la possibilité de voir le groupe AnsarEddine d'Iyad Ag Ghali se démarquer des groupes terroristes». Précisant à ce propos que «nous le pensons, nous le souhaitons» tout en ajoutant que «nous pensons également que le MLNA se démarquera de toutes ses revendications indépendantistes». S'agissant de Mujao, le ministre chargé des Affaires maghrébines et africaines, précisera en affirmant que «le Mujao, c'est un groupe terroriste, c'est un groupe de narcotrafiquants» tout en rappelant que le Mujao est à l'origine d'importants dégâts dans la région. « Le Mujao est un groupe terroriste, composé de narcotrafiquants notoires et connus», a précisé M. Messahel, et partant, il a indiqué que «je pense que de ce côté-là, il n'y a pas équivoque et il faut faire la distinction». D'autant plus pour M. Messahel «on a l'impression, chez beaucoup, même nos frères au niveau du continent, le nord du Mali pense que c'est une région qui est prise en charge totalement par l'intégrisme religieux, par l'islamisme, par le trafic de drogue» et de préciser que «Non. Il y a des groupes qui tous les dix ans mènent des révoltes, je pense qu'il faut une approche globale et c'est le moment de régler définitivement les problèmes». S'agissant de sa dernière tournée dans les pays du Sahel, dont celle «particulièrement au Mal » selon l'expression de M. Mesahel, qui a fait savoir sa satisfaction «de voir qu'il y a une prise de conscience sur des problèmes essentiels pour les Maliens, à savoir la préservation de leur unité nationale, le dialogue avec ceux qui renoncent au terrorisme et au crime organisé». A cela vient s'ajouter selon M. Messahel aussi «un débat global qui impliquerait toutes les populations du Nord – les Arabes, les Songhaïs, les Peuls, les Touaregs», a-t-il précisé. Inscrivant cette démarche des maliens «dans une dynamique qu'il va falloir consolider» et de préciser «Mais il faut qu'il n'y ait plus d'équivoque sur la position de l'Algérie : le terrorisme et le crime organisé, il faut le convaincre même par la force». A la question de savoir si Alger est prête à apporter sa contribution et si l'approche militaire est privilégiée, M. Messahel rappelle le cadre dans lequel l'Algérie apporte son rôle. Il s'agit du cadre des pays du champ qui depuis ces dernières années ont pu se doter d'un comité politique, de celui de l'état-major, d'une unité de vision entre les services de renseignements et de préciser aussi que «nous sommes déjà engagés dans la lutte antiterroriste». A cela vient s'ajouter pour le ministre, un autre cadre aussi par lequel Alger assume et assure son rôle , via les «accords militaires bilatéraux avec le Mali, qui ne datent pas d'aujourd'hui», a-t-il rappelé . Il s'agit à ce propos, selon Messahel de la formation, du renforcement des capacités et du soutien logistique. En conclusion il dira «donc ce n'est pas quelque chose de nouveau pour nous, nous sommes dans un contexte, où si l'Algérie, d'ailleurs comme tous les pays du champ, est sollicitée, comme le souhaite d'ailleurs la résolution du Conseil de sécurité, nous, nous sommes pour le renforcement des capacités de l'armée malienne qui doit être elle aussi au centre dans le redéploiement de l'Etat malien à travers tout son territoire». S'agissant de la prudence à adopter quant à l'intervention militaire au Mali, M. Messahel dira « je pense qu'il faut faire la bonne analyse, voir réellement quels sont les rapports de force et surtout éviter des dérives à notre région». A la fin de cet entretien il ajoutera «le dialogue que nous avons amorcé avec les partenaires les plus importants rend les positions convergentes» et ce, « envers la stabilité du Mali, son unité nationale et surtout, pour ce pays-là, lui éviter de graves dérives», a précisé M. Meassahel en annonçant son déplacement dans quelques jours aux Etats- Unis.