A trois jours du débrayage général prévu par les avocats, un premier dialogue les a réunis hier à la tutelle afin de débattre leur plateforme de revendications et trouver des solutions aux conflits qui les opposent et qui ont mené à la décision d'une grève générale à partir de dimanche. La rencontre tenue à l'hôtel El-Aurassi à Alger et présidée par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Mohamed Charfi affiche, dès son ouverture et avant même d'entamer des discussions, «l'optimisme» que ce soit de la part du ministre ou du président de l'Union nationale des barreaux algériens et bâtonniers, Mustapha Lanouar. En effet, aucune surprise n'était attendue des négociations tenues à huis clos après une séance d'ouverture en présence des journalistes et démontrant la ferme volonté des deux parties à trouver un terrain d'entente et sortir avec des résolutions arrangeant syndicalistes et la tutelle. D'ailleurs, le ministre de la Justice a commencé son intervention par remercier les «protestataires» pour avoir accepté l'invitation au dialogue, lequel est déjà qualifié de «positif et bénéfique», a-t-il affirmé avant de reconnaître que «faire preuve d'optimisme avant d'engager les discussions n'est pas une chose habituelle. Pourtant je n'ignore pas de l'ampleur des problèmes qui seront mis sur la table», a-t-il ajouté. Et d'argumenter, l'optimisme avancé est dû pour trois raisons principales, à savoir, «les compétences humaines indéniables du barreau algérien, ma détermination personnelle à apporter une réponse rationnelle à toutes les préoccupations du barreau national et la volonté déclarée du président de la République d'œuvrer à la consécration d'un barreau libre et crédible», a affirmé M. Charfi. S'adressant au président de l'Union des barreaux, le premier responsable du secteur de la Justice a affirmé que l'organisation d'une rencontre de dialogue «était une nécessité, non seulement pour traiter les problèmes que rencontre l'exercice de la profession d'avocat dans notre pays mais aussi pour rester fidèle aux orientations de la réforme de la justice. Chacun comprendra, dès lors, pourquoi j'affirme ici la détermination du gouvernement de prendre en considération les préoccupations des représentants légitimes et légaux des avocats algériens», a souligné le ministre. Par ailleurs, le représentant des bâtonniers a exprimé sa satisfaction quant aux propos du ministre et a tenu à le remercier, à son tour. Il a, de même, nié l'existence de problèmes sérieux ou conflits entre le syndicat et la tutelle et a préféré remplacer l'expression de « différends ou problèmes» par celle de «malentendu». M. Lanouar a assuré que les avocats «ont de bonnes intentions mais ont été victimes de certaines circonstances qui ont fait grandir le malentendu et provoquer le tapage médiatique», a-t-il affirmé. Et de conclure, «Nous sommes toujours pour le dialogue». A l'heure où nous mettons sous presse, les «négociations» entre les deux parties se poursuivaient à huis clos en attendant de rendre publiques les dernières déclarations à la fin des travaux. Pour rappel, à l'issue de son assemblée générale nationale tenue le 17 novembre en cours, l'Union nationale des barreaux algériens (UNBA) a décidé d'entamer une action de protestation jusqu'à la prise en charge de ses revendications. Il s'agit, entre autres, d'un débrayage national des robes noires à partir du 2 décembre 2012, sur toutes les affaires enrôlées par les différents tribunaux à travers le territoire national, le boycott, à tous les niveaux, de l'ouverture de l'année judiciaire 2012– 2 013 et dans ce texte, il a été décidé que la réunion générale nationale de cette corporation demeure ouverte dans le temps. La prochaine réunion d'évaluation, est fixée pour le 25 janvier 2 013, pour le renouvellement d'un boycott total et ouvert au cas où «le ministère persiste dans son mutisme et ne prend pas en considération les revendications, légitimes de la défense». La même attitude n'a pas été observée lors de l'ouverture de la rencontre d'hier qui s'annonçait plutôt «optimiste» pour les uns et les autres.