L'Orchestre arabe de Barcelone (OAB) a donné un récital dimanche, à Alger, à la salle Ibn Zeydoun, dans une ambiance festive, créée par un mélange prolifique des genres et un brassage de cultures enrichissant qui a établi des passerelles de dialogue entre les deux rives de la Méditerranée. Chantant la terre, l'amour, la paix et la tolérance dans une quinzaine de titres dont le plus grand nombre est tiré de «Libertad» (Liberté), dernier album de l'OAB, les huit concertistes ont usé de modes latins et de gammes espagnoles embarquant l'assistance dans une visite guidée au cœur de l'Orient, du Maghreb et de l'Andalousie. Suscitant la réflexion et la méditation, «Ayoub», une introduction musicale d'une grande densité, a permis au public d'apprécier d'entrée, la qualité de composition et le niveau technique des musiciens qui se sont créé des espaces d'expression dans la mélancolie de leurs tourments. Dans «Nidae Filastine» (L'appel de la Palestine), «La lil'hozn» (Non à la tristesse), «Ahlem El Machriq» (Rêves d'Orient) et « El Qods», des «préoccupations fondées» face à l'éternel problème palestinien ont été soulevées dans un élan lyrique prononcé. «Notre mission est de transmettre un message d'amour, de paix et de tolérance dans le monde», a expliqué à l'APS, Mohamed Soulimane, violoniste, chef d'orchestre et fondateur de l'OAB, avant d'ajouter «Nous entretenons une prière universelle qui n'a aucune couleur et encore moins une religion». «Enti En'nour» (C'est toi la lueur), «Allahou Allah», «Taedjebni el coursa lebyout Allah» (Me plait, le voyage vers les maisons de Dieu), autres pièces du répertoire, évoquant l'errance, le destin et l'attachement au divin ont été présentées au public dans des rythmes emballés et des formes mystiques caractérisant le genre soufi. Tissant des liens étroits entre les musiques traditionnelles du Maghreb et de la Méditerranée d'une part et les influences de la world music, du jazz et des rythmes sud-américains, d'autre part, le programme de l'OAB a été conçu dans la lignée intellectuelle et la quintessence des célébrités telles que Chick Corea, Al di Meola et Joe Zawinul, ou encore «Yellowjackets» et «Steps Ahead». Les variations contenues dans le programme ont promené le public, chaleureux, dans les méandres des «Mouwachahat», les vibrations des 6/8 maghrébins pour le mysticisme soufi, les déhanchements de la salsa et les dissonances et irrégularités des rythmes composés caractérisant la musique jazz. L'influence du quart de note sur les sonorités du Qanun ou du violon et la voix mélodieuse de Mohammed Bout ont préservé l'esprit autochtone des compositions, rappelant à l'assistance l'authenticité du contenu qui s'est adjugé des formes esthétiques modernes. Gardant le meilleur pour la fin, l'ambiance Gnaoui est intervenue pour conclure en apothéose et finir de poster la lettre de l'OAB, destinée à un public conquis, qui aura accueilli ses messagers dans le respect et la convivialité. Né d'une synergie entre un groupe de musiciens qui se sont attelés à reproduire et promouvoir les répertoires traditionnels et modernes de la méditerranée, l'OAB constitue un point de ralliement de plusieurs cultures et une passerelle incontournable d'expression entre les deux rives. Les albums «Baraka», «Maktub» et «Libertad», troisième opus de la formation, sorti récemment, marquent les quelques années d'existence du groupe qui promet de poursuivre son projet dans une créativité utile, au service de la noblesse des valeurs humaines universelles. Les animations musicales qui s'étendent jusqu'au 22 juin prochain dans le cadre du Feliv, reprendront mardi prochain avec la programmation très attendue du compositeur, chanteur et oudiste tunisien Youcef Dhafer.