L'Algérie participera au festival international du film oriental du 4 au 13 avril prochain à Genève et à Lausanne. La programmation de 2014 présentera une centaine de films, tous genres confondus, en provenance des pays d'Orient et d'Occident, et mettant en valeur un cinéma de qualité bousculant les normes et enclenchant des dynamiques de transformation des mentalités. La programmation continue donc à explorer les sociétés orientales dans leur diversité et à interroger les frontières entre l'Orient et l'Occident, et ce à travers des fictions, des documentaires et des courts-métrages inédits ou peu connus en Suisse. Le FIFOG cherche également à initier des débats sur des thèmes touchant aussi bien à l'Orient qu'à l'Occident, à offrir une plate-forme d'expression pour les jeunes réalisateurs suisses et orientaux, et à favoriser le dialogue et la compréhension interculturelle. La sélection 2014 mettra en exergue «Le Corps au cinéma : objet fantasmatique et/ou espace d'expression idéologiques», comme thématique phare. Une série de films interrogera la relation des artistes au corps humain, et au corps social. Ces derniers seront classés dans les sections du FIFOG : «L'Orient dans tous ses états», «Regards de femmes», «Regards croisés : Suisse-Orient», «Migration et intégration», «Voix d'Amérique», sans oublier le «FI-FON-FAN, le festival des enfants». En outre, cinq compétitions seront organisées et un FIFOG d'or et un FIFOG d'argent seront remis à chaque compétition. Aussi, la cinématographie algérienne sera mise en exergue à travers un long métrage intitulé «L'Héroine» de Cherif Aggoune, un documentaire «Demande à ton ombre» de Lamine Ammar Khodja et un court métrage «Les pieds sur Terre» d'Amine Hattou. Pour rappel, après son baccalauréat, Cherif Aggoune a entamé entame une licence de physique à l'université d'Alger. Après l'obtention de sa licence, il part à Paris pour une maîtrise. Mais après une année d'études sans bourse, il renonce. Nous sommes au milieu des années 1970, et profitant des libertés et de l'aisance de l'époque, il alterne petits boulots et voyages en Europe. En 1978, il entame des études de cinéma à l'ESEC (Ecole supérieure d'études cinématographiques) de Paris. En 1981, il retourne à Alger et intègre la Télévision en tant que premier assistant-réalisateur. En 1990, il réalise «Taggara Lejnun» (La Fin des Djinns). Le film en question revient sur la tragédie de la décennie noire qu'a vécue l'Algérie. L'héroïne n'est autre que l'histoire d'une famille vivant dans un village isolé. Achour, alias Khaled Benaïssa, est propriétaire d'une ferme avec ses deux frères Djelloul et Mourad à Bouguerra, située à quelques kilomètres d'Alger. Achour meurt dans un accrochage entres terroristes et forces de l'ordre, mais le malheur de Houria ne fait que commencer. Quelques jours après ce terrible malheur, Djelloul se fait raquetter malgré lui par les terroristes. Las d'être dilapidé par ces sanguinaires, il décidé de monter une cabale contre ces ennemis jurés et ce, avec l'aide des villageois. Tout le village est armé jusqu'aux dents. Par une nuit hivernale, les terroristes décident d'envahir les lieux pour faire instaurer l'ordre. Les images s'entremêlent pour laisser place à des séquences montrant uniquement des bras. Point de visages humains. Une attaque des plus sanglantes est alors enregistrée. Deux femmes font l'objet d'un kidnapping. La maman et les deux frères se font tuer. Ne pouvant plus supporter cette souffrance, Houria décide de quitter son village pour aller vivre en ville, à Alger avec ses trois enfants dont un nourrisson. Elle se retrouve face à une dure réalité. Elle doit s'adapter à ce nouveau train de vie pour subvenir aux besoins de ses enfants. Le documentaire «Demande à ton ombre» monté chronologiquement se vit chronologiquement, le film se vit à la première personne. «C'est vraiment le film de quelqu'un qui ne trouve pas sa place en revenant. Je comprenais très bien le terrain et sa complexité sans jamais trouver ma place dans le jeu», raconte Ammar-Khodja. Son questionnement intime sur la place qu'il occupe dans son pays natal s'enrichit d'une interrogation sur la jeunesse algérienne d'aujourd'hui. L'humour et l'ironie du cinéaste, à la place du désespoir attendu, sont réjouissants. «Demande à ton ombre», par le sujet traité et sa forme, frappe par son originalité. L'auteur joue ainsi avec son univers personnel, ses livres, ses vinyles, ses cactus, comme pour donner autant de relief au monde mouvementé qui l'entoure. Le dernier court métrage «Les pieds sous terre» d'Amine Hattou raconte l'histoire de Nassim. Ce dernier se réveille tout les jours, en train de flotter. La gravité terrestre ne semble exercer aucune force sur lui. La vie au quotidien semble de plus en plus compliquée...