A scruter la situation sur le terrain, la scène ukrainienne est comparable à cet échiquier où se jouent la seconde manche de la guerre froide. Les Occidentaux et à leur tête les Américains ne savent plus où se situer dans ce bourbier qu'ils ont créé de toutes pièces. A vouloir trop gagner, ils sont en passe de tout perdre. Qu'en est-il sur le terrain ? Feed-back sur cette première quinzaine de mai : Tourtchinov, le «président» putschiste, mobilise «son» armée (il ne fait que ça depuis deux mois), la met en état d'alerte (elle l'est déjà en permanence), annonce la création de nouveaux bataillons (avec quel personnel ?), menace les «terroristes» (les insurgés), fustige les «traîtres» (les policiers qui refusent de tirer sur la foule), accuse Moscou d'intervenir en Ukraine (si ça pouvait être vrai), etc. etc.. Dans ce contexte, Voice of America s'inquiète : «Si la Russie prenait le contrôle total de Donetsk, il lui suffirait de deux régions de plus (Zaporojié et Kherson) pour établir la jonction terrestre avec la Crimée. Et deux autres sur la mer Noire (Nikolaïev et Odessa) pour obtenir l'accès direct à la Transnistrie...» En vue du référendum, les nouvelles autorités régionales provisoires de Donetsk ont mis en place une commission électorale chargée de régler les détails matériels : organisation, bureaux de vote, bulletins... Mais le point le plus délicat reste bien sûr la sécurité, selon l'agence RIA Novosti. Début mai, les fascistes du Pravy Sektor (synonyme de «Garde nationale») sont toujours là. Dans la nuit du 1er mai, ils lancent un raid contre un poste de contrôle des insurgés à Krasnoarmeïsk (au nord de Donetsk) et kidnappent plusieurs militants. A Donetsk, par contre, c'est le nouveau pouvoir qui arrête un terroriste de «Svoboda». La situation reste fragile, d'autant plus que la junte vient d'annoncer sa énième grande offensive dans l'est du pays. Un jour, ces tarés se lamentent de leur impuissance, le lendemain ils affirment être sur le point d'écraser la rébellion. Mais tout cela n'empêche pas la majorité pro-russe de manifester à l'occasion de la fête du travail et l'envoyé de la BBC à Donetsk constate que «pas un seul drapeau ukrainien n'est visible dans une des plus grandes villes d'Ukraine». Le lendemain, le régime de Kiev déclenche contre Slaviansk et Kramatorsk l'offensive annoncée la veille. Ses chars détruisent les points de contrôle établis autour des deux villes. Vingt hélicoptères d'attaque sont engagés dans ces combats inégaux. A Slaviansk, les insurgés parviennent à en abattre deux au lance-roquettes, tuant deux assaillants et en blessant plusieurs. Un troisième hélicoptère est endommagé, un pilote capturé. Plusieurs morts également parmi les insurgés (probablement cinq). Selon RT, des combattants parlant anglais entre eux (mercenaires étrangers ou forces spéciales de l'OTAN) participent à l'agression, de même que des hommes du Pravy Sektor. A Andreïevka, un village au sud de Slaviansk, des habitants bloquent quinze véhicules blindés de transport de troupes ; les militaires n'osent pas trop écraser ces civils désarmés. Comme toujours, la junte ne peut vraiment compter que sur les nazis et les mercenaires... (à suivre)