L'ex-magnat algérien Rafik Khalifa est poursuivi par les justices française et algérienne pour «banqueroute» et «détournements de fonds». Flamboyant dans les années 1990, le «golden boy» est le fils d'un ancien ministre algérien. Il a construit un empire dont personne ne sait d'où viennent véritablement les fonds. On le disait richissime algérien ayant fait fortune dans la pharmacie. Mais nombre d'observateurs sont restés dubitatifs. Le «magot» est jugé trop gros pour l'attribuer à la seule réussite de cet homme âgé alors d'une trentaine d'années. Et sa réussite spectaculaire avait alimenté, avant même sa chute, de folles rumeurs sur l'origine des fonds qui lui avaient permis d'édifier en quelques années un empire diversifié dans la banque, le transport aérien, le bâtiment, l'immobilier, la télévision et la location de voitures de luxe. A son apogée, le groupe Khalifa affichait un milliard de dollars comme chiffre d'affaires et une rentabilité nette de 20%. Pour se défendre face aux rumeurs mettant en cause des dignitaires et militaires algériens, Rafik Khalifa affirmait être l'unique actionnaire de son groupe. Sourcils charbonneux, yeux noirs, fine moustache et petit bouc, il était présenté comme le businessman numéro 1 en Algérie. Il était officiellement célébré pour sa réussite et donné en exemple à la jeune génération, qui émergeait d'une décennie de guerre civile. Pressé, des projets plein la tête, Khalifa sillonnait les cieux dans un jet privé baptisé Challenger et immatriculé à Dubaï. Il avait fait de la région du Golfe un terrain de chasse pour ses affaires, et de Paris l'«arrière-cour» de son empire. Il s'affichait alors avec des stars du cinéma, tels que Depardieu ou Deneuve dans des soirées jet-set. Mais le jeune homme connaît une chute brutale. Ses déboires commencent en novembre 2002, lorsque les opérations de Khalifa Bank sont gelées et la banque placée sous tutelle administrative à la suite de malversations décelées par les autorités algériennes. Rafik Khalifa se réfugie en Grande-Bretagne en 2003 lorsque l'affaire tourne au scandale impliquant Khalifa Bank et plusieurs entreprises de son groupe. Il est arrêté à Londres, en 2007, où il a vécu depuis sous la menace d'une extradition vers la France, où un procès est prévu au printemps 2014, ou vers l'Algérie. Finalement, c'est la demande algérienne qui a prévalu. Le ministre de la Justice algérien a promis un procès «équitable» dans cette affaire. Déjà condamné par contumace, en 2007 en Algérie, à la réclusion criminelle à perpétuité, Khalifa sera à nouveau dans le box des accusés. Enfin, le procès de l'ancien flamboyant homme d'affaires algérien Rafik Khalifa, poursuivi pour banqueroute et détournements de fonds, s'ouvre demain à Nanterre, en banlieue de Paris, en l'absence du principal intéressé emprisonné en Algérie. Paris a demandé à l'«emprunter» le temps du procès, mais le gouvernement algérien n'a pas donné suite à cette demande. Il sera donc jugé en son absence devant le tribunal correctionnel de Nanterre. Dix autres personnes sont poursuivies, dont son ex-femme Nadia Amirouchen, un notaire, des anciens représentants de l'entreprise en France ainsi qu'un constructeur et équipementier aéronautique. «On aimerait que ce procès donne les clés pour comprendre l'ascension fulgurante de M. Khalifa» qui a bâti en très peu de temps, à la fin des années 90, un empire présent dans les secteurs aérien, bancaire et pharmaceutique, mais aussi les médias et les transports, relève une source judiciaire. «Mais les débats risquent d'être décevants en l'absence du principal prévenu. Lui seul a les réponses», ajoute-t-elle.