Le feuilleton judiciaire de l'ex-golden boy algérien n'en finit plus. Si en Algérie c'est la question de l'extradition de Rafik Khalifa repoussée à chaque fois qui tient tout le monde en haleine, en France, ce sont d'autres ennuis qui se profilent pour l'ex-patron de l'empire Khalifa. En effet, Rafik Khalifa, détenu en Grande-Bretagne, a été renvoyé le 3 mars devant le tribunal de Nanterre pour banqueroute et détournements de fonds mais le parquet, en désaccord avec la juge d'instruction, a fait appel de cette décision. L'appel du parquet de Nanterre en date du 10 mars repousse le dossier devant la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Versailles qui devra trancher. Aucune date d'audience n'a été fixée pour l'instant. L'instruction, ouverte au tribunal de Nanterre en novembre 2003 (bien novembre), porte sur des malversations qui auraient accompagné la déconfiture de sociétés du groupe Khalifa en France (Khalifa Airways, Khalifa Rent a car). Selon une source judiciaire, la juge d'instruction, Françoise Méry-Dujardin, reproche à M. Khalifa des délits de banqueroute par "dissimulation ou détournement d'actifs". Il s'agit notamment de la vente ou de la cession dans des conditions douteuses de plusieurs véhicules de luxe appartenant aux sociétés Khalifa, mais aussi d'un ensemble de villas à Cannes, achetées par Khalifa Airways en juillet 2002 pour environ 37 millions d'euros et revendues à moitié prix l'année suivante. Au total, 11 personnes ont été renvoyées devant le tribunal, dont l'ex-épouse de M. Khalifa, Nadia Amirouchen et des représentants des sociétés Khalifa en France. La société Socata, filiale d'EADS spécialisée dans les avions légers, et un de ses anciens P-DG, Philippe Debrun, ont également été renvoyés pour "complicité de banqueroute", après la vente à la société Khalifa Airways d'appareils finalement immatriculés auprès d'une autre filiale, Khalifa Jet Corp. La juge, a, en revanche, prononcé un non-lieu sur les soupçons de blanchiment. Actuellement, Rafik Khalifa est détenu en Grande-Bretagne où il avait été arrêté le 27 mars 2007 sur la base d'un mandat d'arrêt européen. Il a déjà été condamné en mars 2007, par contumace en Algérie, à la réclusion criminelle à perpétuité, dans le procès sur la faillite de la Khalifa Bank. La justice britannique a autorisé, en juin 2009, l'extradition vers l'Algérie de l'ancien homme d'affaires mais il appartient désormais au ministre britannique de l'Intérieur de valider la décision. Néanmoins, le ministre britannique de l'Intérieur, Alan Johnson, a demandé un délai supplémentaire, jusqu'au 31 mars, pour rendre sa décision concernant l'extradition de l'ex-magnat algérien Rafik Khalifa. Si la justice britannique donne son feu vert pour l'extradition de Rafik Khalifa, sa défense aura 10 jours pour interjeter l'appel. L'appel devra être examiné dans les 40 jours qui suivent son annonce. Les procédures d'expulsion sont complexes en Grande-Bretagne, mais une nouvelle loi avait été votée en 2003 pour accélérer justement les expulsions. Pour ce qui est de l'Algérie, le dossier Khalifa restera ouvert quelle que soit la position de la Grande-Bretagne à l'égard de la demande de l'Algérie pour l'extradition de Abdelmoumen Khalifa, principal accusé dans l'affaire Khalifa-Bank. La France a également déposé une demande d'extradition auprès de Londres mais son examen a été gelé, dans l'attente d'une décision définitive de la demande algérienne, qui prévaut à celle de Paris.