Les consultations entamées par Ahmed Ouyahia avec les représentants des partis et de diverses organisations ainsi que plusieurs personnalités se poursuivent. Ainsi,M. Ouyahia a reçu le président duMEN, Ali Boukhezna, le sénateur Ghouma IbrahimBen Ghouma et Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'Homme (CNCPPDH). Ali Boukhezna a plaidé pour un mandat présidentiel de sept années renouvelables une seule fois afin d'offrir le temps au nouveau président de la République d'évaluer ce qui était fait lors du précédent mandat et de combler les lacunes, a-t-il expliqué. Il a ajouté avoir remis à M. Ouyahia un document contenant une série de propositions, tout en exprimant sa satisfaction quant au projet de texte. Le sénateur du tiers présidentiel et personnalité de la wilaya d'Illizi, El-Hadj Ghouma Ibrahim Ben Ghouma, a, quant à lui, fait savoir qu'il a proposé la consolidation de la réconciliation et de l'unité nationales. Il a invité, à cette occasion, les forces politiques, les représentants de la société civile et les personnalités nationales à apporter leur contribution dans ces consultations, en espérant qu'elles seront couronnées de succès et répondront aux aspirations de tous les Algériens. Hier, M. Ouyahia a reçu Farouk Ksentini. Dans une déclaration à la presse à l'issue de sa rencontre avec le directeur de cabinet à la présidence de la République, Me Ksentini, a indiqué que l'indépendance de la justice représente «la condition sine qua non» pour l'instauration d'une réelle démocratie et l'édification de l'Etat de droit. Me Ksentini a précisé avoir axé ses propositions sur l'indépendance de la justice et des magistrats dans l'accomplissement de leur mission. Pour lui, cet aspect revêt «une importance extrême» pour éviter une «démocratie de façade». Par ailleurs, Me Ksentini a indiqué que la rencontre était aussi une occasion pour évoquer d'autres questions dont la nature du régime, les libertés individuelles et collectives et la liberté de la presse. Enfin, il a mis en avant l'importance de ses consultations sur la révision de la Constitution. D'autre part, nous avons appris que Taleb Ibrahimi aurait décliné l'invitation de M. Ouyahia. Cela n'est pas une surprise en raison du rejet du dossier d'agrément par le ministère de l'Intérieur du parti qu'il voulait créer. Le rejet a été argumenté par la présence de plusieurs militants de l'ex-parti dissous dans la composante du nouveau mouvement Wafa que M. Brahimi a présenté. C'est le cas également d'Abdelkader Boukhemkham, ancien membre dirigeant de l'ex-FIS, qui a décidé de boycotter les consultations menées par Ahmed Ouyahia autour de la révision constitutionnelle. «J'étais étonné de voir que cette invitation m'a été adressée en tant que personnalité nationale seulement et non en tant que dirigeant fondateur du Front islamique du Salut», écrit-il dans un communiqué. «Et cette invitation intervient alors que je suis arbitrairement interdit d'exercer mes droits politiques et civiques. Et que je suis sous contrôle judiciaire en raison d'une manifestation non autorisée en soutien avec les islamistes palestiniens du Hamas», a-t-il ajouté. Ce dernier n'a pas manqué également de déclarer que le pouvoir en Algérie souffre de légitimité. Selon M. Boukhemkham, le même pouvoir s'est encore délégitimé en procédant à l'arrêt du processus électoral de janvier 1992, le qualifiant de «coup d'Etat». Pourtant, ce dernier savait très bien que lui et ces acolytes islamistes ont tenté un «coup d'Etat», déjoué à la dernière minute par les forces vives du pays. A l'époque, le parti dissous qui a remporté les élections législatives a saisi cette occasion pour remplacer l'Etat républicain par un Etat théocratique, (douala islamiya). Selon M. Boukhemkham, il ne faudrait pas s'attendre à des résultats concrets des consultations entamées par la présidence de la République.