Qui de nous, aujourd'hui, ne se souvient de la pièce théâtrale «El-Mahgour», l'émission «Kissat Kass» ou «El-Hadika Es-Sahira» ? Feu Chérif Mourah y a contribué longtemps, toujours avec sa remarquable touche professionnelle ...Travailler avec lui, c'était partager une expérience humaine : il écoutait, respectait, partageait son enthousiasme. Il apportait et transmettait sa connaissance cinématographique voire sa culture en général. Il y a trois années jour pour jour nous quittait à jamais le cinéaste et réalisateur Chérif Mourah à l'âge de 65 ans, suite à un arrêt cardiaque en cette fatidique nuit du mercredi 7 mars 2012 chez lui à Aïn Benian (La Madrague). Il a été enterré le lendemain au cimetière de sa localité où une foule nombreuse est venue l'accompagner à sa dernière demeure. Le réalisateur Mourah Cherif était photographe professionnel, il avait rejoint la Radio télévision algérienne (ex RTA) dès l'indépendance pour s'initier au métier de cameraman. Il intègre par la suite la grande école de réalisateurs de Moscou (Russie), en compagnie du metteur en scène théâtre feu Abdelmalek Bouguermouh. Quelques années plus tard, il s'installe à Paris pour une longue formation à l'Institut national d'audiovisuel (INA). Il a, pendant plus de trente ans, apporté son savoir-faire à la télévision pour laquelle il a réalisé bons nombres d'émissions, notamment «Kissat Kess» (histoire de censure) ou son reportage édifiant sur les filles célibataires en Algérie. Il a participé à la réussite des programmes pour enfants en réalisant avec Sadek El Kebir, «Khanfous ou Khanfoussa», sans oublier la touche qu'il a apportée à l'ensemble de la tournée nationale d' « El-Hadika Es-Sahira » avec feu «H'didouane» qui a marqué toute une génération. Le défunt a contribué à l'essor du 4e art algérien, en réalisant pour le Théâtre régional de Constantine (TRC) « El Moudja » et « Hada idjib hada », et pour le Théâtre national d'Alger (TNA) « El Mahgour ». En 1982, il participe à la série « La clé Epileptique » avec sept moyen-métrages. Chérif Mourah avait participé avec son film sur le Diwan de Mascara à l'événement « Année de l'année de l'Algérie en France » (2003). Son dernier film signé à l'Entreprise nationale de production audiovisuelle l'ENPA) s'intitule le « Phare » avec lequel il a participé au festival du film moyen-métrages de Bruxelles (Belgique). Le regretté Cherif Mourah avait pour rappel été l'un des formateurs les plus respectés de la Télévision nationale où il a transmis son savoir et sa technicité de cameraman reconnu dans le milieu à de nombreux cadreurs. Témoignages de ses amis et collègues Safy Boutella (Musicien- compositeur) : « J'ai été très touché lorsque j'ai appris la disparition de Cherif dont j'ai toujours gardé le souvenir intact d'un homme intègre, juste et généreux. En tant que cinéaste, nous avons eu à collaborer ensemble sur l'un de ses films dans la série « La clé épileptique » pour la télévision en 1982 pour lequel j'ai composé la musique. Un homme d'une grande valeur et d'une profonde humanité. Je salue sa mémoire.» Bachir Derrais (Réalisateur) : «Le Réalisateur Chérif Mourah était un vrai pro de la vieille école, formé dans la meilleure école soviétique, un bon réalisateur de télévision et de documentaires. Jeunes que nous étions, nous avons beaucoup appris avec lui : la perfection, la discipline et la ponctualité. Il était également un bon pédagogue et très patient avec les débutants que nous étions. Qu'il repose en paix !» Cherif Aggoune (réalisateur) : «Je ne garde que de bons souvenirs de Cherif Mourah. J'ai passé de superbes soirées avec lui. Il aimait la vie. Quand il sortait, il emmenait toute sa smala. Donc j'ai connu ses enfants très petits. Il nous manque terriblement...» Belkacem Hadjadj (réalisateur) : «Je garde de Chérif Mourah l'image d'un collègue et ami généreux, bout-en-train, disponible. A nos débuts professionnels, pendant longtemps, sa maison aura été pour moi et d'autres amis réalisateurs (Rachid Benhadj, Madani Meraabi, feu Mustapha Lamri, Mohamed Chérif Bega et d'autres) notre lieu de fréquentes rencontres et de soirées prévues ou improvisées; toujours choyés et bien accueillis par lui et son épouse Rachida. Des moments utiles et agréables au cours desquels nous donnions libre cours à nos discussions, nos réflexions, nos rêves et nos délires sur le cinéma et la télévision. On y discutait nos projets en herbe comme on échangeait nos critiques autour de nos travaux pour la télévision à laquelle on était rattachés à l'époque. C'est cette image de Chérif Mourah qui s'anime dans ma mémoire à son évocation. »