,Liquidation ou opération sécuritaire? Le moins que l'on puisse dire c'est que l'affaire est suspicieuse surtout qu'elle a eu lieu mercredi matin et que ce n'est qu'aujourd'hui que les médias égyptiens en parlent. En effet, les forces de police égyptiennes ont tué neuf cadres des «Frères musulmans», des avocats qui s'étaient réunis dans un appartement du quartier «6 octobre» , dont l'avocat Nasser Al-Hafi, un ancien membre de l'Assemblée du peuple dissoute par une décision en 2012. Les médias égyptiens ont rapporté deux versions totalement opposées de ce qui s'est passé le mercredi matin, soit quelques jours après l'assassinat du procureur général égyptien. Selon la version officielle, «le chef Abdel Fattah Mohamed Ibrahim alhareb présidait une réunion avec les dirigeants des comités des Frères musulmans afin de planifier un certain nombre d'actes de sabotage en conjonction avec l'anniversaire du 30 juin». «La réunion a été interrompue sur ordre du procureur général de l'Etat, et à l'approche des forces de police de l'appartement, les participants à la réunion ont commencé à tirer sur les forces de police les contraignant à riposter, ce qui a causé la mort de neuf avocats». Le ministère de l'Intérieur a déclaré dans un communiqué que «les forces sécuritaires ont trouvé dans l'appartement des fusils automatiques et des munitions de balles, en plus d'un certain nombre de documents dont l'un avait pour titre «le combat décisif», et dans lequel figurait un plan intitulé « le jour décisif» comprenant des recommandations adressés aux cadres de la Fraternité, les appelant à être patients et déterminés dans la poursuite du djihad et d'exécuter plus d'actes hostiles contre l'armée, la police, l'appareil judiciaire et les médias.» Cette version a été rejetée en bloc par les Frères musulmans sur la page Facebook du «Parti pour la liberté et la justice», selon laquelle «les dirigeants avaient organisé une réunion dans le but d'aider les orphelins des martyrs et ils étaient non-armés ... et donc le fait de parler d'affrontements avec les forces de la police est pur mensonge». Suite à cette déclaration des Frères, ces derniers ont publié un communiqué dans lequel ils dénoncent la politique de Sissi, soulignant que «Abdel Fattah al-Sissi instaure une nouvelle phase où la colère des secteurs opprimés ne pourra pas être contenue sachant que le peuple n'acceptera jamais de se faire assassiner chez soi». Le texte souligne : «les Frères confirment que les martyrs assassinés par des bandes criminelles ont été mis en garde à vue à l'intérieur de l'appartement pour être ensuite tués de sang-froid, sans faire d'enquête ou sans chef d'accusation, réduisant l'Egypte à un Etat hors-la-loi». Concernant les attaques takfiristes au Sinai, les Frères musulmans ont exprimé leur «refus de la violence et des tueries dans le Sinaï et autres régions», mais ils ont accusé Sissi d'être «responsable des conséquences de ces crimes». Rappelons que le groupe takfiriste-wahhabite de l' Etat islamique (EI) a lancé mercredi une série d'attaques sans précédent contre l'armée dans le Sinaï en Egypte, provoquant la mort de plus de 70 soldats selon un dernier bilan suite à de violents affrontements qui ont duré huit heures selon des médias égyptiens et libanais. L'armée a fait état de 17 soldats tués et de 100 djihadistes abattus, sans qu'il soit possible dans l'immédiat d'expliquer l‘écart entre les bilans.