L'Egypte de Abdel Fattah al-Sissi est confronté à une situation sécuritaire difficile. Depuis que l'armée a destitué le président Mohamed Morsi, en juillet 2013, le pays le plus peuplé du monde arabe cherche une stabilité qu'il ne retrouve pas. Hier au moins 36 soldats et civils ont été tués dans des attentats et des affrontements dans le Sinaï dans l'est de l'Egypte. Les djihadistes ont perpétré des attaques contre plusieurs barrages militaires qui ont été suivies d'affrontements avec l'armée et la police dans le nord du Sinaï. Une quarantaine de terroristes auraient été tués dans les combats. Il s'agit de l'un des plus lourds bilans infligés à l'armée dans cette région de l'est de l'Egypte, où elle est régulièrement la cible d'attaques. L'une des attaques a été menée avec une voiture piégée contre un check-point de l'armée dans la région d'Al-Arich. Quatre autres attaques ont été lancées simultanément contre quatre postes de contrôle routier de l'armée dans le secteur. Les assaillants ont attaqué les postes de contrôle à l'aide d'obus de mortier et de roquettes RPG. Le bilan des victimes pourrait évoluer. Le Nord-Sinaï est connu comme étant le bastion du groupe dénommé Ansar Beït al-Maqdess, rebaptisé Province du Sinaï, pour marquer son allégeance au groupe Daech. Les attaques surviennent au surlendemain de l'assassinat spectaculaire du procureur général d'Egypte dans un attentat à la bombe contre son convoi au Caire. Il s'agit du plus haut représentant de l'Etat tué depuis le début de la vague d'attentats en 2013. Le groupe Ansar Beït al-Maqdess avait appelé, il y a un mois, ses partisans à s'attaquer aux juges en riposte à la pendaison de six hommes reconnus coupables d'avoir mené des attaques au nom du groupe. Le 12 avril, 14 personnes, en majorité des soldats et policiers, ont été tués dans deux attaques revendiquées par Ansar Beït al-Maqdess dans le Nord-Sinaï. Et le 2 avril, une attaque a coûté la vie à 15 soldats et deux civils, outre les 15 assaillants. Ansar Beït Al-Maqdess et d'autres groupes extrémistes dans la péninsule disent agir en représailles à la sanglante répression contre les Frères musulmans qui a fait plus de 1 400 morts. Une vaste campagne militaire a été lancée contre les groupes extrémistes dans le Sinaï il y a près de deux ans, sans réussir à mettre fin aux attentats. Selon les autorités égyptiennes, des centaines de policiers et soldats ont été tués depuis 2013. Après l'assassinat du procureur, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a promis une législation plus dure pour «lutter contre le terrorisme». Ces nouvelles attaques dans le Sinaï sont un nouveau coup à Sissi, dont les forces de sécurité mènent une répression implacable contre les Frères musulmans, mais aussi contre d'autres tendances politiques du pays. La confrérie des Frères musulmans a été classée organisation «terroriste» en Egypte et est accusée d'être derrière les attentats meurtriers de ces derniers mois ciblant les forces de sécurité. Ce que les Frères musulmans ont toujours démenti. M. B./Agences