Le Salon international du livre d'Alger, qui s'est imposé au fil des années comme un rendez-vous littéraire de première importance, accueillera pour sa 20e édition, près d'un millier d'exposants d'une cinquantaine de pays, avec en marge de l'exposition des débats centrés sur les professionnels du livre, dans un contexte de contraintes économiques et de restrictions budgétaires. Le salon, qui correspond à la rentrée littéraire en Algérie, se déroulera au Palais des expositions des Pins maritimes (Safex) et ouvrira ses portes au public jeudi alors que l'inauguration officielle aura lieu aujourd'hui. Les programmes de conférences de précédentes éditions n'ayant pas réussi à attirer le grand public, les organisateurs ont préféré se tourner cette fois vers les professionnels du livre avec notamment un cycle de rencontres sur l'édition de la littérature d'expression Tamazight, la critique littéraire ou encore la relation entre le secteur du livre et l'école. Invité d'honneur de cette édition la France proposera au public, en plus d'un grand nombre d'éditeurs habitués du Sila, l'«Espace France» qu'animera l'Institut culturel français d'Alger en soutien à la littérature française et francophone à travers des rencontres thématiques, des séances de dédicaces, des expositions, des cours de langue et des concours d'écriture. Le programme comprend en outre des journées réservées aux professionnels de l'édition algériens et français, organisées conjointement par le Centre national du livre (CNL) et le Bureau international de l'édition française (BIEF). L'attribution du premier Prix du roman «Assia Djebar» institué par L'Enag (Entreprise nationale des arts graphiques) et L'Anep (Agence nationale de l'édition et de la publicité), après la disparition, en février dernier de la romancière et académicienne algérienne, doit marquer aussi ce rendez-vous. L'histoire de l'Algérie ne sera pas en reste avec des rencontres-débats prévues le 1er novembre, date-symbole du déclenchement de la lutte armée de libération nationale. Les conférences doivent être animées par une vingtaine d'historiens et journalistes algériens, français et allemands. Autre nouveauté, le 20e Sila doit abriter pour la première fois de son histoire les 7èmes rencontres euro-maghrébines des écrivains organisées par la délégation de l'Union européenne en Algérie. Le roman policier est le thème retenu cette année. Du côté des exposants, qui restent pour le public la principale attraction du salon, le commissaire du Sila, Hamidou Messaoudi, a annoncé la participation de 620 éditeurs étrangers et de 290 exposants nationaux. Près d'un million et demi d'entrées ont été enregistrés lors de l'édition précédente, selon M. Messaoudi de 1.45 million de visiteurs lors du 19e Sila. Rationalisation des dépenses et rentabilité Depuis l'édition 2012, le Sila est doté d'une administration permanente chargé des préparatifs du salon dans l'intervalle entre deux éditions, tandis que les professionnels du livre et de nombreux initiés ont évoqué la nécessité d'appliquer au salon les impératifs économiques de l'autonomie financière et de la rentabilité. En mettant en place des «mécanismes de collaboration» entre l'administration du Sila et la Safex, le Salon devrait arriver à générer des fonds «considérables» provenant des bénéfices tirés des ventes directes des livres et la location d'espaces d'exposition. Certains connaisseurs n'ont pas manqué, quant à eux, de suggérer l'implication d'opérateurs économiques dans toute initiative de soutien au salon du livre en tant qu'exposition spécifique participant grandement à l'épanouissement culturel et intellectuel de larges franges de la population. Malgré une restriction budgétaire estimée à 50 % par rapport à l'édition précédente et totalisant 91 millions de DA seulement, sur décision du ministère de la Culture dans le cadre des mesures nationales de rationalisation des dépenses publiques, le salon devrait se dérouler dans des conditions d'organisation correctes, estiment par ailleurs les organisateurs. En attendant, pensent les initiés, la mise en place de mécanismes de financement, voire d'autofinancement, reste difficile en l'absence d'un service habilité à «gérer» et à «communiquer» sur le volet commercial de l'événement. C'est ainsi que le volume des ventes effectuées pendant chaque édition et les bénéfices engendrées par la location des stands auprès de la Safex restent inconnus, souligne-t-on. Le budget étant en majorité réservé à l'organisation des rencontres et conférences et au travail de communication, les fonds générés par les ventes et les locations devraient assurer au salon une certaine «autonomie», insistent des observateurs. Ouvert au public du 29 octobre au 7 novembre de 10h00 à 19h30, le 20e Salon international du livre d'Alger doit être inauguré officiellement aujourd'hui, par le Premier ministre Abdelmalek Sellal.