Qui domine Alep domine le cours de la guerre en Syrie. Forts de ce credo, partisans et adversaires du président Bachar Al-Assad se livrent à des combats acharnés aux abords de l'ancienne capitale économique, divisée en deux depuis 2012. Chaque camp tient la chronique quotidienne des gains qu'il réalise au sud ou à l'ouest de la ville, où se concentrent les affrontements. Mais la bataille décisive n'a pas encore commencé, malgré les roulements de tambour des uns et des autres. Du côté des forces prorégime, le triomphalisme affiché fin juillet, après l'encerclement des quartiers orientaux de la ville tenus par l'opposition, a cédé le pas à plus de retenue. A cette date, le sort d'Alep semble alors sur le point de vaciller. Le pouvoir de Damas et son puissant allié russe paraissent déterminés à lancer l'assaut sur les faubourgs est, qu'ils pilonnent déjà. Ils somment les civils de partir. Pour les partisans du régime, la chute du bastion insurgé est une question de semaines. Tout change, quelques jours plus tard : le 6 août, les combattants anti-Assad parviennent à ouvrir un corridor, depuis la zone de Ramoussah, au sud d'Alep, vers les faubourgs rebelles. Cette attaque, minutieusement préparée, porte en grande partie la marque du Front Fatah Al-Cham – l'ancien Front Al-Nosra qui a annoncé se distancer d'Al-Qaida –, l'un des piliers de la coalition insurgée islamiste Jaïch Al-Fatah (« l'Armée de la conquête ») à l'œuvre au sud d'Alep. Un revers pour les forces pro-Assad.