Cette contribution, est la synthèse d'un rapport remis au Premier ministre, le 15 janvier 2013, réalisé gratuitement, portant sur les démarches économiques que l'Algérie devrait adopter face aux mutations mondiales et la baisse du cours des hydrocarbures. Que de pertes de temps et d'argent. Ci-joint une note de synthèse parue le 15 janvier 2014 sans aucune modification. «Au moment ou avec la chute du cours des hydrocarbures, posant la problématique de la sécurité nationale, l'Algérie risque de connaitre d'importantes tensions budgétaires, nécessitant un Front social interne solide, tenant compte des différentes sensibilités sociales grâce à un dialogue productif au profit exclusif de l'Algérie et une réorientation urgente de la politique socio-économique afin d'éviter le drame des impacts des année 1986, j'ai jugé utile de mettre à la disposition du large public l'audit réalisé sous ma direction assisté de 20 experts internationaux (économistes- sociologues-juristes- ingénieurs) et remis au Premier Ministre le 15 janvier 2013 ( six volumes 900 pages) que certains soi- disant experts qui ont induit en erreur l'opinion publique ont maintenant un autre discours mais n'étant pas crédibles (1). Cet audit réalisé avant la baisse du cours des hydrocarbures de juin 2014 au niveau mondial mais avec des prémisses dues à la chute en volume physique des exportations de SONATRACH depuis fin 2007, est d'une actualité brûlante. J'ai jugé utile de détailler le volume VI sur les neuf leçons à tirer pour relancer l'appareil productif. Le contenu de cette brève synthèse n'a subi aucune modification. Au lecteur de juger, ayant insisté fortement en préface que la bataille de la relance économique future de l'Algérie et notre place dans la compétition mondiale se remportera grâce à la bonne gouvernance et notre capacité à innover. Je résume cet audit en DIX axes directeurs partant du constat et des recommandations concrètes loin de toute abstraction théorique. Les louanges en contrepartie d'une rente sont contreproductives. Face aux tensions géostratégiques, des stratégies d'adaptation étant nécessaires tant au niveau extérieur qu'intérieur, espérons avoir fait œuvre utile pour le devenir de l'Algérie pour un devenir meilleur. 1.- La politique socio-économique depuis l'indépendance politique rentrant dans le cadre du programme de Tripoli a été menée exclusivement par l'Etat avec plusieurs variantes : constat et recommandations. De 1965 à 1979 avec une orientation exclusive vers l'investissement productif, celle-ci s'est effectuée autour de l'Etat omniprésent sur l'ensemble du cycle: planification, financement, réalisation de l'investissement et production. De 1980 à 1990 la politique a été orientée essentiellement vers les infrastructures BTPH et les activités commerciales. De.1991 à 2000 du fait de la situation particulière qu'a connu l'Algérie avec l'avènement du terrorisme et la cessation de paiement on ne peut à proprement parler de politique de développement mais avec la cessation de paiement des ajustements macro-économiques et macro sociaux extrêmement douloureux du fait des exigences du FMI. De 2000 à 2014 du fait que la demande sociale a été compressée et des destructions massives entre 1990-2000, une politique orientée essentiellement vers les infrastructures. 2.- Paradoxalement, les paramètres macro-économiques de l'Algérie apparaissent comme positifs mais éphémère sans réformes structurelles : constat et recommandations. Les tendances relatives aux grands agrégats révèlent une macro-économie sous contrôle relatif fonction des aléas de la rente des hydrocarbures qui représente 97/98% des exportations totales. La dette est maîtrisée grâce au remboursement par anticipation, moins de 4 milliards de dollars US. La balance commerciale a fortement bénéficié de la remontée des cours des hydrocarbures. Cependant depuis 2010, les importations suivent une tendance haussière, l'Algérie important 70% des besoins des ménages et des entreprises qu'elles soient publiques ou privées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15%avec un dépérissement du tissu industriel moins de 5% du produit intérieur brut -L'inflation qui a connu un niveau record en 2012 ( 8,9% selon les statistiques officielles) est relativement maîtrisée depuis fin 2013 mais compressée artificiellement par les subventions généralisées, non ciblées (25 milliards de dollars 2013/2014), en comptant les transferts sociaux(60 milliards de dollars soit 28% du PIB) et en encore qu'il faille éclater l'indice de l'ONS, et analyser les liens entre la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales, celui percevant 20.000 dinars par mois net n'ayant pas la même perception de l'inflation que celui qui perçoit 200 000 dinars. Le budget est équilibré de par la stabilisation des dépenses de l'Etat (même si elles restent à une proportion élevée du PIB) et grâce à l'appoint de la fiscalité pétrolière, encore que le budget prévisionnel de 2014 contenu dans la loi de finances préfigure des tensions budgétaires à venir en cas d'une chute du cours des hydrocarbures. Les banques notamment publiques qui concentrent plus de 85% des crédits octroyés se cantonnent en guichets administratif accompagnant peu les investisseurs et les taux d'intérêt aux entreprises restent encore élevés des taux d'intérêts bonifiés à certains segments ce qui ce qui reflète en partie la faible efficacité du système bancaire croulant sous le poids de surliquidités qu'elles n'arrivent pas à transformer en richesses réelles. Les banques publiques sont malades de leurs clients notamment les entreprises publiques (assainissement de plus de 60 milliards de dollars entre 1971/2013) 70% étant revenues à la casse e départ montrant que le blocage est d'ordre systémique. L'apurement des créances détenues par les cinq banques sur les entreprises publiques s'est traduit par des décaissements importants du Trésor. L'Algérie tente difficilement sa transition d'une économie publique vers une économie de marché à finalité sociale : constat et recommandations. Le pays a opté au début de son indépendance pour une économie étatisée. Elle s ‘est ouverte à l'économie de marché à partir de la crise de 1986. Toutefois, l'économie algérienne reste encore une économie essentiellement publique. L'héritage socialiste est fortement présent dans la philosophie et les pratiques de la vie économique et sociale et dans celui de la pérennité de l'entreprise publique. L'industrie publique est largement obsolète et concentre des pertes totales malgré des assainissements répétés nécessitant sa restructuration et sa modernisation. Les ressources du pays sont significatives mais basées sur des rentes qui contribuent à anesthésier les volontés de changement. En dépit de certaines réformes timides –paradoxe plus le cours des hydrocarbures est faible plus on ressent le besoin de réformes, et ralentit lorsque le cours est élevé. La pression démographique rend l'Algérie de plus en plus dépendante des importations qui n'a pas jeté les bases d'un appareil productif capable d'affronter la concurrence internationale. Les différents revenus des rentes ne proviennent pas d'un véritable effort productif des intéressés et conduisent quasi inéluctablement à une mauvaise gestion macro-économique. L'absence de mise en place d'un appareil productif augmente chaque jour davantage les difficultés que rencontrera le pays lorsque la rente tendra vers l'épuisement. Actuellement, les considérations politiques à court terme l'emportent sur les perspectives à long terme. Tant que la majorité de l'électorat tirera ses revenus des emplois dans la fonction publique, qu'elle pourra bénéficier de services sociaux peu coûteux, les réformes fondamentales n'auront guère de chances de progresser de par l'opposition tant du grand public que de la technostructure censée mettre en œuvre ces changements. Le salaire au sein des branches est déconnecté de la productivité du travail avec la dominance des emplois rentes et des fonctionnaires et les branches qui exportent le plus ne sont pas forcément les plus ouverte et l'industrie manufacturière même embryonnaire est très tournée vers son marché intérieur. Les investissements directs étrangers hors hydrocarbures et dans les secteurs productifs sont très faibles, les étrangers étant attirés par les marchés publics du BTPH. L'agriculture constitue un réservoir important de main d'œuvre et peut servir en cas de chute du cours des hydrocarbures comme d'amortisseur social tout en diminuant la facture alimentaire assurant l'autonomie alimentaire mais la céréaliculture connait des rendements faibles qui souffrent des difficultés générales de l'économie. Le système bancaire doit faire l'objet d'une profonde restructuration à la suite de l'accumulation de créances douteuses auprès des banques publiques. D'une manière générale, les entreprises privées sont présentes surtout dans le secteur des services avec prédominance du commerce de détail, dans les petites entreprises de BTPH et du secteur manufacturier traditionnel. Excepté les hydrocarbures, de certains segments des télécommunications, de quelques sociétés mixtes, le secteur étranger productif est marginal. Paradoxalement, l'Algérie fait alors massivement appel à l'assistance technique et aux firmes étrangères en même temps qu'elle les encadre dans le cadre de la règle des 49/51% instauré par la loi de fiances 2009, généralisée aux banques en 2010. 4.- Impacts de l'actuelle politique : les résultats de cette politique sont désormais nettement perceptibles sur plusieurs aspects stratégiques de l'économie algérienne. Il ne faut pas avoir une vision de sinistrose. Des réalisations mais des insuffisances qu'il s'agit impérativement de corriger: constat et recommandations. Le comportement actuel est de type « semi-rentier » et ne recherche pas la réforme en profondeur de l'économie. La rente pétrolière génère plusieurs effets pervers de l'économie à son seul profit, ce qui renforce encore davantage la monoculture énergétique du pays. La surévaluation de la monnaie (de facto indexée sur le dollar). La facilité d'importation des biens alimentaires et des produits manufacturés rendus artificiellement moins coûteux. La diffusion du ‘'syndrome hollandais'' dans l'industrie nationale drainée de ses ressources au profit des hydrocarbures avec l'utilisation de la manne pétrolière pour éviter la vraie restructuration des entreprises qui reportent leurs problèmes économiques sur les banques (puis sur le Trésor public, et l'Etat et celui-ci sur les banques internationales, voire les fournisseurs). La dépendance technologique s'accentue avec le choix de solutions globales (produit ou bien clés en main) et d'origines nationales trop diversifiées (la plupart des fournisseurs de l'Est ont disparu). Ce système par croissance externe demande des capacités fortes de management que l'Algérie ne possède pas encore et donc ne lui permet pas de maîtriser seule son propre modèle d'industrialisation. Par ailleurs, ces concepts sont conçus autour de produits qu'il faut faire évoluer et qui se heurteront aux traditionnels accords exclusifs de distribution des grands groupes, lors de tentatives d'exportation. 5- Cette politique a finalement débouché sur l'engrenage d'une triple dépendance financière levée avec le rebond du cours des hydrocarbures entre 2002/2008 où l'Algérie a épongé une grande partie de sa dette extérieure, pétrolière et technologique: constat et recommandations. L'orientation quasi exclusive de cette industrie sur la substitution des produits importés a généré des déperditions et les surcoûts classiques liés à une non optimisation des capitaux investis. Par ce phénomène, l'Algérie s'est insérée (malgré elle) dans la division internationale du travail comme fournisseur exclusif d'énergie. La configuration autarcique de l'industrie et son caractère politique ont renforcé sa dépendance envers les seuls produits commercialisables avec ses principaux partenaires commerciaux (le brut, puis le gaz). Les exigences de l'outil réalisé ont accru la dépendance à l'égard des cours et des revenus pétroliers, seule source de flux financiers externes. Le lancement de capacités industrielles a nécessité la mise en œuvre de contrats « clés – ou produits en main », avec recours aux techniques étrangères d'où :-dépendance technologique (pièces de rechange, maintenance et formation) ; multiplicité des processus liés aux différents pays à l'origine des lignes de crédit et problèmes de propriété industrielle et de licences pour permettre l'évolution des produits, qui en général n'a pas été rénovée, ce qui a creusé l'écart technologique et favorisé les produits importés. (A suivre) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international