Pour son classement sur le trafic de personnes, établi dans son rapport annuel publié mardi à Washington, le département d'Etat américain a été attentif aux observations émises l'an dernier par le ministère algérien des Affaires étrangères. Le classement 2017 a fait remonter l'Algérie à la 2ème catégorie au lieu de la catégorie 3 qu'elle occupait en 2016. Les autorités américaines ont pris en compte les réalisations clés enregistrées durant la période considérée, qui comprennent, entre autres, la poursuite de 16 présumés trafiquants et l'identification de 65 victimes de travail forcé, selon ce rapport présenté par le secrétaire d'Etat, Rex Tillerson. Et d'ajouter que l'Algérie «a consenti des efforts considérables» pour se conformer aux normes minimales américaines en matière d'élimination de la traite d'êtres humains. En 2016, l'Algérie avait contesté officiellement son classement à la troisième catégorie estimant que l'appréciation du département d'Etat était «loin de résulter d'une évaluation rigoureuse de la situation». Le ministère des Affaires étrangères avait alors affirmé que le rapport n'avait pas pris en considération les efforts significatifs consentis par l'Algérie dans la prévention de la traite de personnes et ne rendait pas certainement justice à la posture claire et active de l'Etat algérien sur cette problématique. Pour comprendre ce classement établi par le département d'Etat, il faut savoir qu'il se répartit en quatre positions : la catégorie 1, la catégorie 2, la liste de surveillance de la catégorie 2 et la catégorie 3. Mais ce classement est fondé davantage sur l'ampleur des efforts menés par les pouvoirs publics pour lutter contre la traite des personnes que sur l'étendue du problème dans le pays. Ainsi, si un pays est placé dans la meilleure catégorie, c'est-à-dire la 1, cela ne signifie pas qu'il est totalement exempt de traite des personnes ni qu'il applique des mesures suffisantes pour lutter contre ce phénomène, mais son bon classement indique plutôt que les autorités de ce pays ont constaté l'existence de la traite des personnes, qu'elles ont déployé des efforts pour régler le problème et qu'elles se conforment aux normes minimales de la loi américaine sur la protection des victimes de la traite (Tvpa), adopté en 2000. Il s'agit donc d'un classement qui est fait non pas selon des critères universels mais sur la base de l'appréciation que se font les autorités américaines et en fonction de leurs propres normes qui peuvent être différentes d'un pays à l'autre. Dans ce sens, le rapport du Département d'Etat américain, constate, par exemple, qu'en Algérie, les crimes d'exploitation sexuelle des enfants et de travail forcé sont des cas isolés, tout en faisant remarquer que c'est un pays de transit et de destination pour l'immigration clandestine. Il relève que le gouvernement algérien a fourni aux victimes identifiées un hébergement temporaire dans un centre de transit, une assistance médicale ainsi que d'autres services de base malgré leur statut d'immigrés illégaux. De même que le gouvernement algérien a démontré sa volonté politique de faire face à cette problématique en promulguant en septembre dernier un décret présidentiel qui a institutionnalisé le Comité Interministériel chargé de coordonner les activités liées à la prévention et à la lutte contre la traite des personnes en le dotant d'un budget et d'un mandat à cet effet, souligne le même document. Le département d'Etat note que les autorités algériennes ont déployé des efforts importants pour poursuivre les trafiquants, en rappelant les dispositions du code pénal algérien qui prévoit de lourdes sanctions contre les auteurs de ces crimes. Son rapport final met en exergue les efforts déployés par la Direction générale de la sûreté nationale (Dgsn) qui a mobilisé six brigades de police pour lutter contre le trafic de personnes en plus de 50 autres brigades spécialisées dans la lutte contre les crimes commis contre les enfants. De son côté, le ministère de l'Intérieur va lancer des formations au profit de ses fonctionnaires, axées sur la lutte et la prévention contre le trafic de personnes, note le rapport, relevant par ailleurs que l'Algérie devrait se doter d'un système efficace de collecte de données sur l'application du dispositif contre la traite d'êtres humains.