Je tiens à remercier des cadres du système financier qui ont requis l'anonymat pour ce travail dont j'en porte l'entière responsabilité. Il est intéressant de connaître l'évolution de la cotation du dinar algérien de 1970 à juillet 2017, en rappelant que par le passé en référence au franc français nous avions un(1) DZD = 1FRF en 1971 et 1DZD = 0,84 FRF en 1985. Selon la banque d'Algérie «le taux de change du dinar vis-à-vis des principales devises est déterminé de manière flexible sur le marché interbancaire des changes, en fonction des conditions de l'offre et de la demande » et de préciser que «la valeur externe du dinar est fixée au taux du marché inter-bancaire des changes où la dépréciation de la valeur du dinar, par rapport à l'euro et le dollar, est le résultat du différentiel entre le taux d'inflation enregistré en Algérie et celui constaté dans le reste du monde».Or, le taux d'inflation dans les pays développés entre 2013/2017 est inférieur à 2%, le dérapage du dinar continue et le prix des produits importés ne connaissent pas de baisses sensibles. En cas d'un retour au FMI la dévaluation entre 2019/2020, serait également proportionnelle à celle de 1994/1995Dans une économie productive structurée, la dévaluation ou le dérapage du dinar favorise les exportations – entendu hors hydrocarbures et freine les importations. en Algérie en plus des mesures non adaptées comme la généralisation de la règle des 49/51% (pas de bilan à ce jour), ayant permis des rentes à certains cercles ( enrichissement sans efforts) et le doublement de la valeurs importations depuis sa promulgation en 2009 et la non dynamisation du tissu productif, c'est donc tout le contraire qui s ‘est produit montrant que les mesures tant monétaires que bureaucratiques sans vision stratégique n'ont pas d'impacts. Le secteur informel contrôlant 70% de la sphère commerciale aligne ses prix sur la cotation du dinar sur le marché parallèle et non sur le cours officiel. Tout cela renvoie à la nature de l'économie rentière et à la faiblesse d'un tissu productif local, la rente des hydrocarbures donnant une cotation officielle artificielle. L'Etat dérape (la Banque d'Algérie parle de glissement) le dinar pour voiler l'importance du déficit budgétaire, biaisant les comptes publics. On voit que lorsque le cours du dollar baisse et le cours de l'euro hausse, la Banque d'Algérie dévalue, pour des raisons politiques à la fois le dinar par rapport tant au dollar que de l'euro alors que le dinar, dans une véritable économie de marché, le dinar devrait s'apprécier par rapport à la monnaie internationale qui se déprécie. Pourquoi cet artifice comptable ? La raison essentielle est qu'en dévaluant le dinar par rapport au dollar, nous aurons une augmentation artificielle de la fiscalité des hydrocarbures, et la fiscalité ordinaire à travers la taxes des produits importés, sachant que els besoins des entreprises publiques et privées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15% sont importés : c'est le fondement d'une économie rentière. Car les recettes des hydrocarbures sont reconverties en dinars, passant, par exemple, de 75 DA un dollar à 110 dinars un dollar. Idem pour les importations libellées en monnaie étrangère, ou le cours est passé de 90/100 dinars un euro à 125 euros actuellement, les taxes douanières se calculant sur la partie en dinars, cette dévaluation accélérant l'inflation intérieure. Tout cela voile l'efficacité réelle du budget de l'Etat à travers la dépense publique, et gonfle artificiellement le fonds de régulation des recettes calculé en dinars. L'inflation étant la résultante, cela renforce la défiance vis-à-vis du dinar où le cours officiel se trouve déconnecté par rapport au cours du marché parallèle traduisant le cours du marché. Cela ne peut que conduire à terme à accélérer le processus inflationniste. En Algérie malgré cette dévaluation qui ne dit pas son nom, certaines règles juridiques comme celle des 49/51% généralisée vivant de l'illusion de l'aisance financière, non adaptée à la conjoncture actuelle ou le passage du Remdoc au Credoc et actuellement certaines mesures techniques ne font que s'attaquer à des aspects conjoncturels alors que le blocage est d'ordre systémique, impliquant une nette volonté politique de profondes réformes structurelles. Avec la tendance à la diminution des réserves de change, il sera impossible de continuer à verser des salaires sans contreparties productives, et consacrer le montant faramineux de subventions et transferts sociaux, non ciblés qui ne s'adressent pas essentiellement aux plus démunis, représentant 27/28% du PIB quitte à conduire le pays au suicide collectif. Car la valeur de la monnaie, rapport social, traduit avant tout la faiblesse de la production et de la productivité interne, corrélée en Algérie à 70% aux réserves de change qui eux mêmes proviennent de la rente des hydrocarbures. Selon un rapport de l'OCDE, la productivité du travail en Algérie est une des plus faibles dans le bassin méditerranéen. Le niveau d'inflation qui est la conséquence de faible niveau de production ne peut être compris qu'en analysant d'abord la productivité du travail et les liens dialectiques entre le développement, la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales. Celui qui perçoit 200 euros par mois n'a pas la même perception de l'inflation que celui qui perçoit 30 000 euros Sixièmement.. Pour se prémunir contre l'inflation, et, donc, la détérioration du dinar, l'Algérien ne place pas seulement ses actifs dans le foncier, l'immobilier ou l'or, mais une partie de l'épargne est placée dans les devises. C'est un choix de sécurité dans un pays, où l'évolution des prix pétroliers est décisive. Si les réserves de change tendaient vers 10 milliards de dollars, la banque d'Algérie coterait officiellement le dinar à plus de 200 dinars un euro. Ce qui explique que les actions d'intégration du capital argent de la sphère informelle au sein de la sphère réelle auront certainement un impact très mitigé. Par ailleurs, la différence de la valeur du dinar entre le cours officiel et celui du marché parallèle et la distorsion avec les cotations des monnaies de pays voisins expliquent également les fuites de produits hors des frontières. Les mesures administratives ne peuvent qu'être ponctuelles, sinon il faudrait une armée de contrôleurs. Depuis la promulgation de la loi sur la monnaie et le crédit vers les années 1990, l'Algérie ne dispose toujours pas d'un marché des changes fonctionnant selon les règles universellement admises. Aussi, il s'agit d'éviter de fausses solutions à des problèmes mal posés comme l'idée d'intégration du capital argent de la sphère informelle par des mesures bureaucratiques autoritaires (voir étude : les impacts économiques et géostratégiques (drogue-trafic d'armes) de la sphère informelle au Maghreb étude réalisée par le professeur Abderrahmane Mebtoul pour l'Institut français des relations internationales IFRI décembre 2013). La solution réside en de nouveaux mécanismes de régulation conditionnant la dynamisation de la production locale dans des segments à valeur ajoutée au sein de filières internationalisées ainsi que des mécanismes de contrôle démocratiques reposant sur une plus grande moralité de ceux qui dirigent la cité. Cela rend urgent l'approfondissement de la réforme globale, notamment réhabiliter l'entreprise et son fondement le savoir, la réforme du système financier de distribution de la rente, inséré aux réseaux internationaux, actuellement de simples guichets administratifs, où les banques publiques contrôlent plus de 85 % du crédit octroyé, les banques privées malgré leur nombre étant marginales. Des partenariats gagnant/gagnant pour pénétrer les marchés internationaux sont nécessaires notamment en direction de l'Afrique, continent d'avenir et à enjeux multiples, où l'Algérie peut avoir des avantages comparatifs. L'Algérie avec l'amenuisement de ses recettes d'hydrocarbures peut-elle continuer à généraliser ces taux d'intérêt bonifiés au profit de jeunes dont la majorité n'a pas la capacité d'être entrepreneurs et qui ne pourront pas rembourser même le principal ? Un bilan des avantages et des résultats des bénéficiaires des différentes agences d'investissement (exonération TVA, taux d'intérêt bonifiés) devient urgent afin d'éviter de dépenser sans compter pour une paix sociale fictive grâce, toujours, à une rente des hydrocarbures éphémère, laquelle, si elle est bien utilisée, devient une bénédiction, mais mal utilisée, elle est, par contre, une malédiction, source de corruption et de gaspillage. Toutefois évitons la sinistrose. La situation est différente de la crise de 1986 avec le niveau relativement élevé des réserves officielles de change, bien qu'en baisse et le niveau historiquement bas de la dette extérieure pouvant surmonter les «chocs» externes, mais transitoirement, sous réserve d'une nouvelle gouvernance centrale et locale et d'une réorientation urgente de toute la politique socio-économique actuelle. Le cas contraire, après l'épuisement du fonds de régulation des recettes fin 2016, malgré toutes les artifices comptables dont la dévaluation rampante du dinar l'ayant gonflé artificiellement depuis la chute du cours du pétrole de juin 2014, il ya risque de l'épuisement des réserves de change 2019/2020 et d' un retour au FMI avec des conditionnalités draconiennes et une dévaluation importante du dinar entraînant la hausse des taux d'intérêts des banques si elles veulent éviter leurs faillites. Faute d'une stratégie claire de développement tenant compte des erreurs du passé, nécessitant un renouveau de la gouvernance et des nouvelles mutations mondiales, il la compression des importations, ayant des limites, le secteur productif public/privé étant embryonnaire et dépendant pour 80% des inputs importés , avec le risque sans transparence et un véritable ciblage, d'encourager des rentes de situation et la corruption. 5-C'est une évidence d'affirmer que le système financier algérien a besoin d'être réformé, n'existant pas de banques accompagnant les véritables investisseurs et pas de véritables bourse des valeurs. Une hérésie économique des entreprises étatiques dominantes souvent déficitaires achetant des entreprises étatiques déficitaires. Ni Sonatrach, ni Sonelgaz et ni une grande entreprise privée comme Cevital n'étant cotée en Bourse. A partir de là, il faut parler de refondation du système financier. Car la richesse nationale créée puise sa source dans la relation du triptyque: stock physique (stock ressources naturelles d'hydrocarbures) - stock monétaire (transformation: richesse monétaire) - répartition (modalités et mécanismes de répartition: investissement-consommation-fo nds de régulation). ( A suivre) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international