Un nouvel ouvrage de l'historien Alain Ruscio met sous les projecteurs une page de l'histoire du communisme face à la question coloniale de l'Algérie. «Les communistes et l'Algérie, des origines à la guerre d'indépendance, 1920-1962» (Ed. La Découverte, 2019, 661 pages) propose une véritable plongée dans les «méandres» des politiques communistes, du Parti communiste français (PCF) ou du Parti des communistes algériens (PCA), durant quatre décennies. Pour cet historien, spécialiste du colonialisme français (une trentaine d'ouvrages publiés), «l'histoire du communisme, reste, aujourd'hui encore, alors que ce mouvement n'a plus, dans la vie politique, ni le poids, ni la force d'attraction d'antan, un objet de controverses à nul autre pareil, en pour et en contre», soutenant que cet état d'esprit atteint son paroxysme lorsqu'on évoque les actions et analyses du communisme - français et algérien - face à la question coloniale en Algérie. Un parcours qu'il qualifie d'ailleurs de «non linéaire». L'auteur de «Nostalgérie, l'interminable histoire de l'OAS» (La Découverte, 2016), qui s'est basé sur tous les fonds d'archives spécialisés, révélant parfois des documents totalement nouveaux, décortique les tout premiers temps du PCF lorsqu'il tentait de briser le consensus colonial (chapitre 2 : le PCF est la question coloniales de 1920 à 1954), évoquant les «espoirs et illusions» du Front populaire dans le chapitre 4 (L'esprit Front populaire : 1936-1939). Il s'appesantit en analysant les relations du parti français avec le nationalisme algérien, qui «ne furent jamais simples». Après une relation de «père en fils», la guerre de libération nationale, avec l'entrée en lice des communistes à titre individuel dans le combat, allait aboutir de façon inéluctable vers une «impossible entente» entre les communistes français et nationalistes algériens. C'est ainsi qu'il propose de revoir les attitudes du PCF du PCA vis-à-vis de la première année de l'insurrection nationale, mettant un focus sur les «grands changements» du PCA en 1956. C'est dans ce parcours des multiples acteurs des communistes des deux côtés de la Méditerranée qu'Alain Ruscio analyse, entre autres, la mobilisation «avortée» des communistes le 17 octobre 1957, en mettant en relief le combat mené par Maurice Audin, Henri Alleg et tant d'autres communistes français, avec l'engagement des avocats et des intellectuels.