Revendication populaire majeure, le traitement des affaires de dilapidation de deniers publics, dans le cadre de la lutte contre la corruption, suit son cours de façon imperturbable. C'est la preuve qu'il s'agit d'une action méthodique, inscrite dans la durée. Dernier épisode en date : un communiqué du parquet général a fait savoir qu‘en application des dispositions de l'article 573 du code de procédure pénale, le parquet général près la Cour d'Alger a transmis, dimanche 26 mai 2019, au procureur général près la Cour suprême, le dossier d'enquête préliminaire instruite par la police judiciaire de la gendarmerie nationale d'Alger, pour des faits à caractère pénal, à l'encontre des nommés: Zaalane Abdelghani, Tou Amar, Talaï Boudjemaa, Ghoul Amar, Benyounes Amara, Bouazgui Abdelkader, Djoudi Karim, Bouchouareb Abdesslam, Zoukh Abdelkader, Khanfar Mohamed Djamel, Sellal Abdelmalek et Ouyahia Ahmed. Les personnalités concernées- anciens Premiers ministres, anciens ministres et anciens walis- en raison de leurs fonctions au moment des faits, bénéficient de la règle du privilège de juridiction consacrée par la loi. Certaines de ces personnalités ont comparu, jeudi dernier, devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed à Alger. La chaîne de télévision publique, A3, avait alors indiqué que la convocation de ces responsables s'inscrivait dans le cadre de la poursuite des enquêtes concernant l'affaire de l'homme d'affaires et ex-président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Ali Haddad, dont le procès aura lieu le 3 juin prochain. Les Algériens ont noté avec intérêt le coup d'accélérateur donné au traitement d'affaires ayant porté préjudice à l'économie nationale et à la stabilité du pays. Ils ont également noté, à travers les enquêtes diligentées par les tribunaux et la campagne d'interpellations à l'encontre de haut responsables de l'Etat et hommes d'affaires, la prise en main déterminée par la Justice de dossiers qui ont défrayé la chronique. C'est une revendication exprimée par le mouvement populaire chaque vendredi, depuis le 22 février, dans des manifestations à Alger et dans plusieurs autres grandes villes du pays, et appuyée et relayée par l'institution militaire. La Justice a montré qu'elle est au-dessus de tous, en traitant, d'abord, de dossiers qui concernent des hommes d'affaires et des personnalités du pouvoir, sans aucun égard ni pour la fortune des uns, ni pour la position des autres. Au plan médiatique, notamment sur les sites électroniques et sur les réseaux sociaux, des informations ahurissantes circulent à propos des malversations qui auraient été commises par des personnalités qui ont occupé des postes importants au sein du pouvoir et qui sont ou seront prochainement convoqués par la justice pour des agissements contraires à la loi ayant permis à certaines personnes de bénéficier d'avantages indus ou de s'accaparer, tout aussi indûment, de biens publics. Les Algériens ont recours à ces sources d'informations et ils trouvent souvent, notamment dans les sites électroniques et blogs et même dans certains médias classiques, comme les journaux et télévisions privés, une relation de faits qui peut contribuer à créer un climat malsain autour de ces affaires, surtout quand elles sont très médiatisées. La médiatisation inévitable de ces affaires, en réponse au besoin d'informations et d'éclairage, exprimé par l'opinion publique, doit tenir compte du souci de voir les procédures judiciaires se dérouler en toute sérénité. Rappelons que le Parquet général de la Cour d'Alger avait eu à expliquer, dans un communiqué, que la lutte anti-corruption "est inscrite au titre des priorités de la politique pénale que le Parquet veille à mettre en œuvre". Il avait également tenu à souligner qu'il tient à se conformer, au secret de l'enquête et de l'instruction, à la présomption d'innocence consacrée par la Constitution en son article 56 et à la réunion de toutes les garanties de défense à travers les différentes étapes de l'action publique.