L'actualité algérienne est restée marquée cette semaine par les opérations de lutte contre la corruption et les procédures engagées pour le jugement de toutes les personnes impliquées dans des affaires de dilapidation de deniers publics, en réponse aux revendications majeures exprimées lors des manifestations populaires qui se déroulent chaque vendredi dans le centre de la capitale et plusieurs autres grandes villes du pays. C'est une véritable avalanche d'informations qui a été servie à l'opinion publique. De ce point de vue, la journée du jeudi a été très prolifique avec la comparution devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed à Alger de plusieurs anciens ministres et hauts responsables ont comparu, jeudi, , a-t-on constaté. Il s'agit des deux ex Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, des anciens ministres, Karim Djoudi et Amara Benyounes ainsi que de l'ex wali d'Alger, Abdelkader Zoukh. D'autres responsables de différents secteurs économiques ainsi que des hommes d'affaires étaient également au Tribunal. La chaîne de télévision publique, A3, avait indiqué que la convocation de ces responsables s'inscrivait dans le cadre de la poursuite des enquêtes concernant l'affaire de Ali Haddad. Jeudi également, l'ancien wali de Tipasa, Mustapha Layadi, (exercice 2011/2015) a comparu devant le juge d'instruction près le tribunal de Tipasa pour être entendu dans le cadre d'une enquête judiciaire sur une affaire de corruption, suite à une plainte déposée par la Direction locale des domaines, pour notamment "abus de pouvoir", "dilapidation de foncier", et "activités illégales". Le même jour, jeudi, le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, a procédé à la désignation de Zeghmati Belkacem au poste de Procureur général près de la Cour d'Alger et de Bendaas Faycal au poste de procureur de la République près le Tribunal de Sidi M'hamed (Alger). Auparavant, mardi, Abdelkader Bensalah avait nommé Tarek Kour, président de l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLC). Des annonces ont été faites concernant plusieurs affaires de justice dont celle des conservateurs fonciers. Dans cette affaire, Kamel Chikhi, dit "El boucher", comparaîtra le 22 mai devant le Tribunal correctionnel de Sidi M'hamed (Alger). L'affaire concerne les documents, livrets fonciers et actes de propriété relatifs à la société de "Kamel El Boucher". Kamel Chikhi, en détention provisoire, est poursuivi avec 12 autres prévenus dans 4 affaires, dont celle du trafic de cocaïne. Autre annonce importante : l'ex-Président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Ali Haddad, comparaîtra, pour sa part, devant le Tribunal correctionnel de Bir Mourad Rais pour faux et usage de faux dans l'affaire des passeports. Rappelons que le Parquet général de la Cour d'Alger avait eu à expliquer, dans un communiqué, que la lutte anti-corruption "est inscrite au titre des priorités de la politique pénale que le Parquet veille à mettre en œuvre". Il avait également tenu à souligner qu'il tient à se conformer, au secret de l'enquête et de l'instruction, à la présomption d'innocence consacrée par la Constitution en son article 56 et à la réunion de toutes les garanties de défense à travers les différentes étapes de l'action publique. On sait que les citoyens ont recours à diverses sources d'informations et trouvent souvent, notamment dans les sites électroniques et blogs et même certains dans médias classiques, comme les journaux et télévisions privés, une relation de faits éloignée de la réalité et de la vérité, ce qui contribue à créer un climat malsain autour de ces affaires, surtout quand elles sont très médiatisées à l'image de celles qui concernent des dossiers touchant des hommes d'affaires et des personnalités du pouvoir, présentés comme puissants, voire intouchables. Le Parquet général de la Cour d'Alger a eu à expliquer qu'il était "soucieux de son indépendance". La médiatisation inévitable de ces affaires, en réponse au besoin d'informations et d'éclairage, exprimé par l'opinion publique, doit tenir compte du souci de voir les procédures judiciaires se dérouler en toute sérénité.