Un nouvel ouvrage collectif sur le Sahara occidental édité en juillet dernier par Fernando de Contreras, et qui contient un fonds documentaire compromettant tiré des câbles diplomatiques marocains, a mis à nu les pratiques sournoises du Maroc visant à soudoyer des Etats et élites de l'Amérique latine afin des les amener à se soustraire de tout rapprochement de la République sahraouie. Intitulé «Le Royaume du Maroc : la politique du chèque contre la République Sahraouie en Amérique latine et les Caraïbes», le livre traite tous les aspects politiques et juridiques du conflit au Sahara occidental. L'ouvrage met l'accent notamment sur la région de l'Amérique latine et des Caraïbes, où le Maroc affiche «un activisme débridé afin d'amener les gouvernements de la région à se soustraire de tous rapprochement, reconnaissance ou coopération avec la République arabe sahraouie démocratique ou le Front Polisario, en recourant à des pratiques plus que discutables». Dans la première partie, le professeur espagnol Carlos Ruiz Miguel souligne une particularité du conflit du Sahara occidental qui réside dans le contraste entre le «Droit» et la «Politique» : d'un côté, l'existence de décisions juridiques internationales définitives dont la mise en œuvre résoudrait immédiatement et simplement le conflit et de l'autre côté, le blocage exercé par les puissances ayant le droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU. Cette tension permanente entre le «Droit» et les «considérations politiques» se manifeste par la volonté d'occulter et d'ignorer le droit à l'autodétermination du Peuple du Sahara occidental d'une part, et les manœuvres destinées à remettre en cause la reconnaissance internationale de la RASD, d'autre part. D'où les tentatives marocaines pour encourager les Etats de la région à geler ou à retirer leur reconnaissance de la RASD. Sur cette question de gel ou de retrait de reconnaissance, l'auteur de la contribution est catégorique «la reconnaissance d'un Etat signifie simplement que celui qui le reconnaît accepte la personnalité de l'autre avec tous les droits et devoirs déterminés par le Droit international. La reconnaissance est inconditionnelle et irrévocable». Ce qui signifie, pour lui, que «l'annulation ou le gel de la reconnaissance de la RASD est une décision illégale et contraire à la convention des droits et devoirs des Etats signée à Montevideo en 1933». Stéphan Zunes, professeur de l'Université de San Francisco a rappelé dans sa contribution que l'avis du conseiller juridique des Nations unis du 29 janvier 2002 a clairement établi que «le Maroc n'était pas la puissance administrative du territoire et que l'accord de Madrid de 1975 ayant divisé le territoire entre le Maroc et la Mauritanie ne transférait aucune souveraineté aux signataires et que le statut juridique du Sahara occidental en tant que territoire non-autonome n'était pas affecté par cet accord».