Symbole d'une crise sociale et économique profonde durant les années 80, l'Algérie refuse «catégoriquement» de solliciter à nouveau les services du Fonds monétaire international (FMI), malgré la grande difficulté financière à laquelle fait face aujourd'hui le pays. Lors de sa rencontre périodique avec des responsables de médias nationaux, avant-hier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a qualifié cette option de « suicide politique », réaffirmant, au passage, l'engagement de l'Etat algérien à poursuivre son programme de restructuration radicale de l'économie nationale à travers la mise en œuvre de toutes les réformes globales « en toute souveraineté ». Il balaie ainsi toute hypothèse d'un éventuel recours à l'endettement extérieur. Pour aller de l'avant, le Président Tebboune appelle à travailler « main dans la main » afin de construire une nouvelle économie solide et résiliente, basée sur la production nationale, inclusive. Il a mis l'accent, également, sur l'importance du « dialogue » pour éradiquer l'économie informelle et l'intégrer dans le circuit formel qui devra profiter « d'une réelle stabilité juridique ». Ainsi, la priorité pour le chef de l'Etat est de trouver rapidement des solutions appropriées et pratiques à des problèmes spécifiques majeurs révélés par la crise sanitaire qui a aggravé la situation financière du pays ces deux dernières années. Le défi serait éventuellement de trouver de nouvelles sources de financements pour éviter de faire tourner à nouveau la planche à billets qui ne servirait à rien l'économie nationale. Une initiative qualifiée d'inutile et de dangereuse en raison du risque d'inflation à long terme. La solution, selon le Président Tebboune est de promouvoir la production nationale et l'éradication de l'informel qui génère plus de 10.000 milliards de dinars par an. Un chiffre approximatif qui nuit à l'économie nationale, notamment, aux établissements financiers et aux entreprises économiques. « L'Etat algérien cherche à résoudre le problème de l'économie parallèle et de l'argent en dehors du cycle économique », a-t-il souligné, évoquant, en parallèle, le poids des importations, qui, selon lui, ont « tué la production nationale, alors qu'elle devrait être un complément et non une règle ». Cette dépendance à l'extérieur est à l'origine du déséquilibre de la balance des paiements et même de la hausse des déficits publics. La solution à ce problème réside dans la mise en œuvre du Plan d'action du Gouvernement portant sur la diversification des sources de financement dans « le souci de sortir de la dépendance aux sources de financement actuelles et de recourir, de manière stratégique, au partenariat entre les secteurs public et privé devant avoir un retour sur investissement à moyen terme ». C'est ce qu'a été stipulé dans le texte de la loi de Finances 2021. Cette alternative évitera au pays de recourir à l'emprunt extérieur et au FMI qui, selon le Président Tebboune, « agit comme s'il préparait le terrain à l'endettement. Nous n'opterons jamais pour ce choix, c'est impensable. Nous ne mènerons pas le pays vers un suicide politique », a-t-il réitéré. Il s'interroge d'ailleurs sur les intentions réelles de cette institution financière et sur l'intérêt du report « de la mise en œuvre des réformes structurelles », assurant, dans ce sillage, que « l'Etat algérien poursuivra ses réformes en toute souveraineté ». Il refuse toute ingérence étrangère dans l'économie et les finances du pays. Pour le chef de l'Etat, l'expérience de l'Algérie avec le FMI durant les années 80 restera gravée dans la mémoire de nombreux Algériens. Une expérience périlleuse qui renvoie à la crise économique, sociale et politique qui s'en est suivie après la décision des dirigeants à l'époque de réduire les dépenses sociales pour rembourser le FMI. Le Président Tebboune veut, par des moyens réfléchis, échapper au piège de la dette. Répondant, par ailleurs, à la question de l'éventuel recours du pays au changement de la monnaie, le chef de l'Etat a exclu cette possibilité, estimant que « cette mesure était susceptible de créer de longues files d'attente et compliquer la vie des simples citoyens ». Il a mis l'accent, toutefois sur la nécessité de « résoudre le problème du marché informel par le dialogue », réaffirmant ainsi l'engagement de « l'Etat à poursuivre ses efforts pour la récupération des fonds circulant sur le marché parallèle via plusieurs moyens, y compris l'éventuel recours à l'investissement dans des titres anonymes et sans impôt ».