Le constat est sans appel. L'état financier de la Caisse nationale des retraites est entré depuis plusieurs années dans une crise prolongée et dans une situation financière qui se détériore rapidement, malgré les mesures de soutien prises par l'Etat pour lui venir en aide. Le déficit de la CNR s'élève à « 700 milliards de dinars », a indiqué, hier, son directeur général par intérim, Djaafar Abdelli, dans une déclaration accordée à la chaîne de télévision privée « Echourouk ». La dégradation persistante de la situation financière de la CNR, s'explique par le fort ralentissement économique que connaît le pays depuis quelques années qui a plombé les ressources et à favoriser la hausse des déficits ou à un endettement accru de cette administration qui devra faire face à la hausse des salaires des retraités, dès ce mois en cours. Ces augmentations concernent près de trois (3) millions de retraités et prendre en compte aussi les nouveaux retraités qu'enregistre annuellement la CNR. Selon M. Abdelli « l'Algérie compte chaque année plus de 130.000 nouveaux retraités », évoquant, à l'occasion, l'application du nouveau barème relatif au calcul de l'impôt sur le revenu total (IRG) révisé à la baisse à la faveur de toutes les catégories salariales, y compris des retraités dont le revenu brut dépasse les 30.000 dinars. Cette nouvelle mesure est introduite par la loi de Finances 2022 (LF 2022) pour soutenir le pouvoir d'achat et favoriser la consommation et la croissance. Deux millions de retraités seront concernés par cette hausse qui sera calculée en fonction du salaire perçu et l'application du taux y correspondant. La Direction générale des impôts a déjà publié, il y a quelques semaines, le nouveau barème de l'IRG et les taux y afférent. « Les augmentations de salaire des retraités sont inégales, elles varient entre 500 à 8.000 dinars », a expliqué, à ce sujet, le responsable par intérim de la CNR. Cet effort des pouvoirs publics aura un impact direct sur les comptes de l'Etat, déjà souffrants, mais n'affectera pas le déficit de la CNR qui devra, désormais, verser une somme supplémentaire de « 2,8 milliards de DA par mois », a-t-il indiqué, précisant que « la valeur totale des augmentations de pension s'élevant à 34 milliards de dinars ». Sachant que depuis quelques années, la CNR n'a plus les ressources ou réserves nécessaires pour assurer les versements de pensions et des allocations aux retraités, qui se plaignent à leur tour des retards de virements et de perception de leur retraite, notamment, ceux disposant d'un « faible revenu ». Si la CNR a pu survivre à cette crise prolongée, c'est, uniquement, grâce aux différentes aides financières de l'Etat. Le financement non conventionnel, mis en œuvre en 2017, a permis d'absorber la dette de la CNR à hauteur de 500 milliards de dinars. Le problème n'a pas été réglé en raison du ralentissement de l'activité économique aggravée par la crise sanitaire en 2020. Durant cette même année, le président de la République décide de revaloriser les pensions et les allocations des retraités. De nouvelles mesures sont mises en place pour soutenir la CNR et lui éviter le naufrage financier. Des dispositions introduites par la LF 2022 qui prévoit, à ce titre « l'affectation de 3% de la taxe pétrolière prévue pour l'année prochaine, à la Caisse nationale de retraite (CNR) ». Ce prélèvement de la taxe pétrolière effectué par les autorités chaque année permet de réduire le déficit de la CNR et d'éviter de recourir à un endettement accru. Pour 2022, l'Etat accorde, dans le cadre de la LF 2022, « au Fonds de réserve pour les retraites, pas moins de 6.392 milliards de centimes ». Cette somme permettra de verser à temps des pensions et allocations des retraités. Le déséquilibre financier persistant de la CNR pèse lourd sur l'Etat qui tente, tout de même de rassurer, les retraités quant à sa disposition à déployer l'aide nécessaire pour éviter la faillite de cette administration. Il faut trouver, par ailleurs, trouver une solution à sa déstructuration financière car les pouvoirs publics ne peuvent alimenter éternellement les caisses de la CNR. Elle n'est pas la seule institution publique à avoir souffert de la crise économique. Le seul facteur permettant de traiter le déficit de la CNR est l'amélioration des indicateurs macroéconomique, notamment, de la croissance qui encouragerait la création de nouveaux emplois et plus de cotisations. Par ailleurs et concernant, le retour à la retraite anticipée ou sans conditions d'âge, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Youcef Cherfa a écarté un retour éventuel de la retraite anticipée. Il a affirmé, au mois de décembre 2021, que « ce n'était pas de mise pour le moment au regard de la situation financière de la Caisse nationale de retraite (CNR) ».