Lors des Jeux méditerranéens, les jeux de boules sont à l'honneur avec la pétanque, le jeu long et la rafle. Quinze nations, dont l'Algérie, le Maroc et la Tunisie sont engagées dans la compétition. Les jeux de boules et particulièrement la pétanque tiennent une place particulière dans la culture sportive au Maghreb. À la nuit tombante, après le dîner, à la fraîche, il n'est pas rare que l'on se rassemble dans tout le Maghreb pour jouer à la pétanque. Ici, en Algérie, c'est une tradition. «On n'est pas si loin de Marseille, c'est un peu la culture provençale», dit avec malice Mohamed Houcine, journaliste. Autrefois, la pétanque était un des sports préférés des pieds noirs. Les Algériens y ont pris goût. Sur les 1 200 kilomètres du littoral, on se retrouve pour jouer jusque tard dans la nuit. Un sport de détente et estival Après l'indépendance, l'Algérie a remporté la coupe des nations au Championnat du monde à Lausanne en 1964. «C'est un sport de détente et estival. Plusieurs cités ont des clubs et dans les villes et les villages, ce sport accroche les jeunes et les anciens, précise Mohamed Houcine. L'Algérie participe régulièrement aux Jeux africains. Ici c'est loin d'être un sport inconnu». Le jeu long algérien avait remporté deux médailles de bronze (en simple et en double messieurs) lors des Mondiaux de 2015 en Croatie. En 2021, la sélection algérienne de jeu long (boule lyonnaise), composée de huit athlètes, dont quatre femmes, avait pris part au 39e Championnat du monde en Italie. En 2022, la sélection nationale algérienne de rafle avait remporté dix médailles dont trois titres africains, lors de la 2e édition du Championnat d'Afrique (rafle et pétanque), qui s'est déroulée à Alger. À «El Bahya» (Oran), la pétanque reste très prisée à chaque vacances d'été par les Oranais, notamment dans les quartiers populaires de la ville. Des clubs ont été créés et affiliés à la ligue de wilaya de pétanque. Boule en métal au creux de la main, il faut un sens de l'observation pour taquiner le «cochonnet». Sans parler de la concentration. Plusieurs communes de la wilaya d'Oran ont bénéficié de la réalisation de terrains de pétanque. De quoi donner de l'engouement pour cette pratique sportive. Dans certains quartiers, le bruit sec des «tirs à carreau» est devenu un son familier. Durant les Jeux méditerranéens, les représentants de l'Algérie se mesureront aux athlètes de 12 pays inscrits pour la pétanque, et aux concurrents de 11 pays engagés en jeu long. «Quand j'étais gamine, je regardais les gens jouer en bas de chez moi. Je voulais essayer, et cela a été tout de suite un coup de cœur. Avec la pétanque, j'ai eu l'occasion de voyager», se félicite l'Algérienne Nour El Houda Bouguerra. Chez les voisins marocains, la pétanque est aussi un art de vivre. En 2021, le Maroc s'était illustré au Burkina Faso en remportant la 8e édition du Championnat d'Afrique des nations. L'Algérie terminait sur la troisième marche du podium. Contrairement aux idées reçues, la pétanque intéresse une grande partie des Marocains. «Je suis dans un club à Marrakech et je m'entraîne quatre fois par semaine. C'est une façon de sortir du quotidien et de retrouver mes amis. J'ai toujours aimé ce sport», témoigne avec timidité Karima Ghariz, représentante du Maroc. Un sport de plus en plus pratiqué à travers le monde Si la France a inventé cette discipline, le Maroc lui a rapidement emboîté le pas avec sa fédération créée en 1957. La même année, lors d'un tournoi international à Spa, en Belgique, la Fédération internationale de Pétanque voyait le jour. Premiers membres : la France, la Belgique, Monaco, la Suisse, la Tunisie et le Maroc ! Le royaume du Maroc a été deux fois consécutivement champion d'Afrique au tir de précision, en 2009 et 2011. En 2010, il avait été sacrée champion du Maghreb, à Agadir. «Avant de venir à Oran, on savait que les jeux de boules étaient très populaires au Maghreb. Voilà quarante ans que je joue et je vois que mon sport est de plus en plus pratiqué à travers le monde», souligne la Française Mireille Milleron, double championne du monde de boules lyonnaises. La Tunisie en pince aussi pour la pétanque. À Oran, Mouna Beji voudra compléter sa collection de médailles lors de sa cinquième participation. Aux Jeux méditerranéens, la native de Tunis a déjà glané trois médailles d'or, une en bronze et une en argent. La championne du monde s'entraîne désormais en France, au Canuts de Lyon. À l'abri du soleil, sous les tonnelles, avec le vent marin pour compagnie, les athlètes vont s'en donner à cœur joie pendant quatre journées devant un public de connaisseurs.