Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, en visite hier à Israël, et ce, après avoir rencontré le président palestinien, avant-hier, en Cisjordanie, a espéré que l'incertitude politique en Israël et aux Etats-Unis «ne nuira pas aux efforts de paix au Proche-Orient». A ce sujet, le chef de la diplomatie française n'a pas manqué d'indiquer, à l'issue de ses entretiens avec les responsables israéliens dont le Premier ministre démissionnaire Ehud Olmert et sa remplaçante au poste Tzipi Livni, qu'on lui avait fait part de «réels progrès», et ce, sans pour autant apporter de plus amples informations sur la teneur de ces progrès, si ce n'est l'inverse, à savoir le maintien du blocus israélien sur Ghaza, la persistance de la construction des colonies, les attaques et les raids répétés par l'armée israélienne sur les Palestiniens et les arrestations arbitraires de ces derniers pour ne citer que ces derniers. Pour première lecture, le déplacement du ministre français des Affaires étrangères, dont son pays assure la présidence de l'Union européenne, se veut plus un signe en direction de Washington, lequel signe sous-tend un rôle plus actif de la France en partenariat avec les Etats-Unis d'Amérique dans le processus de paix au Proche Orient, au lendemain de l'élection présidentielle américaine prévue en début du mois prochain. Bernard Kouchner, qui n'est pas à son premier déplacement dans cette partie du monde, de surcroît depuis l'échec de la conférence d'Annapolis, a effectué cette visite au lendemain de l'annonce de la fourniture d'armements militaires sophistiqués américains à Israël, ainsi que les menaces de responsables israéliens d'entamer des frappes militaires contre Téhéran. «Israël a toujours dit qu'il n'attendra pas que la bombe iranienne soit prête. Je pense que les Iraniens le savent», a déclaré le chef de la diplomatie française à un quotidien israélien paru hier. Et de réaffirmer dans un communiqué rendu public, hier, «l'éventualité d'une frappe israélienne destinée à empêcher l'Iran de se doter d'une arme nucléaire». Hormis les déclarations de bonne volonté d'œuvrer en concert avec les parties protagonistes pour venir à bout du conflit palestinien-israélien, Bernard Kouchner entendait faire valoir le rôle de Paris dans cette partie du monde, palliant l'absence d'initiatives du quartette présidé par Tony Blair sur fond de la halte de la diplomatie américaine devant l'échéance présidentielle, au moment, aussi, où la promesse de Bush d'aboutir à un règlement avant la fin 2008 s'est évaporée. Rendant hommage au Premier ministre démissionnaire Ehud Olmert pour ses récents propos sur la nécessité de se retirer «de presque tous les territoires occupées après 1967», M. Kouchner a soutenu que «je n'ai pas peur qu'elle (Tzipi Livni, Ndlr) abandonne le processus de paix», lors d'un point de presse tenu, avant-hier, en Cisjordanie avec M. Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne. Aussi, il a estimé plus loin qu'Israël «allait connaître une période difficile jusqu'à ce que la situation politique se stabilise» et que «le rôle des Américains sera moins évident dans les mois qui viennent en attendant la mise en place d'une nouvelle administration dirigée par le républicain John McCain ou le démocrate Barack Obama». n outre, Bernard Kouchner a conclu ses déclarations en appelant l'Union européenne à un engagement «politique accru» dans la recherche d'une paix israélo-palestinienne, une autre étape qui se dessinera après l'élection présidentielle américaine sur fond des résultats du dialogue interpalestinien en cours sous l'égide de la médiation égyptienne. Autre fait qui ne sera pas sans impact sur le cours que survira le processus de paix israëlo-palestinien est le résultat de la rencontre avant la fin de ce mois ci entre le Fatah et le Hamas au Caire en vue de la mise sur pied d'un gouvernement d'union nationale en prévision de la fin de mandat en janvier du président de l'Autorité palestinienne, et ce, pour la préparation des élections présidentielle et législatives .