A travers les différentes analyses de consommation réalisées par l'association des consommateurs de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, on constate qu'il y a des transformations tangibles tant au niveau de la nature des biens et services consommés qu'au niveau de la structure des dépenses. Les projections indiquent que cette tendance semble s'inscrire dans la durée et parallèlement au changement de ces structures des dépenses, le citoyen entrera de plain-pied dans l'ère des mouvements consuméristes. En effet, le mouvement consumériste étant encore récent chez nous avec un rôle joué par les associations de protection des consommateurs encore modeste, le droit de la consommation, essentiel dans toute société démocratique, est dans ses toutes premières phases de constitution. Des lois sur la protection des consommateurs ont été néanmoins élaborées visant plusieurs objectifs. Mais le consommateur bordjien connaît-il bien ses droits et devoirs ? Comment un consommateur, peu outillé, peut-il faire le bon choix et assumer sa part de responsabilité dans ce qu'il achète ? Comment peut-il s'y retrouver dans la jungle des publicités mensongères, conditions commerciales abusives, prix excessifs et autres déclarations d'origine peu claire ? Ce n'est un secret pour personne, en matière de protection du consommateur, malgré ces batteries de lois, on est à la traîne. D'autant que l'application tarde à se mettre à jour. «Avant tout, la consommation est une question d'éducation, de culture et, bien sûr, de moyens. Et non seulement un texte de loi», dira un économiste. Pour rappel, consommation et mort sont indissolublement liées. Le terme de «consommation» remonte au début du XIVe siècle et a des racines aussi anglaises que françaises. A l'origine, «consommer» voulait dire détruire, piller, assujettir, épuiser. C'est un mot tout imprégné de violence qui n'a eu jusqu'au XXe siècle que des connotations négatives. On se rappelle bien qu'au début des années 1900, les médecins et le grand public parlaient de «consomption» pour désigner la tuberculose. Le terme de consommation n'a dû son acceptation positive qu'à des agents publicitaires qui ont entrepris, au XXe siècle, d'assimiler consommation et choix. Personne, et en tout cas, aucun Algérien ne contestera que nous sommes, dans le contexte de démocratisation actuel, très loin du contexte des années du début du siècle dernier. Mais malheureusement, nous restons les consommateurs les plus exposés aux risques, donc le mal protégé. Malgré des efforts consentis dans le domaine par certaines administrations, le vide d'une politique consumériste est flagrant et donne la chair de poule à tout investisseur désirant faire du consommateur son principal partenaire. En effet, la protection du consommateur reste inhérente à tout programme de développement et de sécurité, les deux sont liés. En effet, à chaque instant, un consommateur s'acquiert un produit ou un service ne répondant pas aux normes ou ne correspondant pas au prix payé et le réfute ultérieurement. À chaque instant, c'est l'ajout d'une dole sur la longue liste des victimes de la défaillance de notre système de protection du consommateur. Car la protection des biens, de la santé et de l'environnement de l'individu conditionnent son mode de vie et son comportement social. La situation nécessite une prise de conscience collective pour que le projet de loi amélioré sur la protection du consommateur aboutisse. Nos récurrentes doléances sont la manifestation de notre sincère persévérance. Soyons à la hauteur de la mission qui nous est impartie et souhaitons qu'en ce début du XXIe siècle, les Algériens auront la possibilité de voir l'instauration d'une vraie politique de consommation. Le pourquoi de cette date du 15 mars… Depuis la déclaration des droits du consommateur par J. F. Kennedy, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts de l'histoire de l'humanité. Et le monde, par les différents représentants des pays constituant l'ONU, a fait du 15 mars, la Journée des droits du consommateur. Actuellement, on se trouve face à différents degrés de l'application des droits du consommateur. Certains pays sont arrivés à les institutionnaliser et ont connu le développement qui sied avec. D'autres, comme l'Algérie, sont à la traîne et subissent les affres de l'indifférence du consommateur. Car l'écho attendu par les différentes lois reste nul, ce qui dénote un silence trompeur et dangereux pour l'économie et par conséquent pour le développement du pays dans la bonne voie. Les ONG qui ont eu la bravoure de lever l'étendard du droit du consommateur nagent dans la recherche de fonds pour pouvoir émerger. Situation, devenue insoutenable pour certaines, qui n'ont pas hésité à mettre la clef sous le paillasson. La conséquence de l'autisme de certaines administrations au mouvement consumériste national sera très gravement ressentie à la tombée des frontières douanières. Et par conséquent, la production nationale, fortement concurrencée par l'extérieur, n'aura comme allié légitime que le consommateur national. A ce moment-là, ce dernier jubilera. En cette occasion du 15 mars 2010, il y a lieu de rappeler les efforts engagés par la Direction du commerce de la wilaya de Bordj Bou Arréridj depuis quelques années : efforts pour le soutien d'ONG de défense du consommateur, qui méritent les humbles remerciements de tous les consommateurs. (A suivre)