Détourné de sa vocation essentielle et pris en otage par des mains spéculatives, le foncier industriel à Constantine, dont la surface globale est évaluée à près de 948 ha, se noie dans d'inextricables problèmes, dont les effets directs se manifestent par un ralentissement de l'investissement et une prolifération de l'activité économique informelle. Les autorités locales ont bien pris des mesures face à cette dégradation dans l'usage du foncier industriel, lançant une vaste opération d'assainissement à travers les zones industrielles de la wilaya, menaçant haut et fort de retirer aux bénéficiaires les parcelles attribuées et qui demeurent non exploitées. Ce fut comme un coup d'épée dans l'eau. Car, l'opération d'assainissement en question n'a pas connu le succès escompté en raison des difficultés d'ordre juridique auxquelles elle devait faire face: les bénéficiaires concernés font valoir des actes de vente notariés. Nous avons appris, lors de la récente visite du ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, à Constantine que sur 76 lots attribués ces derniers temps, seulement 6 bénéficiaires ont réellement lancé leurs projets d'investissement, et les autres restent aux abonnés absents. L'on saura, à l'occasion, que le ton des autorités locales, auxquelles échoient la responsabilité de la gestion des zones industrielles, par le biais de la société de gestion des zones industrielles (SGI), «jusqu'à nouvel ordre» (dixit A.Temmar), qui était, naguère, menaçant à l'encontre de ces bénéficiaires inscrits aux abonnés absents, soupçonnés qu'ils étaient de verser dans la spéculation, est devenu plus conciliant en les invitant, autour d'une table, pour discuter des empêchements éventuels qui les auraient bloqués dans leur élan d'investissement. Parce qu'il s'avère que plusieurs d'entre eux sont effectivement animés d'une bonne intention pour investir dans des projets sur ces terrains, et qu'ils ont été contraints de baisser les bras devant une bureaucratie écrasante. En tout cas, selon les statistiques présentés par la commission de l'APW, il ressort que sur les 1.133 lots créés à travers la wilaya, 259 parcelles de terrain demeurent nues, dont 159 parmi ces dernières n'ont pas encore été attribuées! Aussi, faut-il le souligner, plusieurs espaces occupés par des sociétés dissoutes depuis des années demeurent non exploités, en attendant peut-être de les récupérer avec la création d'une antenne de la société de régulation du foncier industriel qui se chargera de se pencher sur ces lots «excédentaires». Et il ne faut pas croire que tous ceux qui ont lancé des activités sur ces lots s'inscrivent dans le cadre d'un investissement productif, car des activités parasitaires sont signalées par cette dernière commission, à l'exemple des restaurants, voire des gargotes, des salles de fêtes, et même des résidences bâties à l'intérieur du périmètre des zones industrielles.