En dépit d'une nuit glaciale, caractérisée par une gelée blanche aussi redoutée par les agriculteurs qu'une chute de neige, le marché hebdomadaire d'El Khroub était hier matin plein à craquer. Si le commerce des animaux, comme le consacre ici l'expression populaire, continue de faire le plein, un autre créneau non moins juteux a fait son apparition voilà plus de deux mois, celui de l'arboriculture. En cette fin du mois de février, les vendeurs vont devoir écouler des milliers de plants «périssables» et les clients, ceux qui possèdent de petits jardins, vont acheter car la période de plantation tire à sa fin. Ici, les connaisseurs affirment qu'après fin mars aucun arbre, aucun plant ne fleurira quelles que soient la qualité du terreau ou les conditions climatiques les plus clémentes. Une véritable course contre la montre (un mois) est engagée et tout le monde se met à négocier pour acheter cet arbre ou ce plant qui sera mis en terre l'après-midi ou le lendemain au pus tard. Des trois sortes de plantes proposées (agrément, fruitiers ou de clôture) les plus chers continuent d'être les plantes dites d'ornement. Les «pots carrés» qui sont des genres d'épicéas aux aiguilles très fines coûtent environ 2.000 dinars alors que les troènes qui sont des arbustes de clôture ne dépassent pas les 50 dinars. Les fruitiers, mandariniers, orangers, amandiers, pêchers, poiriers, pommiers blancs ou pommiers rouges sont proposés entre 200 et 250 dinars. Ce sont les cerisiers qui valent le plus cher et qui sont proposés entre 400 et 700 dinars. Pour ces arbres dits nobles une concurrence sourde s'est installée entre les vendeurs propriétaires de pépinières privées de Hamma Bouziane et leurs confrères de Blida ou de Ain Defla. Ces derniers n'ont aucune appréhension à parcourir les 600 kilomètres de trajet pour venir chaque semaine proposer leurs produits. Ni le trajet, ni la taxe de 600 dinars ne semblent décourager ces commerçants qui ne se départissent jamais de leur sourire pour accueillir et donner au client tous les détails sur leurs produits, comme la «Touina», ce fruit oranger bizarre; pas plus gros qu'un oeuf de pigeon qui est un hybride singulier dont on s'explique mal l'origine. Mais le fruit est magnifique et servira en même temps d'agrément et de compote familiale. Ce fruit, comme le cerisier est proposé entre 500 et 700 dinars. Mais là encore, il va falloir marchander. Et c'est un peu tout le charme de ce marché aux arbres.