C'est devant un public nombreux et fort intéressé qu'a été diffusé, avant-hier à la cinémathèque d'Oran, le film documentaire «Sidi El Houari, le vieil Oran». Un engouement qui traduit tout l'intérêt porté par les Oranais au patrimoine historique et culturel de la ville et à la nécessité de le sauvegarder. A travers son projet cinématographique inédit, l'association SDH a surtout voulu adresser un message fort, celui de l'urgence d'une prise en charge sérieuse de ce quartier en péril, dont les moindres recoins recèlent des pans entiers de notre Histoire. On peut désormais dire sans risque de se tromper que le pari a bel et bien été tenu, tant l'émotion dégagée par le film a été forte. En effet, et abstraction faite des aspects purement techniques du documentaire, qui peuvent toujours faire l'objet de débats parmi les professionnels du domaine, il reste évident que l'accroche émotionnelle a bel et bien fait mouche. Ceci a été rendu possible grâce à des témoignages recueillis sur le vif auprès d'habitants du quartier. L'un des moments les plus intenses a été justement l'intervention d'un jeune artisan de la pêche qui évoque à la fois avec dignité et abnégation son attachement viscéral au quartier qui l'a vu naître et à cette mer qui l'a vu grandir. Un témoignage qui rappelle, si besoin est, que la sauvegarde de Sidi El Houari ne se limite pas uniquement à la protection des pierres. Des petites gens y ont toujours vécu. Pour eux, quitter leur quartier est comparable à «un poisson qu'on ferait sortir de l'eau». C'est ce qui rend le film si attachant. Pour le reste, le documentaire tente de faire découvrir le quartier, et en tout premier lieu, le mausolée du saint patron de la ville, Sid El Houari, ses rues, ses monuments et sites historiques, ses bâtisses lézardées que le temps a blessées, son patrimoine historique et végétal. Ses concepteurs ont voulu en faire un ouvrage pédagogique. «A travers ce film, nous voulons faire connaître et aimer ce vieil Oran que les Oranais eux-mêmes ignorent», indiquent-ils. Pour rappel, le film est le fruit d'un projet cofinancé par l'Union européenne et l'Association Santé Sidi El Houari (SDH). Son originalité réside dans le fait qu'il a été réalisé par une équipe de jeunes Oranais formée, 09 mois durant, aux techniques audiovisuelles: prise de vue, prise et traitement de son et montage. Selon l'association SDH, 18 jeunes ont été initiés à ces techniques dont 12 ont achevé avec succès cette formation. En outre, 9 autres jeunes musiciens ont été formés dans le domaine de la composition musicale de film et à la musique assistée par ordinateur dont 4 ont donné entière satisfaction.