La machine diplomatique algérienne multiplie ses démarches auprès de Washington et de Paris pour surseoir à leurs décisions d'inscrire l'Algérie sur une liste noire de pays à risque. Ainsi, l'ambassadeur d'Algérie en France, Missoum Sbih, a été reçu mercredi dernier à sa demande par le secrétaire général du ministère français des Affaires étrangères et européennes, Pierre Sellal, pour justement évoquer cette question qualifiée par Alger de «discriminatoire». Selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères rendu public jeudi, «l'entretien a porté sur la décision du gouvernement français d'inscrire l'Algérie sur une liste de pays dits à risque induisant un renforcement du contrôle des passagers en provenance des aéroports algériens». De son côté, le chancelier algérien a souligné «le caractère discriminatoire de cette mesure intervenue unilatéralement sans consultation ni information préalable de la partie algérienne». Cette démarche intervient après la convocation, le 5 janvier dernier, de l'ambassadeur français à Alger pour protester contre cette mesure dont le caractère est jugé «inopportun et injustifié». L'entretien de mercredi s'inscrit en droite ligne des intentions algériennes de refermer, au plus vite, un dossier qui risque d'envenimer les relations bilatérales entre les deux capitales. En effet, le ministre des AE, Mourad Medelci, avait déclaré à la radio nationale qu'il avait saisi officiellement son homologue français Bernard Kouchner pour protester et souligner que la décision de classer l'Algérie parmi les pays à risque est une humiliation. Il avait ajouté qu'au-delà de la protestation officielle, il est question de ne pas fermer le dossier et de l'accepter comme si c'était une fatalité. «Il faut évaluer ces décisions dans les prochaines semaines. Pour nous, il ne s'agit pas de la bonne méthode. Nous refusons ces deux poids, deux mesures qui isolent sept ou quatorze pays». Cette décision de Paris et de Washington, pour le moins inattendue, a fait réagir la diplomatie algérienne qui s'est attelée à clarifier comme l'a souligné clairement le chef de la diplomatie algérienne qui a insisté que «pour défendre la dignité de l'Algérie, il était impératif de clarifier les choses avec la France et les Etats-Unis à travers la convocation des ambassadeurs en poste à Alger. J'ai dit à l'ambassadeur américain que l'Algérie attend d'être retirée de cette liste», avait-il précisé. Par ailleurs, M. Medelci avait annoncé la visite à Alger de plusieurs hauts responsables américains pour, entre autres, évoquer la décision américaine de réserver un traitement spécial aux voyageurs dans les aéroports, mais également de Bernard Kouchner attendu probablement au début de février. Une visite qui expliquerait en partie l'entrevue demandée par Missoum Sbih. Rappelons que le département américain de la sécurité des transports a ordonné la mise en place de contrôles renforcés pour l'ensemble des passagers en provenance de 14 pays, dont l'Algérie, jugés à haut risque. Les Américains ainsi que d'autres pays occidentaux, dont la France, considérant que l'Afghanistan, l'Algérie, l'Arabie Saoudite, l'Irak, le Liban, la Libye, le Nigeria, le Pakistan, la Somalie et le Yémen sont des pays à haut risque. Depuis l'attentat manqué contre l'avion de la compagnie Northwest Airlines, le jour de Noël, des mesures draconiennes ont été mises en place dans plusieurs aéroports de l'Occident. Interrogés sur le pourquoi de la désignation des pays annoncés plus haut, les responsables de la sécurité ont indiqué qu'ils ont uniquement visé les endroits où les entreprises terroristes tels que Al-Qaïda continuent d'activer. D'autres lectures avancent pour leur part un moyen de pression sur Alger concernant des dossiers aussi épineux que la présence d'une base américaine de l'Africom dans le sud du pays.