C'est «oui!». Le Conseil d'administration du Fonds d'investissement public d'Abou Dhabi, AABAR INVESTMENTS PJSC, a approuvé, hier, le projet d'investissement dans le secteur de l'automobile avec l'Allemand Ferrostaal et le gouvernement algérien. Dans un communiqué, Aabar Investments a indiqué que le Conseil d'administration a approuvé la souscription par le Fonds d'une prise de participation de 24,5% dans la joint-venture avec l'allemand Man Ferrostaal et le gouvernement algérien (ministères de l'Industrie et de la Défense). L'approbation concerne la première des trois usines prévues en Algérie sur des sites à Tiaret, Aïn Smara et Oued Hamimine. Le communiqué d'Aabar Investments précise « qu'il ne s'agit que d'un premier pas dans la mise en exécution du mémorandum d'entente entre le Fonds, le gouvernement algérien et Ferrostaal, Rheinmetall, Daimler, Deutz, and MTU ». Ainsi que nous le pronostiquions (Le Quotidien d'Oran du 14 février), le fonds d'investissement d'Abou Dhabi a confirmé son engagement sur le projet prévoyant la construction de 10.000 véhicules en Algérie. Les difficultés financières de la cousine Dubaï n'ont pas eu d'incidence sur les projets d'investissement du Fonds. En précisant que l'approbation de la participation de 24,5% n'est qu'un « premier pas », Aabar Investments montre clairement qu'il n'en restera pas là et que l'objectif est bien de réaliser les trois usines prévues dans le projet. La nouvelle est, en tout cas, très satisfaisante pour le gouvernement algérien. Son option «politique» d'aller vers la création d'une industrie automobile en Algérie même pour briser la logique du tout-import avait rencontré beaucoup de scepticisme. Avec Aabar Investments, se profilent des fleurons de l'industrie allemande. Aabar est, en effet, le principal actionnaire du géant automobile allemand Daimler où il a acquis 9,1% du capital en 2009 pour 2,7 milliards de dollars. D'un autre côté, Abu Dhabi International Petroleum Investment Company, l'un des plus grands intervenants dans Aabar Investments, détient 70% de MAN Ferrostaal qui sera en charge du pilotage de la construction des usines. En effet, selon les termes de l'accord annoncé en août 2009, MAN Ferrostaal sera responsable du projet, les autres entreprises siégeant dans la joint-venture, en qualité de partenaires technologiques, fournissant les licences et la propriété intellectuelle. La brèche qui donne à réfléchir Cette association entre Aabar, les entreprises allemandes et le gouvernement algérien a ouvert une première brèche. C'était en août 2009, quelques semaines seulement avec l'entrée en vigueur de mesures destinées à brider les importations comme le bannissement du crédit auto. Même relativement modeste - 10.000 véhicules par an -, le projet ne pouvait que donner à réfléchir aux constructeurs dès lors que l'Etat algérien, à travers le MDN et sans doute les offices et administrations publics, s'annonçait déjà comme le principal client. En d'autres termes, le gouvernement algérien, outre des incitations fiscales comme un taux de TVA préférentiel et l'exonération de droits de douanes pour les inputs des productions locales, mènerait une politique d'achat en faveur de ce qui est produit localement. Les achats des véhicules de la part des administrations publiques constituent un marché non négligeable. La brèche Aabar Investments, couplée aux mesures de dissuasion et d'incitation, n'est pas sans lien avec le projet de Renault de réaliser une co-entreprise avec SNVI à Rouïba pour produire quelque 50.000 voitures à destination du marché algérien. Il est devenu clair, depuis la LFC 2009 et les entraves aux importations, qu'il sera plus rentable de produire sur place. Avec Aabar et Renault, on a les signes Le communiqué d'Aabar ne précise pas où sera installée la première des trois usines prévues, mais il est vraisemblable que ce sera Tiaret où le site est déjà prêt.