«Nous venons de constater que le phénomène de la toxicomanie qui aboutit aux tendances suicidaires vient de faire une intrusion remarquée chez l'élément féminin où l'on recense désormais le plus grand nombre de tentatives de suicide qui, malheureusement, aboutissent souvent. Ceci dit, l'augmentation constante du phénomène qui touche même des enfants de 8 ans, ne manque pas de provoquer en nous une profonde inquiétude, de même qu'elle fait peur aux familles». Cette révélation est faite par le Dr Hamid Haroun, médecin généraliste à l'hôpital du Khroub, qui dirige le programme «ville-santé» de cette ville depuis l'année 1996, ainsi que le centre de santé communautaire. En compagnie d'un collègue psychiatre, en l'occurrence le Dr Benouakta de l'hôpital psychiatrique de Djebel Ouahch, ce praticien s'est exprimé au cours d'une conférence-débat organisée, hier matin au CHU de Constantine, par l'unité d'aide psychologique de cet établissement et l'association des psychologues de la wilaya sur «le thème de l'adolescent, la toxicomanie et les tentatives de suicide». Cette manifestation vient après le séminaire international sur la «ville-santé» qu'a abrité la ville du Khroub le 7 avril dernier. Le conférencier a traité de la toxicomanie du point de vue de la santé communautaire et sociétale en s'appuyant sur l'expérience menée au niveau de la ville du Khroub depuis 14 ans, par le biais d'un programme mis en place il y a de cela trois ans, avec le concours de l'ONG suisse «Terre des Hommes», indiquant que les causes générales de la toxicomanie chez les jeunes et les adolescents résident en général dans l'environnement familial et le milieu dans lequel évolue le jeune. Il a aussi parlé de l'impact du phénomène dans la ville qui se traduit par l'apparition des lobbies de la drogue, des personnes déviantes et par la hausse de l'insécurité et de la criminalité. Invité à fournir des chiffres, le Dr Haroun a répondu que cela est encore prématuré, car, a-t-il précisé, les statistiques qui seront établies par le programme en cours, ne seront probablement connues que vers la fin de cette année. «Quand on aura terminé notre programme, toxicomanie en milieu éducatif, nous aurons des résultats beaucoup plus affinés», a dit le conférencier. «Pour l'instant, je soulignerais qu'il y a beaucoup plus de tendances que des résultats précis !», a-t-il dit. Il consentira quand même à lever un petit voile en indiquant que, si pour la tranche 8-15 ans, il a été recensé un nombre de 25 toxicomanes au Khroub du fait que ceux-ci sont amenés au centre par leurs parents, celui des adolescents dont l'âge se situe entre 15 et 19 ans, qui sont certainement les plus nombreux, reste difficile à établir du fait même qu'il est quasiment impossible d'approcher cette catégorie «insaisissable», dira-t-il. En outre, et en l'absence de statistiques nationales, il rappellera, de mémoire et à titre tout à fait indicatif, que la gendarmerie nationale avait recensé en 2005 plus de 768 tentatives de suicide à travers le territoire national dont les auteurs étaient à 70% des femmes. «Les pouvoirs publics ont mis en place des programmes de santé concernant la femme, l'enfant, moi je préconise la mise sur pied urgente d'un programme national de santé de l'adolescent», a conclu le Dr Haroun.