Loin du berceau qui vous accueille à la naissance et de la terre qui supporte vos premiers pas, vous les chérirez toujours et sans limites tant ils vous manqueront. Il y a une vie algérienne de l'immigration. Une Algérie qui fait bien des choses pour apparaître et exister ailleurs. Ce sont des centaines de citoyens anonymes qui sont engagés dans des dizaines d'associations civiles, de clubs et cercles en tout genre qui, à la moindre occasion, se saisissent du moment pour dessiner des «cartes postales» du pays et hisser haut l'emblème national. En ce début novembre, lors du festival du film méditerranéen de Bruxelles, Soraya, Mokhtaria, Nadjet et la petite fille de Souad ont improvisé un «Stand Algérie» dans le hall des expositions du site du festival. «Nous avons insisté auprès de l'organisateur pour un stand. Selon lui, il fallait s'y prendre bien des mois à l'avance. A force d'insister, il a fini par nous accepter et nous sommes situés à l'entrée. Ce n'est pas grave, l'essentiel est que nous sommes présents», me dit Mokhtaria, jeune femme impliquée par ailleurs dans le monde associatif et celui des médias. Elle ne croyait pas si bien dire, la place du stand « improvisé » de l'Algérie s'est trouvée être le point de passage principal des festivaliers et visiteurs. Quelques livres d'histoire, des tableaux de peintures, des gravures, divers articles de l'artisanat local, des dattes, des gâteaux traditionnels, du thé chaud et immense emblème national accroché au mur de face. La petite de Souad est habillée en habits traditionnels. La fanfare du festival a ouvert le bal devant le stand Algérie, avant de poursuivre son chemin devant ceux du Maroc, de Tunisie ou du Liban et bien d'autres. Quelques jours après, voitures, bus et trains ont emmené des centaines, des milliers même, d'Algériens de Belgique au Luxembourg, tout proche (plus de 300 kilomètres), pour soutenir l'équipe nationale dans le match amical contre les Luxembourgeois. Les week-ends de novembre et début décembre ont vu la production d'un nombre d'artistes et chanteurs défiler à Bruxelles. Nabila Belkacem, spécialiste de l'histoire de l'art, a surpris ses compatriotes par l'organisation de deux galas de musique chaâbi. Le premier intitulé «Gosto» a vu défiler une pléiade de jeunes interprètes venus du bled aux côtés d'anciens d'Algérie comme Maurice Médioni. Le deuxième a été animé par El Hadi El Anka, en hommage à son père l'inégalable cheikh El Anka. Parfois, lorsque la conjoncture des événements l'exige, nos compatriotes n'hésitent pas à franchir le pas de la culture et du sport pour passer à celui de la politique et de l'engagement pour des causes justes: la Palestine ou le Sahara Occidental réunissent souvent les Algériens de Belgique dans des manifestations de soutien et d'aide. Cette effervescence du monde associatif a toujours existé. Kacimo, par exemple, a réussi à ramener la caravane culturelle d'Algérie à deux reprises. Nos compatriotes ont eu à apprécier le spectacle donné par le ballet national et les troupes musicales. Un vrai succès, alors que Kacimo est un simple travailleur qui se dévoue à son pays d'origine quand le temps lui permet. Au centre culturel arabe autant que celui du Maghreb, des conférences, débats, expositions diverses, soirées thématiques sur l'Algérie, son histoire, sa culture, etc. sont organisés régulièrement par un nombre d'associations, parfois même sur une initiative individuelle ou d'un groupe d'intéressés. A l'université de Louvain-la-Neuve, l'une des plus réputées d'Europe, Mme Mecelem qui préside une association féminine a eu l'honneur d'accueillir la princesse Mathilde et son époux le prince Philippe lors de l'organisation d'un séminaire à haute valeur culturelle ajoutée. A Bruxelles, Ghezala Cherifi, très active dans le monde politique local belge (elle fut élue communale à une commune bruxelloise) et celui associatif, réunit, grâce à son association AWSA (féminine), souvent ses compatriotes (et bien d'autres communautés) lors d'événements en rapport avec l'immigration, la culture d'origine, etc. Ghezala a vécu bien des épisodes difficiles en raison de son engagement sur la question sahraouie. La communauté marocaine, majoritaire en Belgique, travaille à la saper sur le plan politique local. Cela n'entame en rien la force et la volonté de notre compatriote. Bien sûr, ce foisonnement dans la vie de tous les jours en Belgique est, quelques fois, générateur de quelques jalousies et frictions, sans grande importance sur le rendement global de la « présence » algérienne en Belgique. Parfois cela aiguise la concurrence et pousse ces acteurs, sympathiques au fond, à redoubler d'imagination pour offrir le meilleur événement avec une fierté non dissimulée. Pour tous les efforts que vous déployez pour que l'Algérie ne soit jamais si loin de vos compatriotes, cette dédicace, en attendant vos surprises de fin d'année. Bonne année.