Portés disparus quinze jours auparavant, les corps de trois pêcheurs demeurent toujours introuvables, en dépit des intenses recherches menées par les plongeurs de la protection civile. D'autres pêcheurs de leurs connaissances ont également entrepris, mais vainement, en parallèle, le ratissage de la zone et ses alentours immédiats où a été signalée leur disparation. Leur malheureux sort constitue, depuis le 1er février dernier, date de la terrible annonce, le principal thème des discussions dans la commune côtière d'Aïn El Turck, leur lieu de résidence. Ce jour-là, aux environs de 13 heures 30, en dépit d'une forte houle, ils ont pris la mer à partir d'une plage de la localité côtière de St Germain, sur le littoral Ouest, pour tenter de ramener leurs filets. Plus de deux semaines après leur disparition, la consternation et l'amertume se lisent toujours sur les visages de ceux qui les ont côtoyés. Amis, proches et voisins s'informent mutuellement chaque jour sur l'éventuelle découverte de leurs corps. Certains se sont même déplacés vers les régions côtières limitrophes à celle d'Oran pour se renseigner à ce sujet. «Je suis allé à Mostaganem, la semaine dernière, pour m'enquérir, notamment à ce sujet, auprès de pêcheurs de ma connaissance. A la faveur des courants marins, il existe une possibilité pour que leurs corps soient rejetés sur une plage située dans cette région. Je leur ai donné mes coordonnées pour qu'ils puissent me contacter si c'est le cas », a affirmé un adepte de la pêche côtière de ladite commune. Les pêcheurs fréquentant cycliquement les plages de Beau Séjour, St Germain et Paradis, qui étaient le lieu de prédilection des trois malheureux disparus, ne cessent d'évoquer des anecdotes à leur sujet. Des supputations les plus folles sont malheureusement véhiculées à propos de cette disparition par des personnes en quête de sensations fortes. Toujours est-il que c'est leurs parents qui sont les plus traumatisés par l'ampleur des commérages de rues à ce propos. Le père de l'un des trois malheureux pêcheurs refuse toujours d'accepter l'évidence et persiste à croire que son fils se manifestera un jour. «Nous évitons d'aborder ce sujet avec lui. Il peut devenir violent si on le contredit», a déploré l'un de ses voisins, avant de renchérir avec amertume : «Nous compatissons, en espérant qu'il acceptera la réalité le jour de la découverte du corps de son fils». Hormis la famille de ce dernier, les deux autres ont organisé des funérailles et accompli la prière de l'absent 24 heures après l'annonce de la disparition des leurs. Un grand élan de solidarité a marqué l'organisation de ces funérailles en faveur de ces deux familles qui vivent au seuil de la pauvreté. Ce malheureux état de fait a beaucoup chagriné le frère de l'un d'eux, un adolescent, qui a tenté de mettre fin à ses jours en ingurgitant des médicaments. Fort heureusement, il a été sauvé in extrémis par l'équipe médicale de l'hôpital d'Aïn El Turck vers lequel il a été évacué en urgence. «Nous espérons tous retrouver leurs corps le plus tôt possible. Leurs parents, leurs proches et leurs amis n'éprouveront l'apaisement que lorsqu'ils seront inhumés», a expliqué avec tristesse un quadragénaire, un pêcheur habitué de la plage de St Germain où demeure, dans un ancien garage à bateau, l'une des familles des trois disparus.