A croire le premier responsable du groupe Sonelgaz, l'opérateur historique n'est pas responsable des coupures intempestives de courant qui plongent dans le noir de nombreuses contrées du pays, suscitant le courroux de la population. Il soutient que depuis 2002, le secteur a été restructuré à la faveur de la loi sur l'électricité et le gaz qui a permis la création de sociétés autonomes chargées de la production, du transport et de la distribution de l'électricité et du gaz telles la SPE ou bien SKH, SKS et Kahrama. Selon lui, toutes ces sociétés doivent assurer le service public sous l'autorité de la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG) où l'Etat demeure le seul garant et responsable du service public et dans lequel Sonelgaz n'intervient plus directement. Il a expliqué que le holding Sonelgaz ne gère plus ni le réseau ni les clients tel que le prévoient ses statuts. Au sujet de la tension actuelle, le responsable de Sonelgaz explique qu'elle résulte de la forte consommation d'électricité en raison de la canicule. Les coupures d'électricité signalées à travers le territoire national s'expliquent par la défaillance des réseaux de distribution moyenne et basse tension, a confié récemment le P-DG du groupe Sonelgaz, M. Noureddine Bouterfa, à l'APS. Si le système de production transport fonctionne dans de très bonnes conditions, a-t-il affirmé, ce n'est pas le cas pour le réseau de distribution. A ce titre, il a rappelé que les filiales se doivent d'assumer leurs responsabilités «y compris dans les moments de crise». L'émergence d'un nouveau comportement s'est traduite par l'utilisation excessive de climatiseurs et autres appareillages électroménagers entraînant un taux de consommation de l'énergie produite par les ménages, atteignant 60%, alors que dans d'autres pays, il ne dépasse pas 30%. Cette tendance, rajoutée aux actes de piratage et d'agression, entraîne des défaillances dans le réseau de distribution, surtout les postes transformateurs dont la capacité se retrouve sensiblement diminuée sous l'effet des fortes chaleurs. Si l'on se base sur ces explications techniques, on réalise donc qu'à différents niveaux de responsabilité, on savait à l'avance que la situation évoluait vers sa complication, particulièrement avec la libération de centaines de cadres compétents. Aujourd'hui, il est difficile de savoir jusqu'à quand dureront les déboires du consommateur puisque la situation s'est dégradée au fil du temps, passant des délestages programmés aux pannes intempestives qui plongent des milliers de foyers dans l'obscurité, particulièrement en cette période caniculaire éprouvante qui a marqué le mois de Ramadhan. Conséquence de ces 'pannes techniques'', les ménages de même que les commerçants (bouchers et boulangers particulièrement) sont lourdement pénalisés par le préjudice lié aux dommages occasionnés aux appareillages électriques dont sont dotés leurs demeures ou commerces, ceci, outre les graves risques de rupture de la chaîne de froid, comme en témoignent d'ailleurs les nombreux cas d'intoxication signalés çà et là à travers le pays, récemment. Au titre des dégâts occasionnés, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) avance, pour sa part, le chiffre de 300.000 commerçants plus ou moins touchés par le phénomène récurrent des coupures de courant, entraînant un préjudice de l'ordre de 2 milliards de DA. Pour les ménages cependant, il est difficile à cerner d'autant qu'ils ne sont pas nombreux les cas de réclamations auprès des structures locales de distribution électrique, ne connaissant pas suffisamment leurs droits et en l'absence d'une sensibilisation dont M. Seldja Chaabane, secrétaire général de la Fédération algérienne des consommateurs (FAC) et président de l'association de la protection des consommateurs de la wilaya de Skikda, déplore le manque. Si en théorie, le dédommagement des victimes de pannes de courant est prévu, la procédure prévoit le dépôt d'une déclaration de sinistre à l'agence commerciale concernée dans un délai maximum de 48 heures et une facture comportant les réparations effectuées dans un délai de 7 jours. Ainsi finalisé, le dossier sera déposé auprès de l'assureur de la société de distribution concernée pour une éventuelle indemnisation. 'Que de lourdeurs bureaucratiques qui découragent les citoyens peu nombreux qui déposent une déclaration de sinistre, pourquoi la société de distribution n'allège-t-elle pas la procédure en remettant elle-même le chèque du remboursement des dommages, au lieu de laisser le client se débrouiller avec l'assureur ?'', s'est interrogé M. Seldja qui a révélé qu'à plusieurs occasions, il a insisté sur l'aspect sensibilisation des consommateurs en proposant des actions communes entre les filiales Sonelgaz et les associations locales ou nationale de protection du consommateur mais sans grand succès. 'Pourquoi priver les victimes de dédommagements à partir du moment où les filiales Sonelgaz sont assurées ? En qualité d'association, on peut accompagner le citoyen même devant les instances judiciaires en nous constituant partie civile comme le prévoit la loi 03/09 de février 2009 relative à la protection du consommateur et à la répression des fraudes afin de permettre aux sinistrés de recouvrer leurs droits'', a martelé M. Seldja qui a assuré qu'à l'avenir, de nombreuses actions seront initiées pour mettre à la disposition des consommateurs un cadre plus approprié pour faire aboutir leurs revendications.