Tous les partis et organisations sociales omblicalement attachés au pouvoir ont à un moment ou à un autre ces derniers temps publiquement affiché leur soutien à un quatrième mandat pour Bouteflika. Leurs responsables en exercice justifient cette position en faisant valoir qu'elle découle de la conviction qu'elle va dans le sens du vœu de la majorité des Algériens. En apparence donc ces partis et organisations sociales vont constituer la machine électorale du président candidat s'il annonce qu'il sera effectivement partant pour briguer une troisième fois sa propre succession. Mais si pour ceux d'entre ces partis et organisations qui avaient adopté la même position en 2004 et 2009, il n'en avait pas résulté de remous et de dissidences internes à l'exception du FLN qui en a été secoué à la première date, leur intention affichée de la rééditer pour l'élection présidentielle d'avril 2014 risque de leur valoir de connaître des déchirements de grandes amplitudes. Il apparaît en effet de plus en plus évident qu'au sein même de ces partis et organisations que la perspective d'un quatrième mandat pour Bouteflika ne fait pas l'unanimité que leurs porte-parole officiels invoquent avec aplomb dans leurs déclarations d'allégeance au président. Des prémices mêmes de fronde se dessinent au sein de certains de ces partis et organisations visant à mettre en échec leur alignement annoncé en faveur d'un quatrième mandat. La particularité du mouvement de refus d'un quatrième mandat qui se cristallise dans ces milieux est qu'il n'a pas pour initiateurs des anti-Bouteflika militants mais des personnes qui tout en admettant qu'il a beaucoup fait pour le pays durant ses quinze années de pouvoir estiment qu'en raison de son état de santé, il n'a plus les capacités physiques d'assumer pour quatre années encore les lourdes charges de la fonction présidentielle. Le mouvement pourrait s'amplifier et c'est un secret de Polichinelle que des forces occultes au sein du pouvoir elles-mêmes opposées à la perspective d'un quatrième mandat de Bouteflika s'activent à en favoriser l'embrasement. Dans ces bras de fer internes qui se dessinent au sein de certains de ces partis et organisations ayant fait acte d'allégeance au clan présidentiel, l'on assiste à l'évidence à une tentative de retournement contre celui-ci de sa stratégie du « redressement » et du « coup d'Etat en interne » qu'il a mis en œuvre pour s'assurer le contrôle de leurs appareils organiques. Ce qui explique que la crise au FLN ne s'est pas éteinte après que le camp présidentiel ait pris sa direction, que le feu couve encore au sein du RND malgré l'apparente « concorde » que Bensalah semblait avoir instaurée au sein de ses rangs. Qui explique aussi que l'UGTA elle-même se retrouve à couver un vent de fronde anti-quatrième mandat. Les quatre mois qui restent avant le scrutin de la présidentielle vont être à coup sûr riches en surprenants rebondissements dans les partis et organisations satellites du pouvoir. Une certitude en tout cas se fait jour, c'est celle que le camp des traditionnels pro-Bouteflika est moins monolithique et hégémonique qu'il ne paraît en additionnant les sigles qu'il rassemble. Plus qu'en 2004 ou en 2009, la tentation est palpable en son sein chez beaucoup d'abandonner un navire dont le capitaine donne des signes irréfragables qu'il n'est plus en situation de convaincre l'électorat que sa candidature est dictée par l'intérêt national.