529 Egyptiens ont été condamnés à mort par un tribunal pour la mort d'un officier de police lors de la sanglante dispersion des sit-in contre le coup d'Etat militaire en Egypte qui avait fait, rappelons-le, plus de mille morts parmi les manifestants. Après une répression implacable, nous voici devant un verdict ahurissant au regard du droit. Car si l'absurde tribunal d'Al Minyaqui a énoncé ce verdict c'est qu'il a la preuve que chacune des 529 personnes condamnées a commis matériellement l'acte en question. Personne ne se faisait d'illusion sur la justice égyptienne dont le rôle ne consiste qu'à donner une apparence judiciaire à une répression politique massive sur fond de délation médiatique généralisée avec l'appui des élites pseudo-démocrates. Mais personne ne s'attendait cependant à voir cette justice devenir aussi caricaturalement la voix de son maître. L'Egypte connaît une répression de masse, elle découvre les verdicts de masse. A l'aune d'un jugement aussi expéditif - le juge a tranché en deux jours ! -, les quelque 20.000 personnes actuellement en détention sont pratiquement déjà condamnées à mort. Personne ne peut croire que cette décision est une lubie d'un juge. C'est une décision politique prise par le pouvoir que le juge a décidé de valider, sans broncher. Sans la moindre hésitation, comme une machine, comme un commando de la mort. Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, en général très lent à réagir, n'a pas pu se taire devant cette condamnation de «masse» en soulignant que le verdict violait le droit international. «Le nombre stupéfiant de personnes condamnées à mort dans cette affaire est sans précédent dans l'Histoire récente. L'imposition en masse de la peine de mort après un procès qui a été marqué par des irrégularités de procédure est une violation du droit international et des droits de l'homme». Certes, ce verdict grossier peut faire l'objet d'un appel et il sera peut-être cassé à la suite des réactions de répulsion que suscite ce verdict qui fait honte à la justice. Mais la procédure en Egypte peut se traduire par un long supplice d'attente, en prison, qui peut durer de nombreuses années avant que ne tombe le verdict en appel. Personne ne doit se tromper, la justice n'existe plus en Egypte, c'est un verdict politique pas une décision judiciaire. C'est clairement un message de terreur à ceux qui continuent, pas seulement parmi les Frères musulmans, à s'opposer au coup d'Etat et à ne pas apprécier l'avènement d'un nouveau général-raïs. L'Egypte sombre dans une vendetta généralisée menée par les tenants du régime qui ont repris totalement les commandes. LA CONTRE-REVOLUTION MENEE PAR LE GENERAL SISSI, DEVENU MARECHAL, AVEC L'APPUI DES «DEMOCRATES», SE DURCIT. ELLE VISE LES FRERES MUSULMANS MAIS ELLE NE SE LIMITE PAS A EUX. ELLE CIBLE TOUS LES EGYPTIENS QUI DEFENDENT LES LIBERTES. LE GROSSIER VERDICT DE MORT EN MASSE EST UN MESSAGE INQUIETANT POUR EUX. IL NE LAISSE AUCUNE PERSPECTIVE POLITIQUE. IL ENFERME DANGEREUSEMENT LE PAYS DANS UNE LOGIQUE DE VIOLENCE. LE MARECHAL SISSI «GAGNE», L'EGYPTE PERD. SA PAIX CIVILE, DEJA MISE A MAL, VA ETRE ENCORE PLUS AFFECTEE. CAR QUAND LA JUSTICE N'EST PAS UN RECOURS, NI UN ARBITRE, MAIS UN INSTRUMENT DE GUERRE, LES PERSPECTIVES NE PEUVENT QU'ETRE SOMBRES.