Il y a quelques semaines j'ai lu des dépêches d'agences relatives à la réaction de l'opposition burkinabé quant à l'amendement de la Constitution de ce pays, proposé pour un troisième mandat au profit du président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans. Devais-je donner mon point de vue, devais-je dire quelque chose, qu'est ce qui est arrivé à la fin du mois d'octobre, y-a-t-il eu fausse donne, y-a-t-il eu manipulation, l'opposition burkinabé est-elle aussi forte pour mobiliser les citoyens et les pousser à la rue pour refuser l'amendement de la Constitution et faire barrage à la candidature de Blaise Compaoré, non je n'ai pas à dire quoi que ce soit, ce n'est pas de mon ressort de dire quoi que ce soit, ni à m'ingérer dans les affaires d'autrui. Cependant, en tant que journaliste je suis à même de voir les choses comme elles se présentent. Je dois au départ m'interroger sur ce qui s'est passé à Ouagadougou en cette fin octobre. Est-ce que les citoyens burkinabés aspirent au changement au point ou ils ont été les premiers à créer un printemps africain alors que le continent noir nous a habitués et a habitués le monde aux coups d'état ou un sergent-chef, un sous officier ou un officier peut changer le cours des choses dans tel ou tel pays africain. Les manifestants burkinabés ont investi le parlement en premier puisque c'est là ou devait se jouer la partie gagnante de Compaoré et ont démontré, peut être, que rien ne peut arrêter la volonté populaire, pour ensuite s'attaquer à tout ce qui, à leurs yeux, représente le pouvoir dont les médias lourds que sont la radio et la télévision. Cette technique est la même dans les pays sous-développé, la télévision et la radio d'état sont supposés être ceux des occupants du palais présidentiel, et comme le font habituellement les militaires au cours du coup d'état, les manifestants burkinabés ont agi de la même façon. Lors des évènements du printemps arabe la télévision n'a pas été l'une des premières cibles puisque les masses en colère se sont attaqués aux symboles du pouvoir et chassés les occupants des palais présidentiels et des ministères de souveraineté surtout, tels celui de l'intérieur et les services de police puisque c'est à ce corps que revient la mission de maintien de l'ordre public et qui du coup devient le symbole de la répression du peuple. A Ouagadougou les manifestants en colère ont tout saccagé sur leur chemin et ont eu affaire à l'armée qui a pris le pouvoir juste après la fuite du président Compaoré, laquelle armée a installé son comité de gestion de la crise intervenue après la vacance de pouvoir. La question qui se pose, est ce que l'armée burkinabé a pris le pouvoir à Ouagadougou ou est ce que les militaires ont réagit pour maintenir l'ordre et éviter que la situation ne dégénère et dérape, en contenant les manifestations de contestation, ou a-t-elle, comme le dit l'opposition, confisqué le pouvoir. L'on sait que l'homme fort du moment le lieutenant-colonel Isaac Zida a promis de rendre le pouvoir aux civils, ce que l'opposition met en doute, a-t-elle raison ou sera-t-elle démentie par les évènements qui interviendront dans les jours qui viennent. La pression de la rue, le rôle de la France dans cette crise, le rôle de l'Union Africaine dans ses négociations avec les militaires qui ont pris le pouvoir afin que les civils puissent le reprendre, la pression de l'Union Européenne qui a appelé à des élections démocratiques pourront-elles permettre aux militaires de faire marche arrière et de constituer un gouvernement de transition qui gèrera le pays en attendant que les choses s'éclaircissent davantage et dresser un agenda devant mener à des élections et à la mise en place d'un pouvoir civil constitutionnel. Outre la gravité de la situation que connait la capitale burkinabé et la légitimité de la demande populaire à un changement démocratique, il y a lieu de s'interroger si la réaction de la rue, bien sur poussée par les revendications de l'opposition, va-t-elle entrainer un effet boule de neige dans les autres pays africains rongés par la misère, la mal-vie, les guerres tribales, la pauvreté, les maladies et autres maux. Est-ce que les choses vont changer dans le reste des pays africains, y aura-t-il un printemps africain qu'entrainera le Burkina Faso et les masses qui se sont mises en travers de la décision de Blaise Compaoré d'amender la constitution afin de briguer un troisième mandat, lui qui est resté 27 ans à la tête de l'état, bien sur cautionné par ses amis européens qui lui ont toujours fournit protection et prêts financiers d'où la pauvreté qui règne en maitre absolu dans ce pays, comme c'est le cas de pas mal d'autres nations africaines. La France a sauvé sa face en facilitant le départ de Compaoré vers une destination choisie afin de sauver sa peau et qu'il puisse terminer sa vie dans le calme et la prospérité. Quels jours attendent les burkinabés après la fuite de leur président, que feront les militaires qui ont pris le pouvoir, vont-ils le rendre aux civils comme le veut l'Union Africaine, vont-ils organiser des élections transparentes et inclusives comme le veut l'Union Européenne, ou feront-ils comme bon leur semble. Quel rôle attend l'opposition burkinabé qui souhaite un véritable changement, une démocratie et un pouvoir entre les mains du peuple. Y parviendra-t-elle a imposer son printemps africain, y-aura-t-il un vrai printemps dans le reste des pays africains ou la mal-vie règne en maitre, poussant des populations entières à prendre le large et rêver d'une vie paisible dans d'autres contrées, européennes bien sur ou on leur dit que tout y est et que rien ne manque alors que la réalité est tout autre. Cette jeunesse africaine part dans des embarcations de fortune pour mourir en mer. Est-ce que les choses vont changer avec ce qu'ont fait les habitants de Ouagadougou en créant leur propre printemps. Les jours qui viennent nous éclaireront davantage, attendons pour voir.