Deuxième jour de l'audition des témoins, la salle accueille une assistance clairsemée et les réponses des témoins ne changent presque pas : retrait d'argent des caisses sans documents et affectation de sommes d'argent plus ou moins importantes, en plus des prêts bancaires souvent non remboursés. Le premier témoin à être appelé à la barre est Mokadem Tahar qui était fonctionnaire au sein de la BDL Staouéli puis directeur de l'Agence Khalifa Bank de Chéraga en 1998. Mokadem a été entendu en tant qu'inculpé lors du procès de 2007 mais il est entendu actuellement en qualité de témoin dans ce procès en appel de l'affaire Khalifa après qu'il ait purgé la peine de 5 années de prison à laquelle il a été condamné. En réponse à une question du juge Antar Menouar, président du tribunal criminel près la cour de Blida, le témoin reconnaît que Khalifa Abdelmoumène lui avait versé l'argent à partir de son compte pour l'achat d'une villa, mais il affirme qu'il a remboursé la totalité de la somme empruntée à l'administrateur et non à Khalifa lui-même, bien que cela ait été un prêt personnel plutôt qu'un prêt bancaire. Poursuivant son témoignage, M. Mokadem rappelle qu'il n'a jamais assisté à la signature d'aucune convention, même celle avec l'Olympique de Marseille. Concernant les prêts alloués par la banque, le témoin déclare qu'ils ont été faits par écrit et des copies des conventions gardées. Au cours de son audition, le témoin a affirmé qu'une importante personnalité est passée par la banque pour prendre la somme de 18 milliards de centimes pour une équipe de football, mais il n'a pas cité le nom de cette personnalité. Il a aussi reconnu avoir employé certains de ses parents au sein de la banque Khalifa. GUERS HAKIM: L'EXCEDENT D'ARGENT ETAIT TRANSFERE PAR AVION VERS LA CAISSE PRINCIPALE DE CHERAGA Les premiers jours après l'ouverture de l'agence d'Oran de Khalifa Bank, il était exigé de l'argent liquide de la part des clients afin de faire marcher l'agence car cette dernière n'avait pas encore un compte auprès de la Banque d'Algérie, a déclaré l'ancien directeur de cette agence, M. Guers Hakim qui a été appelé à la barre en qualité de témoin après avoir été inculpé lors du procès de 2007 et purgé la peine de 10 ans de prison à laquelle il a été condamné. Quant aux sommes excédentaires, elles étaient transférées par avion vers la caisse principale de Chéraga, a-t-il encore expliqué. Au cours de son témoignage, M. Guers a affirmé qu'une personne dénommée Baichi se rendait régulièrement à l'agence d'Oran pour se faire remettre des sommes assez importantes en devises. Questionné sur la régularité de ces opérations, le témoin affirme que c'était ainsi que cela se passait au niveau de la banque Khalifa. Mais il soutient maintenant que Khalifa ne lui a jamais ordonné de remettre de l'argent en monnaie forte à Baichi Fawzi. Le juge lui rappelle alors que lors de ses déclarations devant le juge d'instruction, il avait affirmé recevoir des ordres par téléphone émanant de Khalifa Abdelmoumène pour remettre les sommes demandées à Baichi. « Est-ce la présence de Khalifa Abdelmoumène qui vous a incité à changer vos déclarations ? », demande le juge au témoin. Quand le juge lui demanda s'il remettait aussi de l'argent de la même manière quand il était à la BDL, le témoin lui répond que ce n'est pas la même chose. Quant aux sommes que prenaient le dénommé Baichi, le témoin affirme que c'était dans le but de les transférer vers la caisse principale de Chéraga et que ce transfert se faisait légalement. Le même témoin reconnaît aussi avoir octroyé la somme de 200 millions de centimes à l'association Radieuse d'Oran et que cela était sur ordre de la direction générale. Dans le sillage de son témoignage, M. Guers déclare avoir remis de l'argent à l'équipe du MCO pour lui permettre de jouer un match en Mauritanie. En outre, il reconnaît que M. Baichi se rendait fréquemment au niveau de l'agence d'Oran pour se faire remettre des sommes d'argent destinées aux responsables d'entreprises nationales pour les inciter à déposer des fonds auprès de Khalifa Bank. Enfin, le même témoin nie qu'un trou de 45 millions de dinars ait été découvert au niveau de l'agence d'Oran de Khalifa Bank mais affirme que ce n'était que des écritures comptables en suspens. L'autre témoin appelé à la barre a été M. Benamor Farid qui avait occupé le poste de président de la commission des œuvres sociales de l'éducation et a été condamné en 2007 à 3 ans de prison sous le chef d'inculpation de corruption. Après avoir purgé sa peine, il est convoqué en qualité de témoin dans ce procès en appel. Il déclare que la commission qu'il dirigeait avait fait un dépôt de 500 millions de dinars chez Khalifa Bank à cause des taux d'intérêt qui arrivaient jusqu'à 12%. Il reconnaît aussi avoir bénéficié d'une carte de gratuité de transport par le biais des avions de Khalifa Airways, qu'il n'a d'ailleurs utilisé qu'une seule fois car il bénéficiait déjà, dans le cadre de son travail, de billets d'avion gratuits. Un autre témoin a été entendu au cours de la journée d'hier samedi par le juge Antar Menouar: Mustapha Menad, le frère de Djamel Menad, un joueur de football international très connu. M. Menad Mustapha a été condamné en 2007 dans la même affaire à 3 ans de prison ferme, peine qu'il a déjà purgée et c'est ainsi qu'il a été convoqué en qualité de témoin. Le témoin occupait le poste de directeur des finances au sein de la CNAS et déclare que l'institution où il travaillait a effectué un dépôt de 1000 milliards de centimes auprès de Khalifa Bank mais a réfuté l'accusation d'avoir bénéficié d'une carte de thalasso car la CNAS envoyait des dizaines d'assurés sociaux malades faire des cures de thalassothérapie et que c'était lui qui signait les conventions avec le centre de Sidi Fredj, et il lui était donc facile de bénéficier de carte d'accès en thalasso. Enfin, il déclara qu'en ce qui concerne son voyage à Lyon à bord des avions de Khalifa Airways, ce n'était pas gratuit mais avec une réduction de 50% après que la CNAS ait signé une convention avec Khalifa Airways pour obtenir une telle réduction.