Des témoins ont été auditionnés dans l'après-midi de jeudi par le juge Antar Menouar dans le cadre du procès de Khalifa Bank, qui se tient au tribunal criminel près la cour de Blida. L'ex-directeur de l'agence de Khalifa Bank d'El Harrach (Alger), Aziz Djamel, qui comparait en tant que témoin, est revenu sur les déclarations qu'il avait tenues devant le juge d'instruction. Répondant aux interrogations du président de la séance, le juge Antar Menouar, le témoin Aziz Djamel s'est rétracté quant aux propos qu'il avait tenus s'agissant de la remise de sommes d'argent sur instruction d'Abdelmoumène Khelifa, au profit des cadres du défunt groupe. Le témoin a nié aussi avoir reçu de cartes permettant de bénéficier des services du centre de thalassothérapie de Sidi Fredj (ouest d'Alger), ainsi que des billets d'avions gratuits de Khalifa Airways au profit des cadres d'entreprises ayant placé leur argent auprès de l'agence d'El Harrach de Khalifa Bank. Aziz Djamel, ancien fonctionnaire du CPA avant de rejoindre Khalifa Bank, a été condamné lors du procès de 2007, à 10 années de prison plus une amende et la saisie de son appartement situé à Cheraga. Voulant mettre à l'aise le témoin, le président de la séance a déclaré que "le juge s'intéresse aux faits en relation avec les accusations" reprochées aux accusés, rappelant qu'Aziz Djamel répondait en tant que témoin et pas en accusé. Le procureur général Mohamed Zerg Erras a estimé, pour sa part, que "le sort des accusés en dépendait des déclarations des témoins". Kerrar Slimane, qui était responsable des finances à la Caisse nationale des retraités (CNR), a soutenu qu'il n'avait pas des "prérogatives" à même de lui permettre de faire changer l'avis au conseil d'administration de la Caisse qui avait décidé de placer l'argent de la CNR dans les agences de Khalifa Bank. "Je présente seulement la situation financière de la caisse, pas plus", a-t-il dit au juge, tout en reconnaissant avoir bénéficié de 100 millions de centimes qui lui ont été remis dans son bureau.
Abdelmoumene Khelifa donnait des "instructions verbales" pour remettre de l'argent sans traçabilité Le DGA de la caisse principale de la banque Khalifa, Akli Youcef, a admis jeudi devant le tribunal criminel de Blida qu'il répondait à des "instructions verbales" de la part de Abdelmoumene Khelifa, lui demandant de remettre des sommes d'argent, en devise et en dinar, ce qui a généré un mouvement d'argent sans traçabilité. Intervenant en tant que témoin dans le procès Khalifa, après avoir comparu en accusé en 2007 et purgé sa peine, Akli Youcef a révélé avoir répondu à des "demandes de la part de Rafik Abdelmoumene Khalifa consistant à remettre à sa disposition des sommes d'argent", ajoutant que "des instructions lui ont été formulées pour répondre favorablement aux demandes émanant aussi d'autres responsables activant au sein du groupe". Ces responsables sont Chachoua Hafid, Directeur général de la sécurité et du transfert d'argent entre les agences, Salim Bouabdellah, Conseiller du P-DG et Smail Krim, adjoint du P-DG. Le témoin a indiqué avoir remis des sommes allant de 1 milliard de centimes à 8 millions d'euros à des personnes qui lui ont été envoyées par Abdelmoumene Khalifa "sans que soit enregistrée le mouvement d'argent". Akli Youcef, ancien fonctionnaire à la BDL avant la création de Khalifa Bank, explique au juge qu'il se contentait de "noter dans un bout de papier les sommes d'argent qui rentraient et sortaient de la caisse", soulignant que "la caisse principale de la banque n'a jamais été inspectée" pour des raisons qu'il dit "ignorées". Le même témoin a déclaré, par ailleurs, avoir reçu "une instruction" de la part Abdelmoumene Khelifa, à travers Chachoua Abdelhafid, lui demandant de "régler" le problème du "trou financier, estimé à 3,2 milliards de DA, découvert dans les comptes de la banque". Les propos de Akli Youcef ont été niés par l'accusé principal, Rafik Abdelmoumene Khelifa, les qualifiant de "déclarations nouvelles, illogiques et qui ne sont pas applicables techniquement". Abdelmoumene Khelifa s'est posé la question: "comment se fait-il qu'un directeur d'une banque autorise des retraits d'argent sans document alors que telles pratiques mènent inéluctablement à une faillite". D'autres témoins comparaîtront dans la journée de samedi alors que d'autres témoins seront entendus ultérieurement. La séance de dimanche prochain verra la comparution de Mohamed Djellab, en sa qualité d'ancien administrateur à Khalifa Bank, ainsi que Abdelaziz Khelifa, le frère de Abdelmoumene Khelifa, en sa qualité d'actionnaire dans la banque de Khalifa, et Aiouaz Nadjia, la secrétaire personnelle de Abdelmoumene Khelifa. Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie et son assistant Ali Touati présenteront leur témoignage, lundi. Mohamed Khemoudj, ancien directeur général d'inspection à la Banque d'Algérie sera également entendu par le juge Antar Menouar.