Le secteur du transport subit de plein fouet les hausses de prix des carburants, appliquées dès le 1er janvier à 00 heure, comme le prévoit la loi de finances 2016. Résultat : les taxieurs vivent sur des charbons ardents en attendant l'arrivée de la nouvelle tarification à indexer sur les nouveaux prix de l'essence et du gasoil. Pis, la situation était chaotique, hier, où chaque taxieur n'en faisait qu'à sa tête. Certains ont mis en application de nouveaux tarifs sans attendre aucune officialisation par le ministère de tutelle. Les tarifs appliqués par les taxieurs en activité dans le milieu urbain ne sont plus uniformes, il y a des taxieurs qui se sont mis à niveau d'une nouvelle tarification informelle, appliquant des tarifs décidés de leur propre chef, alors que d'autres, même si c'est à contre-cœur, s'en tiennent encore aux anciens tarifs. Les clients se trouvent, ainsi, totalement déroutés. En tout cas, le sujet est sur toutes les lèvres. Dans le milieu du travail particulièrement, où les salariés ne parlaient que de ces nouveaux tarifs. «Combien tu as payé la place jusqu'au centre-ville ?», s'interrogeait-on mutuellement. Dans ce contexte, plusieurs accrochages sont signalés un peu partout sur les lignes urbaines, certains clients mécontents ont exigé de voir la fiche des nouveaux tarifs lorsque les taxis pratiquent des tarifs élevés. Cette situation conflictuelle a poussé hier les représentants des taxieurs et les responsables de la direction des transports à tenir une réunion pour débattre de ces hausses sauvages décidées par certains taxieurs. Le coordinateur du bureau de l'UNACT de la wilaya, M. Mahcen, nous avoue que «certains» taxieurs se sont précipités en appliquant de nouveaux tarifs, décidant de hausses entre 5 et 20 dinars sur différents trajets, mais ils ont opté pour cette hausse en se rangeant sur les tarifs appliqués par les clandestins. «Les concernés ont estimé que les clients qui paient le tarif ajusté avec les clandestins doivent aussi le faire avec les taxis réguliers», laisse-t-on entendre à ce propos. Mais, quel que soit le motif, la hausse appliquée par les taxieurs est illicite. Ces derniers n'ont pas le droit de décider d'une quelconque hausse sans l'aval de la tutelle. C'est la légalité qu'il faut respecter, même si elle est amère. Les taxieurs grognent face à cette situation, mettant toute la pression sur leurs représentants pour ramener les fiches des nouveaux tarifs. «On attend l'accord du ministère des Transports», nous dira de son côté le représentant de l'UNACT. Taxieurs et transporteurs privés en général attendant avec grande impatience cet accord mais la tutelle semble, pour le moment, adopter une attitude de «wait and see», voir comment évoluent les choses avant de décider toute augmentation des tarifs de transport et à quelle hauteur. «Les pouvoirs publics n'ont pas attendu lorsqu'il s'agissait de passer aux nouveaux prix du carburant, les stations d'essence ont mis en application ces prix le 1er janvier à 00 heures. Pourquoi alors attendre pour débloquer les nouveaux tarifs de transport ?», s'interrogent les professionnels du secteur. Certains taxieurs ont pris un congé «forcé» en attendant d'y voir plus clair. «Je ne peux pas travailler dans ces conditions, alors mieux vaut mettre le frein», rétorquent des taxieurs. «Impossible d'assurer le service avec des tarifs qui comblent à peines les charges d'essence, il y a un manque à gagner qui m'oblige soit à m'aligner sur des tarifs informels, soit à m'arrêter», lance un taxieur. Pour d'autres, ceux assurant le transport inter wilaya, une hausse entre 50 et 200 dinars a été appliquée illico presto. Pour ces cas, du transport inter wilaya, précise le représentant de l'UNACT, les taxieurs ont tout juste «plafonnés» les tarifs de 2012, considérant ainsi que «ces hausses sont légales», et qu'elles seront «très probablement suivies par une seconde augmentation ou réajustement» sur la base des nouveaux prix de carburants. Et ce n'est là qu'un petit exemple de l'effet boule de neige généré par les augmentations des prix de l'essence et du gasoil car, pratiquement, tous les prix seront inévitablement indexés sur ces matières énergétiques.