Polémique avec le Maroc, dossier libyen et présidentielle française, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, aura fait, hier, le tour de la politique régionale et internationale, dans une déclaration à la presse en marge d'une conférence sur «La liberté de culte en Algérie», au siège du ministère des Affaires étrangères. A propos des graves accusations de Rabat accusant l'Algérie de pousser les réfugiés syriens à entrer sur son territoire, le chef de la diplomatie algérienne a déclaré que la réaction d'Alger n'est qu'«une réponse à l'attitude de nos frères au Maroc». En effet, l'ambassadeur d'Algérie à Rabat a été convoqué pour se voir signifier la «profonde préoccupation» du Makhzen suite à la tentative de 54 ressortissants syriens «d'entrer illégalement, à partir de l'Algérie, sur le territoire marocain au niveau de la zone frontalière de la ville de Figuig». L'Algérie avait rejeté ces accusations et dans un communiqué de presse, le ministère des Affaires étrangères a révélé avoir convoqué, dimanche 23 avril, l'ambassadeur du Maroc, afin de lui signifier le rejet catégorique des «allégations mensongères» et lui démontrer le caractère «totalement infondé» de telles accusations. Lamamra expliquera que même si «nous avions des informations précises de nos services de sécurité» sur cet incident survenu au niveau des frontières, Alger n'avait pas pris l'initiative d'en informer l'opinion publique. Il a également mis en garde contre la tentation de faire de la tragédie des réfugiés syriens «un fonds de commerce». Rappelons que ce n'est pas la première fois que le dossier des migrants syriens est au centre de l'actualité régionale puisqu'en 2014, une attaque médiatique marocaine acharnée a été orchestrée contre l'Algérie à propos de l'affaire des Syriens refoulés du Royaume. La politique du nouveau Premier ministre marocain, Saad-Eddine El-Othmani, figure du Parti justice et développement (PJD, islamiste), est résolument hostile à l'Algérie puisqu'elle l'a placée parmi ses priorités à abattre. Quant à la crise libyenne, le ministre des Affaires étrangères a rappelé la tenue en Algérie, le 8 mai prochain, des travaux de la 11e réunion des pays voisins de la Libye, avant de revenir sur la dernière tournée du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, en Libye «pour être à l'écoute des Libyens sans intermédiaire». En janvier dernier, les pays participants à la 10e session des pays voisins de la Libye, qui s'est déroulée au Caire, ont réitéré leur soutien au processus de dialogue entre les belligérants libyens pour parvenir à une solution politique consensuelle qui permettra au peuple libyen de préserver sa souveraineté, son unité et son intégrité territoriale et de créer ses institutions de façon à renforcer la lutte antiterroriste dans le cadre de la concorde et de la réconciliation nationale. Interrogé sur l'élection présidentielle en France, Lamamra a refusé de commenter les résultats du premier tour avant de connaître l'issue du second tour, se contentant d'indiquer que Macron était «un ami de l'Algérie». Un aveu qui en dit long !