L'enquête sur le monde opaque de la finance offshore et des paradis fiscaux, menée durant une année par le International consortium of investigative journalists (ICIJ), continue de livrer les noms des personnes impliquées dans le scandale du «Panamas papers». Les nouvelles révélations du journal français Le Monde', partenaire de l'ICIJ, publiées dans son édition de dimanche, indiquent que Mohamed Reda Meziane, l'un des fils de Mohamed Meziane, l'ancien P-DG de Sonatarch, avait ouvert, en décembre 2008, un compte bancaire, dans une agence genevoise de Crédit suisse, par le biais de la société fiduciaire Junod, Muhlstein, Lévy & Puder (JMLP). Dans les livres de Crédit suisse, précise le quotidien, le fichier d'information clients de Mohamed Reda Meziane est répertorié sous le numéro 153.729. Selon les documents obtenus par le projet «Panama Papers», rapporte, toujours, la même source d'informations, la société JMLP a recouru aux services du cabinet panaméen Mossack Fonseca pour cacher le compte sous une coquille vide domiciliée aux îles Vierges britanniques, Jaxia Associates Inc. Cette compagnie offshore, dissoute, en avril 2010, quand Mohamed Reda Meziane était en prison, dans le cadre de l'instruction sur l'affaire dite Sonatrach I, «a été administrée à partir de décembre 2008 par une autre société écran, Capfid Management Services SA, panaméenne, celle-là, et enregistrée sous les noms des gestionnaires de fortune de la société JMLP». Rappelons que Mohamed Reda Meziane avait été condamné à 6 ans de prison ferme purgés en détention préventive et à une amende de 2 millions de dinars, pour corruption et blanchiment d'argent, lors du procès de Sonatrach I, qui s'était déroulé, de décembre 2015 à février 2016, au tribunal criminel d'Alger. Lors de son audition par le juge d'instruction, Mohamed Reda Meziane avait déclaré qu'il disposait, à Paris, de trois comptes dans trois banques différentes (Barclays, Crédit lyonnais et Crédit agricole) et qu'il avait cédé son appartement parisien à ses deux enfants nés d'un premier mariage avec une Française, ajoute Le Monde'. Le journal rapporte, également, qu'au moment de l'ouverture de ce compte, au Crédit suisse, Mohamed Reda Meziane était lié par un contrat de consulting avec Saipem Contracting Algérie, filiale locale du géant énergétique italien ENI, condamné, lui aussi, dans le procès de décembre à une amende de 4 millions de dinars pour «majoration des prix, en mettant à profit l'autorité et l'influence des agents d'un établissement à caractère industriel et commercial». Par ailleurs, plusieurs Algériens, personnes physiques et morales, ont été cités comme détenteurs de sociétés offshores, domiciliées au Panama. Des personnalités médiatiques par ricochet ou tout simplement des illustres inconnus, probablement des paravents, hypothèse difficile à vérifier d'autant plus que la justice algérienne, au contraire des autres pays, ne s'est pas auto-saisie de ce dossier. Parmi les identités dévoilées, on retrouve la Banque extérieure d'Algérie actionnaire de la société offshore Algerian Saudi Leasing (ASL) LTD, créée par le cabinet panaméen Mossack Fonseca, en décembre 1990, par l'intermédiaire de la société Arab Leasing International Finance, filiale du groupe saoudien Al Baraka, basé à Jeddah, en Arabie saoudite et détenant une adresse, à Hingbo City, en Chine. ASL est enregistrée aux Îles Vierges britanniques et est basée à Tunis. Parmi la liste, on retrouve Amine Zerhouni, le fils de l'ancien ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni. Selon le Huffington Post Maghreb, «Carrant Plus Ltd», la société offshore dont il était actionnaire avait été créée par le cabinet panaméen, en avril 2007 et par l'intermédiaire de Portridge Invest Limited, une structure, à l'origine de la création de 331 sociétés offshores, dans différents lieux considérés comme des paradis fiscaux. Elle a, depuis, été «radiée» en octobre 2010, puis dissoute la même année, précise le site, qui indique que ladite société, également enregistrée aux Îles Vierges britanniques, était basée au Royaume-Uni. Des journaux avaient, aussi, révélé, sur la base des documents du «Panama papers» que Mme Najat Arafat, l'épouse de l'ancien ministre de l'Energie Chakib Khelil, connue comme étant, pourtant sans activité, était à la tête de la société Carnelian Group Inc, en 2005 et Parkefort Consulting Inc, en octobre de la même année. Deux sociétés basées au Panama. Najat Khelil a cédé les deux sociétés à Omar Habour. Le nom de l'épouse de Khelil vient rejoindre la liste des proches de l'ancien ministre de l'Energie déjà cité dans la première fournée des révélations de l'ICIJ. Son neveu Réda Hemche, et ses proches Farid Bedjaoui et Omar Habour, déjà cités dans l'affaire Sonatrach 2, par la justice italienne, pour une affaire de pots-de-vin de 198 millions d'euros versés par l'entreprise pétrolière Saipem, en échange de contrats avec la Sonatrach. Le fils de l'ex-président Chadli Bendjedid, Tewfik Bendjedid avait déjà été cité au même titre que celui du ministre de l'Industrie et des Mines, Bouchouareb qui a détenu une société établie au Panama, la Royal Arrival Corp (RAC), créée en avril 2015, à travers la société de domiciliation d'entreprises offshore Mossack Fonseca. Cité, aussi, dans le dossier des «Panama Papers» par Le Monde', l'industriel algérien Issad Rebrab avait réagi à l'article au titre racoleur «Les dessous de l'ascension fulgurante de l'industriel Issad Rebrab», paru dans l'édition du 26 juillet 2016, démentant catégoriquement, le même jour, les informations rapportées, faisant de lui l'un des «plus anciens clients algériens du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca».