Dans un éditorial-mise au point de sa revue El Djeïch' de septembre 2017, l'Armée nationale populaire (ANP) a adressé une fin de non-recevoir, aux appels pressants adressés, ces derniers temps, pour qu'elle intervienne dans le champ politique. Dans un contexte marqué par des interrogations sur la santé du président de la République et la campagne menée pour l'application de l'article 102 de la Constitution pour sa destitution, le débat sur l'implication de l'ANP dans la vie politique est revenu par la porte des contributions de l'ancien président du PRA Nourredine Boukrouh qui avait publié sur sa page Facebook, une opinion intitulée « L'Armée algérienne : une muette qui ne veut rien entendre » et reprise par la presse. La boîte de Pandore ayant été ouverte ce qui a valu à l'ex ministre du Commerce une salve de réponses dont la dernière en date est celle de l'édito d' El Djeïch' qui s'est attaqué à Boukrouh sans le citer nommément. Le qualifiant de «plume mercenaire», la revue s'appuie sur les déclarations du chef d'Etat-major de l'ANP, qui avait réaffirmé le statut de l'Armée «une armée républicaine» qui «ne se départira pas de ses missions constitutionnelles qu'elles qu'en soient les conditions et les circonstances» comme réponse à «tous ceux qui, en secret, ouvertement ou implicitement, réclament l'intervention de l'Armée». La mise au point de l'institution militaire n'a pas été tendre avec Boukrouh «des plumes qui ont touché à tous les domaines et spécialités, depuis la chariâa à l'histoire en passant par l'économie, l'astronomie et autres sciences et domaines de connaissance». L'attaque frontale contre l'homme se poursuit dans une diatribe inhabituelle pour cette publication qui l'accuse de courir derrière les postes de responsabilités «et qui, lorsqu'ils se voient isolés, vendent leur âme au diable et mettent leur plume au service d'intérêts revanchards». L'éditorialiste estime que face à l'échec et «devant l'incapacité de leur pensée à capter l'intérêt du public» ces plumes «ont cru bon de s'attaquer à l'ANP, pensant qu'à coups d'accusations, de procès d'intention, de travestissement de la vérité, avec profusion de notions académiques rébarbatives, de citations, d'aphorismes et autres artifices de rhétorique, qu'on leur déroulera le tapis rouge, que le peuple applaudira et qu'elles entreront ainsi au panthéon de l'Histoire». Noureddine Boukrouh a tenu à répondre à l'éditorial d'El Djeïch, tout en étant «face à un triple embarras : comment répondre, à qui répondre et à quoi répondre ?». L'ancien ministre voit dans la réponse de l'Armée «des menaces à peine voilées contre un citoyen, jumelées avec un lynchage médiatique et la préfabrication d'affaires'». Boukrouh qui rappelle qu'il écrit «depuis près d'un demi-siècle dans la presse de mon pays bénévolement», se défend d'être un mercenaire lui dont la plume «était très prisée du président de la République, commandant suprême des forces armées, pour qui elle a rédigé un grand nombre de discours officiels» dans le pays et à l'étranger. Boukrouh remet une couche en déniant à l'éditorialiste et à celui «qui vous a enjoint de m'insulter, au nom de l'ANP», la propriété de l'ANP. «Cette institution n'est pas votre bien, mais celui de la nation qui n'a pas placé la force entre vos mains pour que vous la retourniez contre elle, contre les citoyens qui dénoncent le mal et les atteintes à l'intérêt national», écrit-il encore. «Ni l'Etat ni l'Algérie ne sont votre propriété», ajoutera-t-il. Il évoquera, aussi, un «peuple souverain» «au-dessus de l'ANP, au-dessus du président de la République, au-dessus d'une Constitution dans laquelle on peut mettre ce qu'on veut et qui n'a jamais été autant malmenée que durant ces dernières années». Boukrouh se défend, aussi, de ce qu'on l'accuse et affirme n'avoir «pas attaqué l'ANP, je ne lui ai pas manqué de respect, je ne lui ai pas demandé de faire un coup d'Etat contrairement à ce que vous sous-entendez, et je ne commettrai jamais aucun de ces actes non par peur de vos menaces, mais par conviction profonde», rappelant au passage ses démêlées antérieures avec la Grande muette «parce que je m'étais attaqué aux généraux qui la salissaient. Au lieu de me décerner une médaille, on m'a vilipendé et présenté devant un tribunal».