Noureddine Boukrouh a reproché à l'Armée Nationale Populaire de rester "muette" voire de ne pas vouloir entendre. Comprendre ses appels à lui et ceux d'autres acteurs politiques afin que l'ANP intervienne pour, appuie-t-il, mettre de l'ordre dans… l'ordre constitutionnel. Osons le mot, opérer un coup d'état contre le président de la république au prétexte qu'il ne serait plus aux commandes. Noureddine Boukrouh devenu une coqueluche médiatique en servant quasi quotidiennement une logorrhée exégétique sur pratiquement tout, pensait qu'il prêchait dans le désert. Et bien, cette fois, il a eu deux réactions fumantes et simultanées. Pour la preuve de vie, il y a eu l'image du chef de l'Etat apparu, hier, au petit écran lors du Conseil des ministres. Il ne pouvait manifestement pas danser mais il causait bine avec son gouvernement auquel il a donné des orientations. Ensuite, il y a eu ce boulet de canon en provenance des Tagarins. Boom, boom ! L'éditorial de la revue El Djeich n'a pas raté sa cible. Noureddine Boukrouh en a pris pour son grade. Cette fois c'est toute l'Armée qui s'exprime en tant qu'institution et non pas la seule personne de son chef d'état major, Ahmed Gaid Salah accusé nommément par Boukrouh de se mettre au service du président. La tonalité générale du texte sonne comme un coup de sommation. "A tous ceux qui réclament ouvertement ou implicitement l'intervention de l'armée, nous rappelons les propos du vice ministre de la Défense, chef d'état major de l'ANP lors de sa visite au 2ème et 5ème Région militaire". Plus qu'une réitération de l'attachement à ses missions républicaines, le document s'apparente aux entournures à un renouvellement du serment de fidélité à la république et sans doute aussi au président. L'Armée, et pas seulement le général de corps Gaid Salah, siffle ainsi la fin de recréation à coup de boom, boom ! Elle le fait de manière forte au point de traiter Boukrouh sans le nommer, de tous les noms d'oiseaux. Elle lui dénie le droit de tutorat sur le peuple, et snobe sa science "infuse" qu'il sème à tous les vents et à longueur de manchettes. Pour l'ANP, la belle plume de Boukrouh est trempée dans le mercenariat et les "intérêts revanchards". Les mots sont très forts. L'Armée assène clairement qu'elle n'est pas intéressée par l'offre de service de Boukrouh visant à renverser et déposer le président. Pas plus que le peuple ne soit "dupe" pour prendre pour argent comptant "les gesticulations" ni n'a besoin de "tuteurs obnubilés par la course aux postes de responsabilités". L'ordre du jour de l'ANP est net et sans bavure : "Une armée qui ne se départira pas de ses missions Constitutionnelles quelles qu'en soient les conditions et les circonstances. Point à la ligne". "Le point à la ligne", balaie ici les derniers doutes quant à la position de l'Armée à l'égard de la cuisine politique dont les effluves ont pollué l'atmosphère de cet été finissant. Après la déclaration de Gaid Salah depuis Constantine, cet éditorial d'El Djeich marque la suite et la fin d'une polémique qui a fait jaser dans les chaumières. L'ANP, s'est ainsi mise au garde-à vous au service de la république et de son peuple. Le fin mot pour la hiérarchie militaire c'est de signifier une dernière fois que nous ne sommes pas une Armée des putschistes ! Avis aux amateurs semble rappeler El Djeich .