Depuis le début de la crise à dimension internationale provoquée par la séquestration en Arabie saoudite du Premier ministre libanais Saad Hariri, le président français Emmanuel Macron et son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ont été diplomatiquement à la manœuvre pour tenter de la dénouer de sorte que la monarchie wahhabite s'en sorte sans perdre la face et avoir à rendre compte de sa violation inqualifiable de la convention de Vienne sur les relations diplomatiques entre Etats. Bien que les deux hommes d'Etat français savent pertinemment que le Premier ministre libanais a été retenu contre son gré en Arabie saoudite et forcé de faire à partir de Ryadh l'annonce de sa démission, ils ont concocté après probables consultations avec les autorités saoudiennes et libanaises un scénario basé sur la fiction que Hariri étant libre de ses décisions et déplacements il a accepté l'invitation qu'ils lui ont fait de se rendre à Paris pour un séjour de quelques jours. L'homme fort de la monarchie saoudienne, l'impétueux jeune prince héritier a consenti à la démarche française car étant sous très fortes pressions internationales qui risquaient de s'accompagner de sanctions contraignantes pour le royaume et confortent au sein de la famille régnante le camp des adversaires qui contestent son pouvoir. D'autant qu'elle fait litière de l'accusation de séquestration du Premier ministre libanais et qu'elle le fait apparaître ne pas lui avoir donné son aval sous la contrainte de ces pressions dont celle émanant des autorités de la classe politique et de l'opinion publique libanaises quasi unanimes dans l'indignation et la dénonciation du sort réservé en Arabie saoudite à leur Premier ministre. La France qui se considère toujours le protecteur « historique » du Liban mais qui entretient également une étroite et sulfureuse relation avec la monarchie wahhabite autant absolue que moyenâgeuse a dû faire le calcul que son entremise lui vaudra la reconnaissance et de Beyrouth et de Ryadh. Pour l'opinion internationale, il y a néanmoins le fait que la France n'a pas le beau rôle dans cette affaire en s'étant en tant que pays prétendument défenseur du droit international abstenue d'émettre la moindre remontrance à l'égard de Mohammed Ben Selmane et des autorités saoudiennes et s'ingénue à les dédouaner de l'accusation désormais avérée d'avoir retenu à Ryadh contre son gré le Premier ministre d'un Etat souverain. Que l'on imagine la réaction de la France si un autre pays que l'Arabie saoudite n'ayant pas la même surface financière et les ressources énergétiques dont celle-ci dispose commette la même violation du droit international, Paris s'empresserait sans nul doute de battre tambour de guerre et exiger de la communauté internationale les sanctions les plus extrêmes à son encontre. Il n'est pas pour autant certain que les Libanais et les autorités saoudiennes lui sauront gré de sa bancale et pour le moins hypocrite entremise. Pour les premiers, l'ont connaîtra leur vrai sentiment sur la « médiation » française quand Saad Hariri débarquera à Beyrouth. Pour les secondes quand sorties du guêpier diplomatique dans lequel leur prince héritier a mis le pays, elles renoueront avec l'arrogance qui est la leur pour faire comprendre à Paris que sa démarche en l'affaire ne lui vaut pas d'espérer auprès d'elles une quelconque reconnaissance et surtout pas qu'elle obtienne d'elles de considérer la France comme partenaire stratégique en substitution de l'Amérique ou d'Israël maintenant. Quelques milliards de dollars en guise de récompense c'est tout ce que la « mère » des droits de l'homme et des libertés obtiendra pour son reniement.