Exporter la surproduction algérienne de ciment « ne va pas se faire en un claquement de doigt. Il faut que toute la chaine de valeur y participe», affirme Serge Dubois, directeur des affaires publiques et de la communication de LafargeHolcim Algérie, lors d'une journée d'information, organisée jeudi, pour annoncer les «réalisations de 2017 et les ambitions 2018» du cimentier. L'Algérie est désormais excédentaire en ciment dont la première opération d'exportation a eu lieu en décembre 2017 par LafargeHolcim vers la Gambie, suivie d'une deuxième expédition en ce mois de mars vers le même pays et d'une troisième prévue pour avril. Mais l'enchainement de ces opérations ne doit pas cacher la «complexité» d'exporter le ciment devant la «saturation de certains marchés» et «l'importante concurrence» sur d'autres, explique M. Dubois. L'Algérie produit globalement 45 millions de tonnes (MT) de ciment, tous producteurs confondus. Les besoins du pays sont, actuellement, de l'ordre de 22 MT. Il reste donc à trouver des débouchés pour environ 23 MT de ciment, un «produit qu'on ne peut pas stocker plus de six mois». L'exportation nécessite des mesures «rapides et efficaces». «La rapidité de prise des premières décisions a permis de mener l'opération d'expédition de décembre vers la Gambie». La «satisfaction du client pour la qualité du produit et la rapidité de l'expédition, qui s'est faite plus tôt que que prévu», a permis à LafargeHolcim Algérie de décrocher une deuxième puis une troisième commande». LafargeHolcim Algérie vise le marché de l'Afrique de l'Ouest pour lequel la société vise «une part de marché de 30%». «Notre ambition est d'exporter 5 MT/an de ciment en 2020» vers cette région dont les besoins sont de «15 MT/an», affirme le directeur des affaires publiques et de la communication de la société. Serge Dubois a longuement insisté, lors de son intervention, sur les mesures à prendre pour améliorer les infrastructures d'exportation et la responsabilité de «l'ensemble de la chaine de valeur» pour faciliter les expéditions. «En Algérie, on démarre de zéro. Il n'y a pas d'infrastructures portuaires pour exporter du ciment», dit-il. «La demande des pays de l'Afrique de l'ouest est constituée de 80% en clinker (en vrac) et de 20% en ciment». LafargeHolcim Algérie va donc investir dans la construction d'un «shiploader (chargeur en vrac) au port d'Oran» qui sera mis en service «d'ici fin 2018». Le «shiploader» permettra de «charger rapidement» un navire pour réduire les frais de surestaries estimées à «15.000 dollars/jour». Coût de cet investissement: «2,5 millions d'euros» et la création «d'une dizaine d'emplois». Le chemin de fer, talon d'Achille de l'export A l'international, le Groupe LafargeHolcim dispose d'une société de Trading qui facilite les opérations d'exportations en explorant les différents marchés et en concluant l'expédition d'environ «100 MT par an». Si cette société de Trading, la compétitivité du ciment produit, et la rapidité d'exécution des commandes sont «les forces» de LafargeHolcim Algérie, ses «faiblesses» sont aussi nombreuses. Il y'a d'abord le «prix très élevé de la mise à FOB (free on board)» à partir d'Algérie. «Tout le bénéfice du prix du gaz, qui est très avantageux en Algérie, est consommé par la logistique (transport routier) dont le coût est prohibitif», affirme M. Dubois, notant aussi «l'absence de lignes ferroviaires» entre les usines de ciment et les ports. Autre «handicap» cité jeudi, «c'est l'absence d'accord d'association» avec les pays d'Afrique de l'ouest rendant le coût à l'exportation plus cher en raison de «l'application de taxes douanières». A ce sujet, Serge Dubois affirme que «les autorités algériennes travaillent sur un accord d'association avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)», ce qui permettra d'éviter (ou de réduire) les taxes douanières et de rendre le prix du ciment algérien plus compétitif. Durant l'exercice 2017, LafargeHolcim Algérie a réalisé 80 à 85 milliards de dinars (MDA) de chiffre d'affaires, pour une production totale de 11,5 millions de tonnes (MT). Les prévisions de production pour 2018 sont les mêmes. «On doit faire environ 11,5 MT en 2018», assure M. Dubois. Quant au CA: «Il va baisser en raison de la concurrence», ajoute-t-il. Si LafargeHolcim Algérie ne compte pas ouvrir de nouvelles cimenteries, la société «va continuer à investir», notamment dans le secteur des agrégats et, pourquoi pas, de se «lancer dans le préfabriqué», a annoncé Serge Dubois. Pour le moment, les projets phares du cimentier c'est le «Geocycle» de «valorisation des déchets en cimenterie», le développement de la solution «Ardia 600» pour les routes, et l'élargissement du réseau de distribution avec les boutiques «Batistores» et les franchises «Binastores».