Après les petites exportations de décembre et mars derniers, Lafarge va passer à la vitesse supérieure! En effet, le groupe Lafarge Holcim Algérie compte exporter une grande quantité de ciment vers un pays d'Afrique de l'Ouest. «On envisage d'exporter plusieurs centaines de milliers de tonnes de notre production de ciment gris durant ce mois de mars ou en avril prochain, vers un des pays de l'Afrique de l'Ouest», a annoncé jeudi dernier son directeur des Affaires publiques, Serge Dubois. «On est en train de signer un gros contrat pour l'exportation de plusieurs centaines de milliers de tonnes de ciment gris sous forme de clinker en vrac vers un pays d'Afrique de l'Ouest, au cours de ce mois de mars ou en avril prochain», a-t-il insisté, en précisant que cette opération pourrait se faire encore une fois vers la Gambie. Car, il faut rappeler que le cimentier algérien avait déjà exporté par deux fois vers ce pays. Néanmoins, les quantités n'étaient pas importantes. Cette fois-ci, sans donner les chiffres exactes, les responsables de Lafarge parlent de quantités plus importantes. Serge Dubois indique néanmoins que la Gambie n'est pas le seul pays de cette région de l'Afrique que vise son groupe. «Une quinzaine de pays d'Afrique de l'Ouest sont intéressés par les produits de Lafarge Holcim Algérie», a-t-il avancé, non sans rappeler l'importance de ce marché, dont la demande est estimée à 15 Mt. Dans ce sens, il révèle que Lafarge Holcim Algérie ambitionnait de hisser ses exportations vers cette région à 5 millions de tonnes à l'horizon 2020, soit 30% du marché. «L'Etat algérien est en train d'accélérer la signature des accords d'association avec les pays de la Cédéao, et c'est le seul marché disponible et à la portée de l'Algérie, surtout que celui de la Méditerranée est en surcapacité», a-t-il indiqué tout en rappelant que l'Algérie est passée de pays demandeur à pays exportateur de ciment. Toutefois, ce responsable estime qu'il ne faut pas se focaliser que sur le marché africain. «L'établissement d'un plan d'exportation, à long terme, vers l'Afrique était très difficile à envisager, étant donné que le marché du ciment dans le continent connaissait une concurrence rude», a-t-il averti. Remet-il en cause la stratégie industrielle nationale qui s'était focalisée sur la création de cimenteries? Il est peu probable qu'un mastodonte international comme le groupe Lafarge Holcim se risquerait à de gros investissements comme ceux qu'il a faits en Algérie s'il savait cette industrie mort-née. «Le groupe Lafarge Holcim, compte rester indéfiniment en Algérie, qui fait partie de ses cinq plus gros et stratégiques marchés (600 kilogrammes de ciment par an et par habitant), parmi les 90 pays dans lesquels il active», a fait savoir le même responsable. Il semblerait donc, que ce ne soit qu'un signal d'alerte afin d'éviter la saturation d'un marché qui en l'espace de deux ans, est passé d'une sous-production à une surproduction, oscillant entre 23 et 24 millions de tonnes par an. L'ex- Premier ministre Abdelmalek Sellal avait, lui aussi, fait le même constat, en 2017, s'alarmant sur le nombre de cimenteries en Algérie. Il avait dans ce sens instruit les investisseurs à ne plus «toucher» à ce domaine. Ce qui n'a pas «refroidi» leurs ardeurs, plusieurs grands projets sont en cours de réalisation, ils viendront s'ajouter aux 17 cimenteries qui sont en activité. Certains experts voient que cette matière est difficile à exporter, mais l'Algérie ne le voit pas de cet oeil! Elle compte bel et bien sur le ciment pour bétonner ses devises...