Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a réaffirmé, dimanche soir, lors de son entrevue avec des médias nationaux, la disponibilité des capacités financières permettant la mise en œuvre du plan de relance de l'économie nationale. « Les 60 milliards de dollars de réserves de change sont suffisants pour une relance », auxquels il faut ajouter « quelque 25 milliards de dollars de recettes d'hydrocarbures » et « 25 milliards de dollars de revenus du secteur de l'agriculture », a-t-il ajouté. Des «changements économiques» seront «annoncés durant la réunion d'août et nous entamerons leur mise en œuvre directement» ; la concrétisation de ces réformes qui «pourraient être finies durant le présent mandat comme elles pourraient être parachevées par le prochain Président sauf si le citoyen exprime autre volonté». Le président de la République a annoncé qu'il procèdera, prochainement, à des changements radicaux dans l'économie nationale, en vue de la libérer de «la mentalité rentière» et aller vers la création de la richesse et l'encouragement de la compétitive et de l'innovation, une économie où la ressource humaine sera la base du développement. Le plan de relance de l'économie nationale sera annoncé lors de la réunion prévue les 16 et 17 août prochain. Il consacrera une nouvelle vision de l'économie nationale reposant sur l'industrie et la création de nouvelles richesses alternatives, a expliqué M. Tebboune. L'objectif de plan de relance est la «réduction à 20% de la contribution du secteur des hydrocarbures à l'économie nationale» d'ici 2021, par l'émergence d'une nouvelle génération d'entrepreneurs et un rôle central des petites et moyennes entreprises, ainsi que des micro-entreprises et des startups. Le secteur des hydrocarbures constituera «un support supplémentaire» pour l'économie nationale, a détaillé le président de la République rappelant l'arrêt de l'importation des carburants définitivement à partir de 2021. «Changements structurels sur le plan politique» Ces réformes économiques interviendront parallèlement à des changements structurels sur le plan politique visant la moralisation de la vie publique et le renforcement du contrôle des citoyens de la gestion et des deniers publics. Evoquant l'impérative révision des lois régissant l'économie nationale en vue d'assainir le climat économique et opérer une rupture avec les anciennes pratiques, le président de la République a réitéré l'importance de la lutte contre toutes les formes de corruption, estimant que «la petite corruption n'était pas moins dangereuse que la grande corruption, voire même plus préjudiciable au citoyen». Ajoutant que la relance économique impliquait «l'assainissement, la lutte contre la corruption et la récupération des fonds détournés». Par ailleurs, le Président Tebboune a insisté sur l'importance de préserver le caractère social de l'Etat en veillant à «la répartition équitable du revenu national entre tous les citoyens» estimant que les disparités sociales pouvaient être «une bombe à retardement». «La majorité des citoyens ne demande pas la fortune mais simplement la préservation de leur dignité», dit-il. Mettant en avant l'importance de la loi pour un Etat juste et fort, le président de la République a insisté sur l'impératif d'assainir le climat prévalant par le passé», réaffirmant son engagement à mettre un terme aux anciennes pratiques, aux maux sociaux et économiques et à l'absence de morale. Le changement requiert une Constitution consensuelle et pérenne Le président de la République a affirmé également que le changement structurel du nouvel Etat passait par «une nouvelle Constitution qui tire les enseignements de toutes les précédentes pour être consensuelle et pérenne». Relevant que «l'Algérie s'est retrouvée après les crises et la situation qu'elle a eue à traverser, dans un vide non seulement en termes de responsabilité mais également et de gestion, ce qui a conduit le peuple dans des labyrinthes qui lui ont fait perdre sa cohésion». Soulignant que l'Algérie «possède des compétences à tous les niveaux», le président de la République a réaffirmé l'impératif de «renforcer la cohésion des Algériens pour construire notre pays dont nous n'avons pas un autre». «Le véritable message du 22 février est un changement dans le mode de gestion du pays», a dit le président de la République soutenant que «les accumulations de plus de 20 années impliquent des changements radicaux qui ne peuvent être opérés du jour au lendemain». La bureaucratie est l'ennemie de la société Sur un autre registre, M. Abdelmadjid Tebboune a évoqué le durcissement des sanctions contre les agresseurs des staffs médicaux dans les hôpitaux, «et ce, en vertu d'une ordonnance présidentielle ayant force de loi», qui sera signée durant la semaine prochaine. «En tant que personne, que citoyen et président, ça me peine que des médecins et des infirmiers, qui n'ont pas vu leurs enfants depuis quatre mois, soient victimes d'agressions», a déclaré le président de la République. Qualifiant ces personnels de «véritables moudjahidine», le président de la République a tenu à assurer «au nom du peuple algérien» que «les médecins sont sous l'entière protection de l'Etat algérien et du peuple algérien». Il a mis en garde que toute agression contre le personnel médical, qu'elle soit physique ou verbale, exposera son auteur à des peines sévères «oscillant entre 5 et 10 ans de prison ferme». Par ailleurs, le chef de l'Etat a fustigé le retard accusé dans le versement de la prime exceptionnelle décidée par l'Etat au profit des professionnels de la santé en indemnité contre les dangers du coronavirus (Covid-19), il a estimé que «c'est là une grande honte». Relevant, à ce propos, «une sorte d'indifférence dans l'exécution à bas niveau de responsabilité», il a réaffirmé que l'Etat «fera face à cette bureaucratie». Ce fléau «est l'ennemie de la société», a-t-il soutenu précisant que «c'est la bureaucratie qui est à l'origine du retard accusé également dans le versement des allocations accordées aux personnes impactées par la pandémie». «Alors qu'on est censé être au troisième versement, il y a des citoyens qui n'ont pas encore reçu la première tranche», a-t-il déploré. D'autre part, le président de la République a réitéré que «l'Etat prendra en charge, à travers des indemnisations, les petits commerçants et artisans touchés par la pandémie Covid-19».