Une nouvelle mode dans les mœurs nuptiales a fait récemment son apparition dans l'espace public. Il s'agit de l'escorte motorisée du cortège de la mariée par un peloton tonitruant de motos de diverses marques (notamment Yamaha et Mitsubishi) ainsi que des quads, qui sont loués de 4000 à 5000 DA (cachet de chaque motard) pour se prêter à ce genre d'exhibition mécanique bruyante. Une fois devant la salle des fêtes, les engins à deux roues, outre le bruit assourdissant des moteurs qu'ils provoquent sciemment, «dédient» à la mariée un panache de fumée polluante qui fait fuir les femmes en chedda sorties de la salle pour accueillir le cortège nuptial. Devant l'indifférence des autorités par rapport à ces nuisances sonores, pour ne pas dire tapage nocturne, voilà que l'apparition du coronavirus est venue tempérer les ardeurs de ces adeptes des décibels et autres fans de rodéos mécaniques. A la faveur des mesures de confinement sanitaire nocturne, c'est tout le paysage festif qui se voit «sevré» de décibels, avec la fermeture des salles des fêtes, la mise en sourdine des DJ, la désaffection des groupes de «karkabou» et autres «neffars», l'éclipse des cortèges nuptiaux et l'overdose de klaxons Ne dit-on pas qu'à quelque chose malheur est bon ? Ceci dit, ces mutations sociales qui impactent les us et coutumes, ce désordre protocolaire qui nuit à l'étiquette du mariage, suscitent en nous la nostalgie des cérémonies nuptiales d'antan marquées par une ambiance «éco» : la mariée à bord d'une calèche ou un vieux taxi, le marié à cheval, en burnous, encadré par des porteurs de lustres ornés de fleurs et de cierges, et accompagné en pompe par des «tebbaline» soft chantant son épithalame ; la soirée musicale était animée, côté femmes, par des «fqirate» et côté hommes par des «haliyine» qui procuraient une dilection sans pareille, sous les youyous typiques des convives, supplantés aujourd'hui par les cris endiablés des jeunes sur la piste de danse envoutés par les airs de raï.